31 déc. 2015

Fils-des-Brumes, tome 2 - Le Puits de l'Ascension


Synopsis :

Le Seigneur Maître est tombé.
La guerre peut commencer.

En mettant fin au règne brutal et millénaire du tyran, ils ont réalisé l’impossible.
À présent, Vin la gamine des rues devenue Fille-des-Brumes, et Elend Venture le jeune noble idéaliste doivent construire un nouveau gouvernement sur les cendres de l’Empire. Mais trois armées menées par des factions hostiles, dont celle des monstrueux koloss, font le siège de Luthadel. Alors que l’étau se resserre, une légende évoquant le mystérieux Puits de l’Ascension leur offre une lueur d’espoir.
Et si tuer le Seigneur Maître avait été la partie la plus facile ?

Mon avis :

            Cette saga m’avait marqué par l’entrée en matière fracassante du premier tome, où action fantaisiste et lenteur politique se côtoyaient pour former un ensemble grandiose. J’espérais retrouver ce coup de cœur en ce second tome, alors que la fin de son prédécesseur ne laissait filtrer aucun indice (ou presque) sur l’action qui aurait lieu ici.
Je tiens toutefois a précisé que cette chronique peut contenir des spoils concernant le premier tome.
           
            Une année s’est écoulée depuis la chute du Seigneur Maître. Le pouvoir précaire mis en place est prévisible, on s’attend à retrouver tel ou tel personnages dans les diverses fonctions du pouvoir. Mais le contexte précaire et les nombreux éléments perturbateurs qui vont se multiplier vont accroître l’intérêt de ce livre pour en faire une œuvre à ne pas louper.

            Le début est pourtant assez doux au démarrage. Si Vin émet des doutes et incertitudes quant à certains événements et observations de ses nombreuses rondes, l’arrivée massive d’ennemis et la posture figée que ces querelles vont entraîner va écarter la focalisation sur elle pour en faire une intrigue de second plan. Car oui, Luthadel est assiégée par d’abord une, puis deux et enfin trois armées, dont ne serait-ce qu’une seule dépasse en nombre les défenses de la capitale du Dominat central. De quoi craindre la chute de la ville. Pourtant, Elend Venture et la bande de Kelsier vont croire en son potentiel et résister par divers moyens afin qu’elle tienne debout.
            En parallèle, la brume commence à prendre un comportement très étrange, non seulement pour les habitants de la région qui n’ont jamais pu supporter cette sorte d’entité maléfique à leurs yeux, mais cela est également et plus étonnamment valable pour Vin, elle qui se sentait toujours en sécurité parmi ses recoins secrets. Et qui est ce mystérieux Observateur, insaisissable et téméraire ? Tant de questions auxquelles l’auteur répondra au fil de l’intrigue.
           
            Je dois reconnaître que le milieu a subi un petit coup de mou au niveau de l’intrigue, du à des querelles intestines et des questions existentielles liées au couple principal. Si cela ne m’a pas dérangée outre mesure, je peux concevoir que cela ait ralenti l’avancée de certains.
            Il est pourtant primordial de lire ce livre jusqu’à la fin, puisque cette dernière connaît une brusque accélération passées les huit cents pages. Là, les combats rocambolesques se multiplient, les rebondissements fusent pour notre plus grand plaisir, le doute vicieux tiraille toujours autant les tripes des personnages autant des lecteurs (surtout dans les vingt dernières pages !). Et l’épilogue, aussi sombre soit-il, est tout simplement une invitation à découvrir la suite sans attendre.

