

Une folle odyssée sous des cieux aveuglants, sur des mers acides qui empruntent leurs couleurs à une délicieuse poignée de bonbons chimiques.
Tout commence par un naufrage. Ismaël, naturaliste de Rome, agonise sur un radeau de fortune quand il est repêché par le Player Killer, un sous-marin capable de naviguer dans les courants acides. Maintenant prisonnier des flibustiers de la mer chimique et de leur excentrique capitaine, Ismaël se demande comment réussir sa mission. Sur la terre ferme, la solitude n’a pas réussi à la graffeuse Alba - omnisciente ou presque. Bien qu’elle ait tendance à confondre les dates et les noms, elle est choisie pour incarner la mémoire des survivants. Dans une Rome assiégée par les flots toxiques de la Méditerranée, la jeune femme va apprendre à ses dépens que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire.Et si, séparés par des milliers de kilomètres, ignorant tout l’un de l’autre, Ismaël et Alba cherchaient à percer la même énigme ?

Pourquoi ce livre ? Je l’ai repéré dès sa parution pour sa couverture magnifique et son titre accrocheur. Des sortes de pirate dans un univers post-apocalyptique ? Il ne m’en fallait pas plus pour me convaincre !
Je n’ai pourtant pas adhéré autant qu’espéré aux Flibustiers de la mer chimique… et je suis bien en peine d’expliquer les raisons qui ont fait de cette lecture prometteuse une lecture moyenne. A un point où j’ai passé un peu plus de trois semaines sur ce roman, à un moment où je recommençais à lire énormément. L’envie d’ouvrir le roman n’y était tout simplement pas, si bien que je me forçais à lire sur mes pauses au travail, afin d’assurer une certaine progression…
Pourtant j’ai accroché aux différents personnages, très différents, très réalistes dans ce décor infernal. J’ai adoré Jonathan, ce capitaine des flibustiers propulsé trop jeune à la tête de femmes et d’hommes pas plus vieux que lui. Son discernement mêlé de folie le rend très caractériel, impulsif, avec le petit côté bad boy qui sied bien à son rôle. La présence d’Ismaël le botanique à ses côtés permet d’équilibrer les moments passés sur le Player killer, unique sous-marin a pouvoir naviguer dans les eaux polluées d’acides. C’est une communauté étrange, régie par des règles saugrenues mais ô combien nécessaires pour ne pas sombrer dans un chaos incontrôlable. Oui, c’est un pléonasme mais je vous assure que Jonathan plonge sciemment son équipage dans un bordel maîtrisé. Et c’est ça qui est excellent !
De l’autre côté, on suit la petite Alba, Graffeuse, peut-être la dernière de son rang en vie. Elle est aussi folle que Jonathan mais de manière différente. Moulin à paroles, folie douce qui la rend attachante et détestable. C’est un puits de science, le dernier bastion du savoir. Rien d’étonnant à ce que son cas intéresse Rome, où l’humanité tente de se relever cahin-caha. Là encore, j’ai éprouvé de l’affection pour ce bout de femme qui énerve tout le monde tout en étant intéresse à découvrir et à suivre. Là encore, son impulsivité promet de grandes choses pour l’intrigue.
Alors si les personnages m’ont plu, est-ce que le problème viendrait de l’intrigue elle-même ? Pas que je sache. Certes, les choses prennent leur temps pour démarrer et je me suis sentie frustrée par la narration qui alterne les points de vue du PK, la vie sur le sous-marin, et le quotidien monotone d’Alba jusqu’à son arrivée à Rome. Marguerite Imbert ne laisse filtrer aucun indice sur la tournure que vont prendre les événements et quelle sera la fin de cette étrange aventure.
Au-delà de ça, l’autrice dépeint avec précision l’effondrement de l’humanité, grâce aux connaissances d’Alba, et les répercussions qu’ont eu les retombées nucléaires, radioactives - et j’en passe - sur l’environnement. Que ce soit sur terre ou en mer, il est aisé pour le lecteur d’imaginer le décor et l’ambiance générale.
En réalité, j’ai le sentiment de déplorer uniquement l’inégalité de rythme, entre un début très lent, une mise en exposition qui prend une bonne première moitié, et une fin expéditive qui donne un sentiment d’inachevé, ou de ne pas obtenir l'ensemble des réponses requises à la compréhension de l’univers.
Je suis également indécise quant au fait d’avoir aimé le style d'écriture ou non. Déjà, Marguerite Imbert a fait l’effort de l’adapter en fonction du point de vue, si bien qu’elle se démarque de la majorité de ce que j’ai pu lire jusqu'à maintenant.
Au début, j'étais enchantée par le style oral, les interpellations, le jargon propre au monde post-apocalyptique. Seulement je pense que ce style se prête bien au format nouvelle. Pour un roman, cela finit par devenir lourd, abrutissant, et je me demande si ce n’est pas à cause de la plume que j’ai pris mon temps pour venir à bout du livre…

Je n’ai ni aimé, ni détesté. L'univers est parfait, fourmille d’idées originales et de personnages grandiloquents. Je n’ai pas accroché en raison d’un démarrage trop tranquille et d’un style qui finit par devenir trop lourd. Je déconseille ce titre aux lecteurs non-initiés du genre. Malgré tout, ce roman m’aura marquée de son empreinte, pour les scènes très visuelles et les vérités qu’il dénonce.
11/20
Les Flibustiers de la mer chimique de Marguerite Imbert, Albin Michel Imaginaire, 464 p.
Couverture par Sparth
Ce roman a remporté le Grand Prix de l'Imaginaire 2023 dans la catégorie Roman francophone.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire