5 janv. 2016

La Septenaigue, tome 1 - Soeur des Cygnes, première partie


Synopsis :


            Au domaine de Septenaigue, au cœur de la forêt, vivait une fratrie de sept enfants dont Sorcha, la benjamine, était la seule fille. Leur mère était morte, leur père toujours en campagne militaire contre les Britons. Mais un jour il décida de se remarier...
Ainsi commence l'aventure de Sorcha. De l'Irlande aux côtes britanniques, une longue et douloureuse épreuve l'attend pour sauver ses frères d'une cruelle malédiction. Inspirée d'un conte de Grimm, Sœur des cygnes est une fantasy médiévale irlandaise, mais aussi le récit poignant des années de formation d'une jeune fille de caractère.

Mon avis :

            C’est par un pur hasard que ce livre a atterri entre mes mains. Croisé au détour d’une errance parmi les étagères de ma bibliothèque municipale, je fus paradoxalement intriguée par le résumé qui filtre très peu de détails. De plus, j’ai trouvé la première de couverture sublime si bien que cela me suffit à l’emprunter.

            Le début m’a paru difficile à appréhender. Nous sommes directement propulsée au cœur de la famille centrale de l’œuvre, avec pour personnage principal Sorcha, jeune fille entrant dans l’adolescence. Or, la narration de l’œuvre et la manière de l’auteure à évoquer des événements ayant lieu sur plusieurs années d’intervalle sur un nombre restreint de pages m’a quelque peu embrouillée les esprits.
            De plus, l’histoire, la véritable intrigue de ce récit, est vraiment longue à démarrer. Si l’auteure prend le temps d’évoquer chacun des personnages afin que le lecteur soit plus à même de se familiariser à eux, voire de s’attacher à eux, ce choix narratif possède une incidence directe sur l’intrigue puisque celle-ci ne démarre réellement que vers le milieu du volume. Personnellement, cela ne m’a pas tant dérangée que cela, je trouve que cela change des récits où tout s’enchaîne trop rapidement (non, non, je ne fais pas du tout référence aux Gardiens de l’océan d’Irène Salvador, dernière déception en la matière), d’autant plus qu’il prodigue l’impression d’une fantasy légère et posée, mais je sais que cet aspect lent peut en rebuter plus d’un, surtout quand on n’est pas habitué à ce genre du roman.
            Il faut pourtant savoir qu’une fois l’intrigue lancée, il est difficile de résister aux aventures que Sorcha doit subir. Certes, les épreuves subies paraissent bien courantes dans ce genre de livres, tout est assez prévisible. Seulement, l’auteure exprime cela dans un lexique et avec une plume tels que le lecteur ne peut que se laisser bercer par l’ensemble de l’œuvre. Et puis les épreuves, quoique familières, n’en restent pas moins cruelles, si bien que nous ne pouvons rester dénués de tout sentiment à l’égard de la pauvre fille.
           
Ce récit est également empreint d’un profond réalisme. Malgré le caractère fantastique de la présence de fées ou de mythes celtiques, ces détails forment une touche secrète, comme fondus dans le décor. Ainsi, ceux qui ne sont pas familiers de ce genre, ou qui n’aiment pas trop se pencher dans les genres de l’Imaginaire, peuvent très bien apprécier une telle intrigue.
La fin est assez brutale, elle se termine en une sorte de chute, de façon à imposer la lecture du second tome pour en apprendre davantage sur ce que va subir Sorcha aux côtés des compagnons auprès desquels elle a échoué. Enfin, je tourne ma phrase comme si c’était péjoratif, mais je suis sincèrement conquise par la tournure des événements et ai vraiment envie de découvrir la suite sans attendre !

Je ne saurai trop conseiller aux amoureux des échanges verbaux de passer leur chemin. En effet, les dialogues n’ont pas leur place dans ce récit très discret et descriptif, psychologique, comme si l’auteure souhaitait économiser toute parole superflue. Le texte se construit ainsi en des paragraphes structurés en gros bloc, avec très peu d’espaces, si bien qu’il ne faut vraiment pas craindre une lecture lente, quoique plaisante.
De plus, je fus également rebutée quant au choix de Juliet Marillier d’imposer une vision interne de l’intrigue. En effet, le récit se voit et se vit au travers de Sorcha, et je trouve que cela limite le ressenti des sentiments à un unique personnage, alors que les différents points de vue auraient pu rendre compte de la cruauté de telle ou telle situation avec plus de puissance. Un petit détail qui ne gêne en rien la lecture, mais cela a valu d’échapper au trône du coup de cœur.

