Écrivain inconnu, Samuel rencontre le succès par hasard, et sa vie change du jour au lendemain – pas forcément pour le mieux, d’ailleurs. Introverti et grand timide, il se plie à sa nouvelle célébrité sans rechigner, rêvant pourtant de retrouver la quiétude de son anonymat.
Seulement un jour, il ne peut plus écrire : ses mots se sont enfuis, son imagination est à sec. Un peu par désespoir, Samuel accepte la proposition d’un mystérieux mécène qui lui offre tranquillité et ressources afin qu’il puisse retrouver la flamme.
Ce qui, en fin de compte, n’était pas une si bonne idée…
Pourquoi ce livre ? Ahah. C’te bonne blague ! J’vous préviens, c’est une anecdote qui va être longue. Critic organisaient une rencontre dans un bar à jeux réputé de Rennes pour présenter Rozenn Illiano, une des dernières autrices à entrer dans le catalogue de la maison d’édition. Jusque-là tout va bien (ça boit un peu, parle beaucoup - ou l’inverse) dans une chaleur bonne enfant et conviviale, menée par deux libraires/éditeurs de choc. Puis l’autrice présente un de ses projets : un roman vagabond. Le but est de lire le livre le plus vite possible (bon, elle ne nous contraint pas à passer une nuit blanche non plus, rassurez-vous) et à le donner ensuite à un lecteur de notre choix qui devra se plier à la même règle. Je n’ai jamais participé à ce genre de projets et je n’étais pas forcément prête à m’y accoler de sitôt. Oui. Mais c’était sans compter sur mon libraire préféré qui se tourne vers moi en sortant “Hey ! Mais Ana, tu lis vite toi ? Tiens !”. Et voilà comment un roman de plus entre dans ma PAL prioritaire (c’te technique du parfait libraire ou du libraire parfait, reconnaissez-le). Voilà comment le troisième ouvrage de cette chaîne livresque a atterri entre mes mains et laisse sa trace sur mon blog. Du pur hasard, mais qu’est-ce que j’aime ça !
Soyons plus sérieux et passons au livre en lui-même. Midnight City relate l’ascension dans les médias d’un homme, alors que son premier bouquin fait fureur. Tous les lecteurs adorent, vraiment, un coup de cœur pour beaucoup. Traduit en une dizaine de langues, et par conséquent des millions de lecteurs ! Seulement voilà, la tournée de rencontres et dédicaces s’achève. Sam, l’auteur en question, est bousculé par son éditrice (comme souvent, niark), pour s’adonner à un second roman. Il faut savoir profiter de la vague, comme on dit. Sauf que l’homme est confronté à la page blanche, chose qu’il ne lui est jamais arrivé. Il a beau promettre que son projet avance considérablement, chez lui, derrière son écran, il n’écrit rien. Seule une idée le hante et le happe, mais il ne peut se résigner à laisser libre court à cette histoire.
Et pourtant… Quand un homme se propose de devenir son mécène, de pourvoir largement à ses besoins en échange d’un livre, un seul, Samuel hésite puis cède sur les conseils de ses éditeurs et vieux camarades d’un site d’écriture, séduit par le temps d’écriture que promet cette jolie somme sans se préoccuper de rentes. Seulement voilà, comme tout contrat signé, c’est pour le meilleur et pour le pire (Ratkiller, cache-toi les yeux) et plus souvent le pire !
Long résumé qui ne dévoile que les deux premiers chapitres maximum, rassurez-vous !
La première partie du roman est longue. Autant j’ai apprécié la mise en contexte qui ne perd pas de temps, autant Samuel est dans une spirale infernale que Rozenn Illiano amplifie par des répétitions. Ainsi les cent cinquante premières pages m’ont paru interminables. Si c’est très bien écrit, j’avais vraiment envie qu’on avance dans l’intrigue. Je reconnais que ces répétitions permettent de se confronter à la dépression de Samuel, de comprendre ce qu’il ressent et de suivre ses pensées. Heureusement, ses passages longs sont entrecoupés de chapitres portés sur un tout autre univers, onirique et métaphorique. On devine sans être certain leur lien par rapport au monde réel, toutefois on découvre avec douceur et poésie l’intérêt de cet univers, de cette ville de minuit.
Passé les cent cinquante premières pages, tout s’enchaîne bien et le rythme gagne notre lecture au point que j’avais sincèrement du mal à lâcher l’ouvrage - ce qui me changeait du début. Une lutte pour le vol et la survie débute, une lutte à l’issue incertaine car quelques rebondissements viennent bousculer nos certitudes. Pour une fois, je n’arrivais pas à déterminer comment les héros pourraient s’en sortir, si bien que le dénouement final fut une agréable surprise.
