Nous sommes dans les années
cinquante. Au large de Boston, sur un îlot nommé Shutter Island, se dresse un
groupe de bâtiments à l'allure sinistre. C'est un hôpital psychiatrique pour
assassins. Le Marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule ont été appelés
par les autorités de cette prison-hôpital car l'une des patientes, Rachel
Solando, manque à l'appel. Comment a-t-elle pu sortir d'une cellule fermée à
clé de l'extérieur ? Le seul indice retrouvé dans la pièce est une feuille de
papier sur laquelle on peut lire une suite de chiffres et de lettres sans
signification apparente. Oeuvre incohérente d'une malade ou cryptogramme ?
Progressivement, les deux policiers s'enfoncent dans un monde de plus en plus
opaque et angoissant, jusqu'au choc final de la vérité.
Mon
avis :
Croisant sa route à tout hasard sur
les étagères de la bibliothèque municipale, cet emprunt a fini en lecture
commune avec Randall, pour une œuvre bien plus intéressante que la dernière !
Je tiens d’abord à préciser que je
connais l’histoire par l’adaptation qui a découlé de cette œuvre, mais le vague
souvenir qu’il m’en restait m’a permis de garder le suspens à son comble jusqu’à
la fin.
Et pour cause, dés le début nous
pénétrons dans une atmosphère sombre et angoissante, propice à l’enquête menée
par les deux marshals Edward Daniels et Chuck Aule. Il s’agit de retrouver une
patiente qui a disparu, mais le réel sujet de leur présence évolue au fil du
récit, et le lecteur est tenu en haleine jusqu’aux dernières rebondissements,
dernières révélations ayant lieu aux toutes dernières pages.
Il faut tout de même savoir que des
indices sur les ultimes révélations jalonnent la narration, comme dans tout
thriller qui se respecte, et, si je suis contente d’en avoir noté certains,
certains me sont tout de même passés au-dessus, si bien que la surprise fut
totale, à la fois plaisante et écœurante.
Le décor abrupt et naturellement sauvage donne le ton
et accentue la noirceur de l’intrigue. Tout est prompt à laisser une sensation
dérangeante d’enfermement, de claustrophobie, plongeant le lecteur dans un
certain état d’esprit que j’ai eu plaisir à ressentir (suis-je folle ?). N’étant
pas une adepte des thrillers et romans noirs, je ne saurai comparer avec d’autres
titres, mais tout ici est maîtrisé à la perfection.
Les personnages sont assez
différents, entre Edward Daniels autour duquel plane une ombre mystérieuse qui
se délite progressivement au fil du récit, et Chuck Aule qui paraît d’emblée
sympathique et très extraverti. Si l’un amplifie la noirceur du livre par son
sérieux et sa réflexion, le second permet d’apporter une touche de lumière et d’humour
qui ne sont tout de même pas de refus.
Le style est entraînant, bien que
fort simple. L’auteur n’insère pas de suspens à chaque fin de chapitre, mais je
ressentais pourtant l’envie et le besoin de poursuivre ma lecture pour
connaître la suite des péripéties (et pour preuve, lire un thriller en deux
jours, c’est un exploit pour moi).
Mais au-delà de l’enquête, qui ne
sert finalement que de toile de fond, l’auteur dresse un bilan catastrophique
des agissements pendant la guerre mais aussi après cette dernière. Evoquer le
procès de Nuremberg, où il fut rédigé une clause comme quoi les expériences sur
un être humain sont interdites est un bon rappel dans ce genre de récits. Ainsi,
l’auteur critique et dénonce de genre d’agissements, qui ont finalement encore
aujourd’hui lieu…
Le débat sur la folie est également
très intéressant mais je préfère ne pas en parler ici pour ne pas spolier ceux
qui ne connaissent pas encore…
J’ai conscience que cette chronique
ne rend pas hommage à l’œuvre que c’est, alors je ne peux que vous dire de
tester pour vous en faire votre propre avis. De mon côté, je fus si enchantée
par cette lecture et ce qu’elle implique que je me ferai un plaisir de
découvrir deux autres titres majeures de Dennis Lehane, entre autre Mystic River et Gone, Baby, Gone.
En
conclusion, un thriller bien inspiré au décor sombre, angoissante, à la
limite de la claustrophobie, et avec une enquête qui progresse et se complexifie
au fur et à mesure de la lecture. Les personnages tendent vers une accentuation
de la tension ou au contraire à l’alléger par l’humour et l’empathie. Les derniers
rebondissements sont vraiment surprenants pour qui n’a pas vu le film. Un coup
de cœur, tout simplement.
"J’ai conscience que cette chronique ne rend pas hommage à l’œuvre."
RépondreSupprimerJe ne suis pas d'accord avec toi, ta critique donne au contraire envie de plonger dans le livre, moi qui ai vu le film, mais il y a bien longtemps où mes souvenirs sont un peu évanescents, ça me donne envie de le redécouvrir à travers le livre.
Merci
Peut-être qu'après ta lecture, tu t'apercevras que ma chronique n'est pas à la hauteur du livre, mais merci :)
SupprimerJe suis bien contente de voir que t'ai envie de le lire, j'espère que tu ne seras pas déçue
J'ai vu le film que j'ai vraiment beaucoup aimé et hésitais à découvrir le livre. Je ne suis pas très thriller mais tu m'as convaincue à le lire :)
RépondreSupprimerEn tout cas, j'ai découvert ton blog récemment, j'aime beaucoup ! Bonne continuation ! :)
Je ne suis pas thriller non plus mais celui-ci est vraiment prenant, et le film est très fidèle donc ça permet de te faire une opinion de ce que tu vas avoir :)
SupprimerMerci =) Bonne continuation à toi aussi ! :)
Difficile de parler d'un roman tel que celui-là sans gâcher. Comme toi j'ai adoré, mais j'adore cet auteur de toute façon.
RépondreSupprimerEffectivement, je me souviens avoir eu du mal à écrire cette chronique car le moindre indice peut gâcher la lecture. Mais, des années plus tard, j'en garde un excellent souvenir ! Bon, toujours pas lu d'autres Lehane, mais je ne désespère, je vais vers qui me tourner quand je voudrais lire du thriller =)
Supprimer