Les personnages sont peu nombreux pour un livre de cette trempe car l’atention reste centrée sur la famille de Sorcha, soit ses cinq frères aînés, son père et sa nouvelle épouse.
Sorcha est une jeune fille qui en impose par son caractère. Loin d’être timide et introvertie malgré le comportement dédaigneux de son Père à son égard, Sorcha a su développer une maturité et un altruisme époustouflant pour son jeune âge. Si on a du mal à voir à quelles fins seront utiles ses potentiels, les multiples épreuves qu’elle traversera renforceront son courage et la force de sa volonté. Si la manière de l’évoquer peut donner une impression de frigidité, la jeune fille n’en reste pas moins attachante et le lecteur vit ses difficultés au même titre que le personnage.
Les frères sont un peu plus discrets. Que ce soit Liam, Cormack, Conor, Diarmid et Finbar, aucun ne prend réellement le pas sur les autres dans l’intrigue, excepté le dernier en raison de son jumelage avec Sorcha. En effet, ces deux-là sont jumeaux et ont donc développé entre eux un lien télépathique fort, ancrant ainsi le récit dans une petite touche de fantastique bienvenue. Si les quatre autres possèdent également ce don, ce dernier reste plus discret que chez Finbar, rendant celui-ci particulièrement intéressant.
Leur Père est tout autant discret mais ses maigres apparitions le décrivent comme un homme autoritaire, ancré dans les traditions de la tribu. Il faut défendre les terres et combattre les Britons pour agrandir le territoire, voilà le but de sa vie et la destinée de sa progéniture. De quoi le rendre repoussant en faisant de lui un anti-héros plus que flagrant. Cela permet également de comprendra que le mal viendra de lui, même si c’est indirectement puisque ce sera par le biais du mariage que les problèmes arriveront. Et cela ne manquera pas, puisque Lady Oonagh se révèle être une sorcière à la soif de pouvoir. Mais comment se venger de la terrible malédiction qu’elle lancera et l’éliminer ? C’est ce que Sorcha et ses cygnes devront apprendre…

La plume de Juliet Marillier est extrêmement poétique. Je ne sais pas vraiment comment l’évoquer sans dénaturer la force de sa plume… Elle sait donner l’impression que son texte s’ancre dans une certaine langueur tout en le rendant vivant. Je crois que le plus marquant dans un livre semblable, c’est qu’il fourmille de plusieurs mythes celtes évoques par Sorcha, mais il forme à lui tout seul une sorte de mythe, une légende qu’on apprécie pour son réalisme et sa dureté justement réaliste.


            En conclusion, si j’ai ressenti une petite difficulté à m’immiscer dans cette intrigue longue à venir, la suite de l’œuvre m’a confortée dans ma persévérance et je fus vraiment conquise par ces personnages attachants et cette légende qui prend forme sous nos yeux. La plume de l’auteure a également remporté un grand succès, ce fut une lecture reposante et ressourçante.




Les autres titres de la saga :
1. Soeur de cygnes, première partie
4. Fils de l'ombre, deuxième partie
5. Enfant de la prophétie, première partie
6. Enfant de la prophétie, deuxième partie
- Saga terminée -

2 commentaires:

  1. Enfant j'aimais bien le conte dont cette histoire est inspirée ! Par contre j'avoue que la couverture de ce livre ne me parle pas du tout, contrairement à toi. Mais la quatrième de couverture et ton avis me donnent plutôt envie. Je n'irai pas jusqu'à l'acheter mais si j'ai l'occasion de l'emprunter, je ne dirai pas non ! Merci pour la découverte ! :D

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    1. La couverture rend moins bien sur ordinateur que quand on tient le livre dans la main :)
      Mais je te le conseille vivement, on passe un bon moment une fois qu'on s'est adapté !

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