24 avr. 2023

Ars Obscura, tome 1 - Sorcier d'empire




1815.
Napoléon Ier a conquis l’Europe grâce aux pouvoirs d’Élégast, un sorcier dont nul ne sait rien et qui est le seul capable de pratiquer l’Art Obscur : une forme de magie aussi puissante que terrifiante.
En dépit de la force militaire de la France, la population vit dans la crainte des bulles noires, ces manifestations surnaturelles violentes qui engloutissent les gens et libèrent des hordes de monstres semant la mort dans les campagnes.
Ludwig Arcerese, un mercenaire qui a tout oublié de son passé, s’est spécialisé dans la traque de ces créatures. Lorsqu’il croise la route d’Éthelinde Ordant, une étrange naturaliste recherchée par toutes les polices de l’Empire, celle-ci ne peut que constater l’impossible : Ludwig sait lui aussi faire appel aux forces de l’Art Obscur. Les deux marginaux vont unir leurs efforts afin de comprendre qui est cet effrayant sorcier, et quels sont ses noirs desseins.
Antique confrérie de mages, espions à la solde de l’étranger, mystérieuses entités ésotériques, comploteurs travaillant à la chute de l’Empereur, secte russe d’adorateurs d’un dieu sanguinaire… Chacun joue son rôle dans ce récit épique, les uns pour empêcher le monde de sombrer dans les ténèbres, les autres pour l’y plonger.



Un grand merci aux éditions Denoël pour ce partenariat !

Pourquoi ce livre ? J’ai conscience que parmi toutes les publications de cet auteur que j’affectionne, je n’ai pas encore lu son œuvre la plus renommée, à savoir Dominium Mundi. Pour autant j’ai adoré tout ce que j’ai pu lire de lui, que ce soit Tepuy ou ses adaptations de l’univers lovecraftien (ok, ça n’est pas écrit par Baranger mais ces illustrations sont super chouettes). Bref, quand la maison d’édition m’a contactée pour lire ce roman, j’ai été aux anges, d’autant plus que mon libraire apparaît dans les remerciements et m’en avait compté beaucoup de bien, des mois avant sa parution ! Autant dire que la sortie était très attendue !

Sorcier d’empire est un excellent premier tome, dans le fait que l’introduction est suffisamment poussée, aboutie, pour que le lecteur ne s’ennuie pas.
Dès le prologue, l’auteur introduit ce qu’il faut de mystère pour attiser la curiosité et donner envie de prolonger le moment de lecture, donnant d'emblée du mystère et du corps à un personnage. Cela va d'ailleurs se poursuivre dans les parties offrant son point de vue, avec de petits flashbacks qui le rendent attachant, du moins intrigant.

Une fois le prologue passé peut survenir un moment de flottement, alors que l'auteur aligne un à un les personnages dans leur environnement respectif, nous insinuant dans leur quotidien ou leurs pensées. Il est facile de s'y perdre, surtout quand on n'a pas l'habitude des romans à multiples points de vue, toutefois j'ai beaucoup aimé de nous voir brosser le tableau de la situation géopolitique de la sorte, donnant du rythme et de l'intérêt à l'ensemble. Et puis cela permet de comprendre plus rapidement dans quelle fourmilière on a mis les pieds !

Le roman se divise en quatre chapitres d’environ cent vingt pages chacun. En dedans, les noms et les points de vue se succèdent, pour nous donner un panorama de cette grande partie d’échec qui se joue là. Outre le rythme et l’intensité que cela confère au récit, cela donne aussi le sentiment de laisser une part égale aux différents partis de s’exprimer.

Si le roman souffre un peu d'un manque d'action, la fin, elle, est addictive à souhait, avec son lot de surprises, de déconvenues, de rebondissements. Les personnages "gentils" - tout est relatif - que nous sommes amenés à suivre et à apprécier sont mis à mal dans leur cavale et l'auteur fait le choix de cette fin horrible, où on ne sait pas vraiment ce que les uns et les autres deviennent. Le genre de fin qui donnent envie de se jeter sur la suite, ce que je ferai sûrement le moment venu à la fin de l'année (point positif de cette série, tous les tomes sont écrits donc il y aura peu d'attente entre la parution de chaque volume).

J'ai vu passer sur les réseaux que certains lecteurs reprochaient un manque d'empathie vis-à-vis des personnages principaux, ce que je comprends tout à fait sans me sentir dans ce cas. Je mets ça sur le compte du roman à multiples points de vue, qui propose trop de caractères pour qu'on réussisse à en happer et apprécier n'en serait-ce qu'un seul. De mon côté j'ai apprécié voir le groupe d'Ethelinde se former progressivement, finissant par apprécier chaque individu au sein du trio - même si le dernier arrivant est assez insupportable quand il s'y met…

L'auteur m'a dit avoir fait quelques travaux de recherche et demander conseils auprès d'historien afin d'éviter tout anachronisme de langage et être au plus proche de la réalité. Je n'y connais rien. Toutefois le style m'a paru vraisemblable pour l'époque, sans être totalement imbuvable. C'est doux, fluide, sans non plus être hors sujet par rapport à la violence de l'univers. Bref, près de cinq cent pages qui se lisent toutes seules…



Pas un coup de cœur, mais une belle petite claque quand même ! Dans un univers où Napoléon n'est pas le général qu'on connait, l'histoire se tourne vers le destin de gens discrets mais essentiels. C'est intrigant, par tant de mystères et de notions à assimiler, c'est entraînant par ce style doux et fluide… Pas de doute, l'auteur est en train de tisser un tableau que je ne suis pas prête d'oublier. Vivement la suite !



18/20


Les autres titres de la saga :
1. Sorcier d'empire
- saga en cours -


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