Ils sont GROS
Ils sont MÉCHANTS
Ils sont MENACÉS D’EXTINCTION
Jamie accepte immédiatement le job que Tom, une ancienne connaissance, lui offre. Travailler pour une société protectrice d’animaux plutôt que livrer des repas est une veine.
Seul problème, les animaux concernés sont des kaijus.
Or, si ces monstres sont les êtres les plus gros et les plus dangereux de cet univers, ils ont besoin d’aide pour survivre, car des entreprises peu scrupuleuses voudraient les exploiter.
Tous ceux qui ont vu Jurassic Park savent que c’est une mauvaise idée...
Pourquoi ce livre ? Je ne suis plus à mon premier Scalzi, auteur découvert il y a un moment maintenant – bien que ça ne soit pas avec sa série phare ! Acheté peu de temps après sa parution, ce titre a traîné presque un an dans ma PAL. Dans un moment où j’avais besoin d’une lecture réconfortante, ou d’une valeur sûre, c’est le premier auquel j’ai pensé.
Et je ne fus pas déçue ! La Société protectrice des Kaijus est une petite pépite, bien qu’elle n’ait pas reçu le coup de cœur espéré.
Le début m’a directement plongé dans les atouts adorés de l’auteur. Un personnage au bagou légendaire, des échanges vifs et une narration efficace. Ainsi découvre-t-on Jamie, employé d’une start-up, pas loin de se faire virer par le PDG, petit connard prétentieux du fait de sa richesse ancestrale et de son pedigree. Alors que la Covid est enfin prise pour une menace sérieuse et que les confinements sont successivement annoncés, c’est tout de même manqué de chance que de se retrouver sans emploi ! De fil en aiguille, qui ne manque pas de piquant, Jamie va être embauché par une structure plus ou moins confidentielle pour un boulot qu’il maîtrise bien : « porter des trucs ». Il était loin de s’imaginer que ce serait sous le regard d’immenses Kaijus !
Plusieurs ingrédients sont réunis ici pour me faire passer un bon moment. D’abord, l’intrigue est jonchée de plusieurs références « geeks », et ce fut très fun de voir comment elles sont manipulées par l’auteur.
Ensuite, c’est un roman de science-fiction avec une notion de multiverse… et pourtant John Scalzi ne s’attarde pas sur cette caractéristique pour se consacrer à des sujets comme l’étude et l’observation des Kaijus, ces êtres gigantesques et nouveaux (enfin pas si nouveaux que ça, vu que certains nous ont inspiré les vieux Godzillas !). L’approche de la SPK se veut très scientifique, à tel point que j’ai assimilé cette lecture à du solar punk – parce que pour une fois, l’humanité au courant de leur existence ne semblait pas hostile, bien au contraire ! De fait, l’intrigue reste efficace mais l’absence de véritable antagoniste est marquante pendant les deux premiers tiers de la lecture.
Et c’est sur ce seul point que le bât blesse… L’antagoniste semble effectivement invisible mais son arrivée et sa révélation ne furent aucunement une surprise. Ca a manqué de retentissement et de réel enjeu, comme si l’auteur avait placé un pion à cet endroit histoire de s’assurer d’obtenir une histoire avec un schéma narratif classique. Sans l’antagoniste et en composant une fin plus douce, ce livre aurait été plus original encore.
D’ailleurs, la fin fut pour moi trop expéditive, ce qui colle parfaitement avec le fait que l’antagoniste survient trop tard dans le récit. C’est comme si l’auteur ne savait pas trop comment finir son histoire, avait ajouté un ingrédient à la dernière minute pour faire une popote rapide. Cela dit, le final ne manque pas d’actions, ce qui rend l’ensemble de l’œuvre plus efficace encore !
Mention spéciale à la dernière lettre qu’il écrit, qui a su faire monter une petite émotion en moi (du genre « je ne veux pas que ça se finisse ! »).
J’ai adoré les personnages, en dehors de l’antagoniste évidemment. Jamie s’est trouvé une belle famille avec ses nouveaux collègues. Leurs discussions sont très chouettes et leurs échanges nous apprennent toujours quelque chose, sur les Kaijus ou sur leur tempérament.
L’antagoniste est prévisible dans son statut, ses manières, ses grands discours, pourtant je considère qu’il rentre parfaitement dans son rôle. Ses réponses, souvent extravagantes, m’ont fait sourire à plusieurs reprises.
Comme son intrigue, le style est toujours aussi efficace. L’auteur affirme dans les (looooongs) remerciements s’être amusé à écrire ce bouquin (après avoir galéré pendant un an en 2020 sur un autre sujet plus sombre) et on le sent dans son style, dans la vivacité du projet et dans sa manière de le raconter. C’est très direct, avec beaucoup d’humour. C’est ça qui donne une touche attachante à l’ensemble du projet.
L'auteur s'est amusé à écrire ce roman et cela se ressent car on s'amuse aussi ! L'humour fuse, le contenu est efficace, l'antagoniste est drôle malgré lui. Petit bémol sur la fin précipitée, autrement je me suis grandement régalée ! Scalzi, toujours une valeur sûre...
16/20
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