14 avr. 2023

Unity




Danae est unique. Danae est multiple.
Dotée de l’apparence d’une jeune femme de trente ans, elle existe depuis soixante-dix ans et abrite en elle des expériences humaines encore plus anciennes. C’est son secret et elle le doit à un implant d’une technologie incroyablement avancée.
Parce qu’elle doit se rendre à Redhill pour l’équinoxe et que ce rendez-vous conditionne sa survie, Danae fuit la cité sous-marine de Bloom City, une ville au bord de l’implosion.
Accompagnée de son amant Naoto et d’un mercenaire, Alexei, qui fut enfant-soldat, elle va tenter d’échapper définitivement à ceux qui la traquent. Des ennemis énigmatiques et puissants qui cherchent à tout prix à s’emparer de son secret.
Danae n’a jamais été aussi proche de l’extinction. Et pourtant, elle incarne le plus bel espoir de l’humanité…



Un grand merci aux éditions Albin Michel Imaginaire pour ce partenariat !

Pourquoi ce livre ? Comme souvent dans la science-fiction, j'ai flashé sur la couverture composée par Aurélien Police. Au-delà de cet aspect purement esthétique, j'étais intriguée par la quatrième de couverture et cette mention de multi-personnalités.

Unity fut une excellente lecture. C'est un petit road-trip haletant, qui commence sur les chapeaux de roue dans ce monde post-apocalyptique.
On y découvre Danaë, qui fuit dès le premier chapitre ce groupe que sont les Méduses, maîtres barbares dans l'art du combat et de la manipulation politique - gardez en tête qu'ils veillent surtout sur leurs biens et avantages, et qu'ils sont prêts à tout pour parvenir à leurs fins. Plongé d'emblée dans l'ambiance et l'action, c'est difficile de comprendre toute la complexité qu'incarne Danaë. Je dois même avouer que ça m'a frustrée de ne pas avoir toutes les clés en mains dès le départ, car il faut attendre une bonne moitié pour en apprendre plus. En attendant, j'ai flotté dans un certain malaise, ne comprenant pas en quoi Danaë représentait des centaines de vies passées, comment ces dernières avaient pu aboutir dans son esprit. La patience, c'est bien l'état d'esprit dans lequel il faut être pour aborder au mieux ce roman unique.

Unique, pas tant que ça. En effet, tout au long de ma lecture - et des découvertes des réflexions autour de l'humanité et ce qui nous définit -, j'ai retrouvé tout ce qui forge la force des romans de Becky Chambers, la douceur en moins. Dans cet univers hostile où l'hémoglobine ponctue le décor, l'autrice distille d'abord des détails amenant son propos, avant de mettre les mains dans le cambouis. Qu'est-ce qui forge notre humanité ? Jusqu'à la question finale sur ce message de tolérance et la nécessité de la diversité pour former une meilleure unité. L'ensemble n'est peut-être pas original mais le rappel est mis en scène avec brio, par ce découpage en quatre parties qui révèlent de façon crescendo tout le processus de création de Danaë.

Par sa complexité, j'ai eu du mal à m'attacher à Danaë, sans pour autant la rejeter pour sa différence marquante. Malgré la captivité dans laquelle on la découvre, cette héroïne malgré elle dégage une force de caractère et une détermination à toute épreuve, en dépit des fêlures qui croissent en elle. Sa quête personnelle n’en est pas moins intrigante, je me suis sincèrement intéressée à elle et à tout ce qu’elle incarne. J’ai préféré le personnage d’Alexei, cet enfant soldat brisé par toutes les âmes volées. Par rapport à la réflexion majeure sur la définition de l’humanité, il n’apporte qu’une petite pierre à l’édifice mais ce qu’il crée en parallèle a soulevé ma compassion.
En plus de ça, d’autres personnages secondaires apportent du mystère et du suspens, des touches de violence également pour saler l’intrigue. C’est surtout l’Emprunteur qui me restera en mémoire, entre fascination et dégoût pour un homme qui a tellement évolué, tant dans le corps que dans l’esprit.

Le style est vif, en parfaite osmose pour un road-trip sans temps mort. Agréable et fluide, le lexique est limpide et la structure des phrases donne plus de rythme encore. Sans être mémorable, ce style a contribué à me faire passer un très bon moment.



Une excellente découverte, tout en nervosité. Le road-trip est long à se mettre en place avant de prendre un rythme effréné. L’intérêt de Unity porte sur sa réflexion, entre l’unité de la population et le besoin de la diversité, propre à chacun. L’ensemble est bien amené, l’autrice ayant maîtrisé l’équilibre entre mystère et révélation. C’est très prometteur pour un premier roman et je suis curieuse de découvrir une prochaine parution !



16/20


2 commentaires:

  1. J'ai beaucoup aimé aussi ! Il pose des questions intéressantes

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