Alaet n'aurait jamais dû s'arrêter dans cette ville de bord de mer. Il n'aurait jamais dû non plus franchir la porte de l'auberge. Mais le mal est fait, et le voici jeté, pour un vol qu'il n'a pas commis, sur un bateau-prison. Il sait que personne ne paiera l'amende pour sa libération et s'attend à passer le reste de ses jours sur le bagne flottant... Le salut viendra de l'océan. Urwadu, la reine des sirènes, propose aux prisonniers de les aider à s'évader en échange d'un service qu'ils la conduisent au Bord du monde où réside la déesse de son peuple. Alors commence une épopée fantastique à travers le grand Océan peuplé de monstres, de pirates et de spectres des mers. Avec, au final, une révélation sur le destin des dieux...
Pourquoi ce livre ? J’ai déjà lu Laurent Genefort par le passé (Lum’en était ma lecture transports pour passer mes entretiens de Master, ça marque !) et j’avais envie de renouveler l’expérience, ne souhaitant pas rester sur cette seule découverte. Ratkiller ayant ce titre dans ma PAL, je lui ai emprunté (il y a dix mois).
Je ne savais pas du tout que cet auteur s’était illustré en jeunesse, lui qui est très prolixe en matière de science-fiction, et un peu de fantasy, mature. C’est pourtant le cas avec L’Odyssée des sirènes, tome indépendant d’une série proposant les aventures d’Alaet, ce jeune orphelin qui vit des tonnes de péripéties.
Ici, il découvrait paisiblement une ville et s’était arrêtée en taverne lorsqu’il est subitement accusé de méfaits. Envoyé en procès dès le lendemain, il est rapidement expédié sur une prison sur l’eau, le navire Néréis, solidement arrimé par deux ancres et trop abimé pour naviguer. C’était sans compter sur l’apparition inopinée et surprenante d’une sirène, créature des mers qu’on n’avait pas vue depuis des années. Quand celle-ci appelle à l’aide en échange de leur libération, les marins, divisés en deux clans, n’hésite pas longtemps…
C’est une histoire conçue pour les enfants de dix à douze ans. Clairement, le paquet est mis sur l’action, les beaux paysages, les créatures surprenantes et des rebondissements à la pelle. C’est rythmé, intense, immersif.
Pour les plus matures des lecteurs, ça devient de suite plus complexe. Les différentes péripéties se résolvent trop aisément, l’auteur use de facilités qui gâchent tout plaisir. La fin n’est pas surprenante, on sait qu’ils vont réussir, mais au fil de la lecture nous n’étions plus surpris par les obstacles car les personnages trouvaient une idée en moins d’un chapitre. Autant dire que nous n’avions que le temps d’assimiler le problème, il était déjà balayé par la volonté du protagoniste.
Je suis également déçue du protagoniste. Alaet est très gentil, il est attachant car il s’attache lui-même trop facilement à ses compagnons d’infortune - et ils le lui rendent bien. Toutefois, pour un orphelin qui sillonne les routes depuis quelques années et qui a déjà vécu des aventures rocambolesques (comme il est dit dans les références à d’autres tomes), il paraît trop naïf, impression contrebalancée par sa facilité à déterminer des solutions en un claquement de doigts. Ce n’est pas assez équilibré, et ça me choque venant d’un tel auteur.
D’autres marins sont très attachants, je pense par là au nain Ragar, à son second, au magicien, au trollque et aux autres. J’ai aimé voyager en leur compagnie.
Les sirènes sont pas mal non plus, je pense que ce sont les personnages les mieux construits, avec une nette évolution que j’ai appréciée.
Le méchant est peut-être stéréotypé mais il est rapidement balayé, ce qui est très étrange. Petit spoil, je pensais le voir jusqu’au bout alors que non, l’équipage parvient à l’évincer assez rapidement. On se demande alors quel sera le grand obstacle final.
Le style est très léger, rien de complexe et le peu de vocabulaire est clairement identifié, expliqué. Efficace et léger, c’est parfait entre deux lectures agaçantes.
La taille de la chronique en dit long sur mon ressenti. Si je n’ai ni aimé ni détesté, je ressors néanmoins déçue de ne pas avoir été davantage transportée. Les personnages sont attachants mais légèrement trop caricaturaux, quand le méchant est clairement stéréotypé. L’intrigue défile sans accroc ou presque, et tout se résolve avec une facilité déconcertante, au point où on ne craint même plus la perte des personnages malgré des dangers pourtant immenses. Bref, une bonne lecture pour un public jeunesse mais je ne la conseille plus après douze ou quatorze ans.
10/20
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