10 avr. 2020

Le Phare au corbeau




Agathe et Isaïah officient comme exorcistes. L’une a les pouvoirs, l’autre les connaissances ; tous deux forment un redoutable duo.
Une annonce sur le réseau social des sorciers retient leur attention. Un confrère retraité y affirme qu’un esprit nocturne hante le domaine d’une commune côtière de Bretagne et qu’il faut l’en déloger. Rien que de très banal. Tout laisse donc à penser que l’affaire sera vite expédiée.
Cependant, lorsque les deux exorcistes débarquent là-bas, le cas se révèle plus épineux que prévu. Une étrange malédiction, vieille de plusieurs générations, pèse sur le domaine de Ker ar Bran, son phare et son manoir. Pour comprendre et conjurer les origines du Mal, il leur faudra ébranler le mutisme des locaux et creuser dans un passé que certains aimeraient bien garder enfoui…



Pourquoi ce livre ? Après le petit succès de Midnight City, je ne me suis pas fait prier pour lire Le Phare au corbeau de la même autrice, dernière oeuvre parue, et ce pour la première fois dans une maison d’édition.

Ce livre-ci se démarque par l’originalité de son intrigue. Histoire de fantômes et de sorcières, l’enquête se partage par un duo masculin féminin qui fonctionne bien. Isaïah et Agathe ont tous les deux un don incomplet et se complète donc parfaitement. A leurs côtés, nous allons progresser dans une Bretagne tempétueuse où les fantômes sont donc rois. Une histoire bateau qui va très vite se complexifier au gré d’une malédiction réveillée, je fus embarquée dans les multiples découvertes de cette enquête et les rebondissements qu’elle entraîne forcément.
Hormis un interlude introspectif vers le milieu de l’oeuvre dont je me serai bien passée, même si je comprends qu’il serve de transition et d’amorce aux révélations à venir. Autrement, le rythme est omniprésent et l’ambiance particulière des légendes nous imprègnent aisément.
La résolution de l’enquête ne m’a pas totalement convaincue, mais c’est davantage lié à mes croyances qu’aux choix de l’autrice qui sont parfaitement crédibles.

Le duo d’enquêteurs, si je puis dire, fonctionne parfaitement. Compères depuis le lycée, ils savent comment l’autre fonctionne et garde parfaitement leur place sans en faire des caisses. Agathe vit son don détraqué comme une faiblesse qu’elle ne parvient pas à accepter et, dans un sens, elle représente ce sentiment humain de jalousie dans le sens où les autres ont forcément mieux que nous. Et pourtant, cette douleur est suffisamment discrète pour ne pas non plus alourdir l’intrigue, apparaissant seulement quand cela semble nécessaire pour approfondir le personnage. Isaïah quant à lui est à la fois plus discret et affirmé. Essuyant une rupture douloureuse, il incarne néanmoins ce soutien sans faille, cette force tranquille qui a conscience de son don et de sa nécessité dans la société. J’ai beaucoup aimé les côtoyer tous deux et je lirai avec plaisir une nouvelle aventure à leurs côtés.
Les Bretons m’ont surpris pour leur accessibilité. On leur dit qu’un fantôme vit dans leur maison et le village croit en cette version des faits, c’est même eux qui le crient sur tous les toits, preuve que les légendes ont toujours fait partie du patrimoine et que la populace de la région y croit dur comme fer. Et, comme je le disais dans mon entourage, leur générosité et leur présence pour Agathe, du moins pour certains, m’ont donné l’impression de me sentir chez moi.

La plume est très vive. Je lui reprochais dans Midnight city d’être très répétitive, avec de longues phrases poétiques, ce qui collait bien à l’onirisme de l’univers. Ici, Rozenn Illiano a préféré un style plus cisaillé et des phrases plus courtes, gagnant donc en rythme et efficacité. J’ai apprécié ce changement tout comme le fait de constater que l’autrice est capable d’adapter sa plume à son intrigue, ce fut une bonne surprise !

Mention spéciale à la couverture, pensée et dessinée par le compagnon de l’autrice (la veinarde !). Depuis le début j’adore le travail de Xavier Colette, alias Coliandre, que ce soit pour les jeux, les bandes dessinées ou les romans, et son style caractéristique a encore frappé ici par sa beauté ! Je ne me lasse pas de regarder la lune et son phare.



Ce n’est pas forcément le coup de coeur souhaité mais ce livre m’a fait bonne impression. Malgré une explication certes crédible mais qui ne me convient pas et un moment de flou au milieu de l’intrigue, le rythme de la plume et les personnages attachants et professionnels m’ont fait passer un bon moment, que je souhaiterai voir prolongé dans un futur titre.



14/20





4 commentaires:

  1. Il me tente pas mal mais pour d'obscures raisons je ne me le suis toujours pas procurée… J'avoue : je crains les fantômes… en même temps, ça ferait un chouette I pour l'ABC ;)
    Merci pour cet avis !

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    1. Et c'est d'ailleurs pour ce I que je l'ai lu cette année ! :D
      Les fantômes ne font pas énormément peur dans ce livre, on essaye surtout de comprendre le but de leur présence. Donc tu peux y aller sans trop hésiter ;)

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  2. Pourquoi pas à l'occasion ? :)

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    1. Je le conseille en effet si tu croises sa route et que tu as envie d'une lecture légère mais intéressante ;)

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