De nos jours. Le joueur connu sous le surnom d'Argent a défié la Maîtresse de Jeu elle-même. Fini, les intrigues de cours : c'est désormais le Grand Jeu, à côté duquel les jeux précédents, comme gagner une élection ou jouer à cache-cache à travers un pays entier pour sauver sa mémoire, semblent dérisoire. Le globe terrestre est désormais réduit aux dimensions d'un échiquier, à travers lequel Argent doit tracer sa voie s'il veut vaincre son adversaire. Ici, les deux protagonistes jouent pour le contrôle de la Maison des Jeux, et ont pour pièces non des personnes mais des armées entières, des factions, des organisations, des nations même. Le résultat de cette partie déterminera l'orientation du monde ; plus rien ne sera désormais comme avant...
Pourquoi ce livre ? J'avais adoré le premier tome, découvert tout récemment, moins aimé le second tome, mais j'avais toujours cette envie de connaître la fin. Et la voici donc…
Je suis une fois de plus moins emballée par Le Maître, troisième et dernier opus de La Maison des Jeux. Cette fois-ci on assiste à la partie d'échecs entre un personnage discret et mystérieux que j'adore, Argent, et un personnage plus invisible encore en la personne de la Maîtresse de la Loge. Et deux points principaux me chiffonnent.
Le premier concerne les joueurs eux-mêmes. On connaît très peu de chose d'eux et le mystère qui plane autour de chacun les rend totalement antipathiques, alors que j'adorais Argent dans les deux précédents opus.
Pire que cela, la succession d'événements rapides et succincts rend les faits incompréhensibles. Un coup on est en Asie, paragraphe suivant en Amérique, un petit saut en Europe et ça repart… Sans parler des pièces jouées, de leur identité, des grandes institutions qui contrecarrent les plans de l'ennemi… En fait, j'avais l'impression que l'autrice produisait un catalogue des grandes figures et institutions importantes de la géopolitique, sans les utiliser savamment. Pour un roman de cent soixante pages, la lecture m'a paru longue et laborieuse.
J'ai donc accueilli la fin avec un certain soulagement, mais aussi avec perplexité car tous les non-dits on sautait à la tronche et j'ai le sentiment d'être passée à côté d'une information importante au sujet d'Argent. J'ai relu deux-trois fois le même paragraphe, sans être certaine d'interpréter correctement les mots…
Ce sentiment de survoler les faits a rendu le personnage, que j'adorais jusqu'à maintenant, fade. Pas d'âme, pas de volonté, juste la soumission à la stratégie de son adversaire. Il est tellement absent que je me suis demandée à quel moment il bascule dans le complot et l'envie de gagner. Ça aussi, ça a fait que j'ai été déçue. Argent a réuni de grands joueurs autour de lui, malheureusement ils restent eux aussi discrets.
La déception concerne également la Maîtresse des Jeux elle-même, qui ne dévoile rien de ses traits, de ses plans, de ce qui l'anime en tant qu'être humain.
Heureusement que le style est accrocheur, bien que moins poétique que dans le premier opus, car il m'a aidé à aller au bout. C'est fluide, avec un lexique recherché et précis sur le thème des échecs.
Ce tome aurait mérité plus de préparations, davantage de tomes "introducteurs" avec d'autres personnages forts, avant de s'attaquer à un si gros morceau. Là, les personnages ne sont que des plans jetés dans la bataille, quand les combats sont trop dissolus dans la narration pour être réellement percutants. Je suis passée à côté de la conclusion de cette histoire originale, même si l'univers et la forme sont accrocheurs. Il se peut que je lise malgré tout d'autres publications de l'autrice, notamment dans des formats plus longs.
12/20
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