À 19 ans, Valentine Cuny-Le Callet entame une correspondance avec Renaldo McGirth, un condamné à mort américain. Au fil de leurs échanges, nait un projet de récit graphique d'une intense émotion.
Au travail au crayon et en gravure sur bois, se mêlent des images singulières, colorées, qui parlent de la beauté du monde, qui ont vu le jour dans des conditions extrêmes. Témoignage bouleversant sur une amitié naissante, ce récit se penche sur la brutalité du système carcéral, et la ténacité avec laquelle les condamnés reconstruisent leur vie, depuis une cellule de cinq mètres carrés.
Pourquoi ce livre ? Repéré à sa sortie pour sa couverture époustouflante, en le feuilletant j'ai très vite reposé l'ouvrage. Le dessin et la noirceur du trait n'étaient pas pour moi. C'est finalement sa nomination au Prix Livraddict qui me l'a fait lire, en l'empruntant en médiathèque.
C'est difficile de donner un avis sur une telle lecture. Le caractère biographique et autobiographique gêne forcément. On ne veut pas avoir à juger la vie de quelqu'un d'autre…
En peu de mots, je peux au moins dire que ce n'est pas une lecture facile, on plonge dans la vie carcérale et les échanges épistolaires qui en découlent. Malgré un jugement injuste et des traitements qui, du regard occidental, paraissent idiots, Renaldo ne semble pas se laisser décourager, plongeant dans l'art et l'Histoire.
C'est un récit assez décousu dans les sujets qui se succèdent car tout dépend de sa pensée au moment T et de ses envies, au fil des mois qui s'égrènent. Pour autant l'autrice et illustratrice a su montrer une régularité dans les thèmes et dans son découpage, si bien que la lecture reste fluide.
Au fil de ma lecture, j'ai eu une pensée pour l'expérience vécue par Valentine. C'est une belle action que de correspondre avec un prisonnier et le voyage entrepris pour le rencontrer est marquant, on perçoit tout l'attachement singulier qu'elle éprouve pour son interlocuteur. Mais avec tout ce qu'elle entreprend pour lui, sans jamais évoquer tout ce qu'elle vit en parallèle (ce qui n'est pas le sujet, je le conçois parfaitement), ça m'a donné l'impression que l'autrice ne travaillait que pour Renaldo, en oubliant également de vivre sa propre vie. C'est un choix que je respecte, c'est peut-être une fausse impression dûe aux choix accordés pour ne pas grossir plus encore son ouvrage, mais ça m'est venu en tête à plusieurs reprises.
Les illustrations sont magnifiques. Le mélange de traits, de techniques, de perspectives, montrent toute l'étendue des capacités de Valentine. Ça nous plonge plus encore dans ce récit atypique, donnant plus de corps à l’injustice créée par certaines situations, certaines lois.
Une lecture déroutante, tant par son trait qui change sans cesse que par son contenu intime. Je ne savais pas si j’aimerais l’ensemble et je suis agréablement surprise par la manière dont ce récit m’a marquée. Je suis contente de l’avoir lu et je vous le conseille.
15/20
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