            J’ai éprouvé énormément de plaisir à retrouver notre bande favorite.
Vin est acculée dans ses plus sombres retranchements. Entre rétrospections internes et volonté de repousser ses limites, elle prendra des risques inconsidérés tout au long de l’intrigue pour parvenir à ses fins. Plus sombre, plus lunatique, sa personnalité n’a pas changé mais acquiert pourtant une complexité bienvenue. Elle aime Elend mais rejette sa position d’élue, veut le protéger sans connaître la manière dont il faut s’y prendre. Tout cela va la conduire sur la route d’un ennemi aussi redoutable qu’elle, un chemin si périlleux qu’elle ne peut en ressortir indemne.
            On retrouve également avec la joie la bande de Kelsier dans son intégralité, même si certains se sont un peu éparpillés. Le reflux de l’intrigue va pourtant les mener à se réunir de nouveau pour lutter pour Luthadel. Clampin et Brise sont les deux qui ont le moins changé. Discrets et trompeurs quand à leur véritable personnalité, ils apportent toujours un éclairage austère mais parfaitement réaliste de la situation dans laquelle tous se trouvent. Dockson apporte également cet élan pesant et austère. Meilleur ami de Kelsier, la disparition de ce dernier l’a changé à jamais, laissant une cicatrice béante à la place du fringant intendant. Finalement, les seuls que l’on prend plaisir à retrouver sont Hammond et Spectre, que l’on retrouve une fois de plus dans leur simplicité appréciable.
            Sazed réapparaît également dans cette œuvre, rappelé par son envie d’éplucher une légende au sujet du Héros des Siècles. Curieux et érudit par nature et par fonction, il sera épaulé par un autre personnage qui va apporter une nuance et de plus amples détails sur la guilde des Gardiens. La fin va apporter un profond bouleversement dans la personnalité de Sazed, si bien que le lecteur est forcément pris en pitié, et se demande forcément comment ce personnage si important aux yeux de Vin va bien pouvoir échouer.
            Finalement, le personnage le plus mis en valeur dans ce volume est naturellement Elend Venture en personnage. Devenu roi à la chute du Seigneur Maître, il s’est efforcé de maintenir l’ordre dans le Dominat central tout en prodiguant au peuple Skaa un pouvoir plus représentatif et plus partial. Il va pourtant finir aussi acculé que Vin et devra prendre des décisions en conséquence.

            Si l’on se penche du côté de l’ennemi, ce dernier offre plusieurs visages, si bien que le doute persiste toujours sur l’identité de l’opportun qui a commandité les méfaits. Cela permet le développement d’une intrigue à double tranchant, où il faut veiller sur ses actes pour ne pas mécontenter telle ou telle armée ennemie.

            Le style est vraiment riche de promesses. Le lexique, sans être non plus trop compliqué et soutenu, offre une diversité des termes et une maîtrise de la langue vraiment époustouflante. Les amoureux des mots ne pourront qu’être servis. Les tournures des phrases sont également bien formulées, de sorte qu’elles se suivent et s’enchainent sans anicroche. On éprouve tout simplement du plaisir à découvrir les idées de Brandon Sanderson, car tout se déroule de manière naturelle, sans brutalité.

            Finalement ce qui est prodigieux dans ce second volume, c’est la manière dont l’auteur s’y prend pour faire évoluer ses personnages en cohérence avec l’intrigue, déjà bien chargée, rendant ainsi compte d’un réalisme sans borne. Tout progresse avec lenteur et cohabitation, toute action est passée au peigne fin pour faire ressortir les détails primordiaux et prendre de court ou par surprise le lecteur, pour le plus grand bonheur de ce dernier.
            Par rapport à son prédécesseur, il faut reconnaître que la politique et la diplomatie prend le pas sur l’action. Pourtant l’ennui n’interfère jamais dans la lecture, on se laisse toujours porter sur la vague des idées de Brandon Sanderson.


            En conclusion, j’ai pris extrêmement de plaisir à retrouver la bande de Kelsier, notamment Vin et Elend. Brandon Sanderson possède cette magie des mots qui nous envoûte et nous tire dans l’épaisseur de l’intrigue sans que l’on cherche à résister, malgré le seul défaut qui porte sur le « creux » en milieu du livre. Entre politique, diplomatie, action, introspection, rétrospection, l’ensemble cohabite et évolue de manière remarquable et réaliste. C’est un second coup de cœur pour le second tome de cette merveilleuse trilogie.




Les autres titres de la saga :
Hors série - L'Alliage de la justice
0. Le Onzième Métal
2. Le Puits de l'Ascension
- saga en cours -

4 commentaires:

  1. J'aime beaucoup la manière dont cet auteur gère l'aspect politique de ses intrigues ^^ Ça fait un moment que je n'ai pas lu de Sanderson, et lire ton avis sur ce T2 m'a donné envie de regarder dans lequel de ses livres je pourrais me plonger prochainement ! :D

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    1. Ahah, suis la voie de la tentation ! :P
      Une nouvelle saga a été traduite y'a peu, c'est encore un bon gros pavé mais elle a l'air tentante, si tu ne l'as pas déjà lue ;)

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  2. C'est vrai qu'il y a une forme de ralentissement dans le rythme sans qu'il y ait, pour autant, une perte d'intérêt. J'ai beaucoup aimé ce tome-là.

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    1. Sanderson est passé maître dans l'art de nous faire accrocher même quand le rythme est lent. J'ai hâte de connaître ton ressenti sur Les Archives de Roshar, saga bien meilleure que Fils-des-Brumes à mon sens.

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