Les personnages ont un comportement humain des plus appréciables. Ils divulguent leurs émotions aisément, en dehors de ceux qui se cachent volontiers, et c’est vraiment agréable d’évoluer à leurs côtés. Samuel est dérouté du début à la fin, on sent qu’il veut bien faire sans savoir dans quoi il se lance, tant dans le plan personnel que celui de ses connaissances. Il est attachant par sa naïveté et sa détermination et j’ai souvent ressenti de la compassion à son égard. J’ai beaucoup aimé le personnage de Nanshe auquel je me suis assimilée dès le début. Malgré son caractère, elle n’abandonne pas ses amis et fait preuve d’une grande combativité.
Malgré ses capacités, j’ai apprécié également le personnage d’Adam. Sa soif de mots n’est finalement pas différente de celle des gros lecteurs (comme moi, quoi) et sa vampirisation sur Samuel revient à celle des éditeurs mais aussi des lecteurs qui en demandent toujours plus. Cela impose une pression monumentale aux auteurs et si ces derniers ne parviennent pas à gérer, bah ils courent à la catastrophe comme a failli le subir ici Samuel. C’est ainsi que j’ai interprété Adam ; y’a sûrement d’autres explications, en tout cas il ne m’apparaît pas comme un méchant en tant que tel, une des raisons pour laquelle je l’ai apprécié.
La plume est très agréable à parcourir, comme je l’ai dit précédemment. On sent que les mots sont choisis avec soin dans le but d’avoir de belles sonorités et une forme de poésie en prose. Si le style peut paraître glacial aux premiers abords, et ce surtout si on coince avec le début, je constate que cela fonctionne bien avec l’univers onirique de Midnight City. Finalement, j’ai trouvé le style agréable, il nous inscrit dans un bon rythme de lecture.
Je fais rarement de la publicité pour les sites d’auteurs, toutefois Rozenn a publié une illustration réalisée par le très (et non pas le trait, comme j’avais mis en premier *facepalm* … encore que ?) talentueux Xavier Colette (une petite pub aussi, parce que je suis généreuse et qu'il le mérite). Eh ouais. Magnifique dessin qui illustre la Funambule de Midnight City. Si avec ça, t’as pas envie de découvrir le livre, franchement ! Bref, je trouve le site superbe, alors je l’ai partagé par ce biais !
Bien, c’est un roman voyageur mais pour le moment il ne part pas loin puisque c’est Ratkiller qui va tenter de le lire. Tenter, car mon ressenti du début le freine un peu... Qu’il y arrive ou non, nous ne savons pas à qui le donner une fois qu’il en aura terminé avec lui. Alors si toi, petit lecteur devant ton écran, tu as envie de le lire en des temps raisonnables, tu peux laisser un petit mot en commentaire, avec un moyen de te joindre (mail, tél, toussa), et je verrai ce que je peux faire :D (Attention, le premier arrivé ne sera pas forcément le premier servi !)
Si le début m’a laissée perplexe et sur le carreau, avec notamment des répétitions qui nous plongent dans la spirale de la dépression du personnage principal, ce n’est que pour mieux apprécier les rebondissements et le rythme qui gagnent en intensité après le premier tiers lu. Les personnages sont attachants, baladant leurs lots de problèmes et de sensibilité. La plume dégage cette froideur onirique qui m’a déjà convaincue par le passé chez d’autres talents littéraires, et cela se confirme ici. Bref, ce volume est dans l’ensemble une très bonne lecture, que je recommande à tous les amoureux des métaphores et des non-dits, à tous les amoureux des livres.
15/20
Je viens de voir le partage de Rozenn et du coup je te laisse un petit commentaire car j'aimerai énormément le lire. C'est que les deux romans vagabonds ayant été perdu de vu, il est difficile de suivre sa trace du coup ton post est plutôt une bonne occasion <3
RépondreSupprimerTu peux m'écrire ici : contact@katharsya.fr (ou Séverine Mayoka sur FB)
Alors alors...je pensais t'avoir répondu mais visiblement le commentaire ne s'est pas publié, désolée...
SupprimerUne personne me l'a demandé 4h avant toi par mail, je lui ai donc laissé la primeure, elle le recevra bientôt. Si elle le fait tourner, j'espère qu'il reviendra vers toi.