6 janv. 2016

Kraa, tome 1 - La Vallée perdue

Synopsis :

            C’est une vallée très reculée, quelque part au fin fond d’un pays froid qui pourrait être l’Alaska ou la Sibérie. Presque personne n’y vit, hormis la faune sauvage et un peuple autochtone discret. Hélas, le sous-sol regorge de matières premières et bientôt les affairistes déferlent, pressés d’y construire une ville, des mines, un barrage…
Les premières exactions surviennent ; personne ne doit faire obstacle au « progrès ». 
Il y a pourtant un témoin silencieux à cet immense désordre : Kraa, un jeune aigle très puissant qui a appris la survie, maître secret de la vallée. Avec Yuma, un adolescent indien avec lequel il a développé un lien d’essence chamanique, Kraa, dont la voix off sert de fil rouge au récit, entre en résistance…

Mon avis :

            J’ai croisé pour la première fois la route de cette bande dessinée sur le suivi lecture d’une Livradictienne.

            Si la première de couverture ne m’attirait pas plus que cela, j’étais curieuse de découvrir une telle histoire, où aigle et humain se côtoient pour parvenir à des mêmes fins.
            Qu’on se le dise, les dessins de cette bande dessinée ne sont pas particulièrement reluisants. Les traits sont grossiers, très touffus, allant dans un détail très brouillon. Si ce n’est pas un coup de crayon qui m’attire au premier regard, il possède néanmoins un certain réalisme et surtout une profonde cohérence avec le récit en question, les deux étant empreints d’une forme de sauvagerie.

            L’intrigue est en elle-même assez originale. Le début s’appréhende au travers de la perception d’un aigle à peine âgé de deux mois. N’ayant pas encore quitté son nid et avec des parents disparus depuis deux jours, c’est une véritable quête initiatique qui nous est livrée aussi, porteuse de promesses et d’un réalisme peu ragoûtant. Eh oui, avec cette bande dessinée, on grimace très souvent et on rit nerveusement (comme a pu le constater mon homme). La richesse des détails et la cruauté des gestes confèrent à cette œuvre un réalisme plaisant bien que navrant, puisqu’ici sera satirisé le comportement exécrable, vaniteux et obséquieux des hommes conquérants face à la nature sauvage et aux ultimes tribus d’aborigènes.
            Le second personnage se trouve justement être un jeune représentant de ces tribus. Yuma fut le témoin du massacre de son peuple et cherchera à obtenir réparation par la vengeance avec l’appui de son improbable allié Kraa. A deux, ils devront s’épauler et se réunir pour gagner en puissance et obtenir ce qu’ils souhaitent.
            La fin est une porte ouverte sur l’inconnu, dans le sens où elle n’indique en rien quelles seront les prochaines actions de notre duo hétéroclite, ce qui est un point positif puisque cela suscite la curiosité du lecteur et par conséquent son envie d’en apprendre plus sur les intentions de nos héros.

            Comme l’indique le résumé, les pensées de l’aigle Kraa, pleines d’amusements, nous sont livrées dans la narration ou sont sous-entendus dans le dialogue avec son frère indien. D’ailleurs, le lien qui unit l’animal à l’homme est assez décevant, il ne relève d’aucune originalité dans ce récit pourtant prometteur. Mais il faut dire que les explications concernant ce lien ne sont pas assez développées et j’espère que les tomes suivants seront à la hauteur en ce qui concerne ce point noir.

            Outre le pointage du doigt des divers massacres perpétrés par les conquérants et les business man, cette bande dessinée nous plonge au cœur d’une nature sauvage en pleine évolution due au réchauffement climatique et à l’ère industrielle. Si ces sujets deviennent redondants au fil des publications dans la littérature, la petite touche de fantastique apportée par le chamanisme et les pensées de Kraa prodigue une fraîcheur bienvenue. Ainsi, l’œuvre se lit bien et on en redemanderait presque.


            En conclusion, une bande dessinée pas vraiment transcendante sur le fond comme sur la forme, mais tout de même avec un léger intérêt sur l’intrigue. Les dessins sont, dans une cohérence sauvage, grossièrement brouillons mais cela dégage un charme certain. Le manque d’explications quant à quelques phénomènes paranormaux m’a légèrement turlupinée et j’espère que l’auteur se rattrapera sur la suite, que je vais m’empresser de lire.


12/20


Les autres titres de la saga :
1. La Vallée perdue
- saga terminée -

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