C’est une vallée très reculée,
quelque part au fin fond d’un pays froid qui pourrait être l’Alaska ou la
Sibérie. Presque personne n’y vit, hormis la faune sauvage et un peuple
autochtone discret. Hélas, le sous-sol regorge de matières premières et bientôt
les affairistes déferlent, pressés d’y construire une ville, des mines, un
barrage…
Les premières exactions surviennent ; personne ne doit
faire obstacle au « progrès ».
Il y a pourtant un témoin silencieux à cet immense
désordre : Kraa, un jeune aigle très puissant qui a appris la survie, maître
secret de la vallée. Avec Yuma, un adolescent indien avec lequel il a développé
un lien d’essence chamanique, Kraa, dont la voix off sert de fil rouge au
récit, entre en résistance…
Mon
avis :
J’ai croisé pour la première fois la
route de cette bande dessinée sur le suivi lecture d’une Livradictienne.
Si la première de couverture ne m’attirait
pas plus que cela, j’étais curieuse de découvrir une telle histoire, où aigle
et humain se côtoient pour parvenir à des mêmes fins.
Qu’on se le dise, les dessins de
cette bande dessinée ne sont pas particulièrement reluisants. Les traits sont
grossiers, très touffus, allant dans un détail très brouillon. Si ce n’est pas
un coup de crayon qui m’attire au premier regard, il possède néanmoins un
certain réalisme et surtout une profonde cohérence avec le récit en question,
les deux étant empreints d’une forme de sauvagerie.
L’intrigue est en elle-même assez
originale. Le début s’appréhende au travers de la perception d’un aigle à peine
âgé de deux mois. N’ayant pas encore quitté son nid et avec des parents
disparus depuis deux jours, c’est une véritable quête initiatique qui nous est
livrée aussi, porteuse de promesses et d’un réalisme peu ragoûtant. Eh oui,
avec cette bande dessinée, on grimace très souvent et on rit nerveusement
(comme a pu le constater mon homme). La richesse des détails et la cruauté des
gestes confèrent à cette œuvre un réalisme plaisant bien que navrant, puisqu’ici
sera satirisé le comportement exécrable, vaniteux et obséquieux des hommes
conquérants face à la nature sauvage et aux ultimes tribus d’aborigènes.
Le second personnage se trouve
justement être un jeune représentant de ces tribus. Yuma fut le témoin du
massacre de son peuple et cherchera à obtenir réparation par la vengeance avec
l’appui de son improbable allié Kraa. A deux, ils devront s’épauler et se
réunir pour gagner en puissance et obtenir ce qu’ils souhaitent.
La fin est une porte ouverte sur l’inconnu,
dans le sens où elle n’indique en rien quelles seront les prochaines actions de
notre duo hétéroclite, ce qui est un point positif puisque cela suscite la curiosité
du lecteur et par conséquent son envie d’en apprendre plus sur les intentions
de nos héros.
Comme l’indique le résumé, les
pensées de l’aigle Kraa, pleines d’amusements, nous sont livrées dans la
narration ou sont sous-entendus dans le dialogue avec son frère indien. D’ailleurs,
le lien qui unit l’animal à l’homme est assez décevant, il ne relève d’aucune
originalité dans ce récit pourtant prometteur. Mais il faut dire que les
explications concernant ce lien ne sont pas assez développées et j’espère que
les tomes suivants seront à la hauteur en ce qui concerne ce point noir.
Outre le pointage du doigt des
divers massacres perpétrés par les conquérants et les business man, cette bande
dessinée nous plonge au cœur d’une nature sauvage en pleine évolution due au
réchauffement climatique et à l’ère industrielle. Si ces sujets deviennent
redondants au fil des publications dans la littérature, la petite touche de
fantastique apportée par le chamanisme et les pensées de Kraa prodigue une
fraîcheur bienvenue. Ainsi, l’œuvre se lit bien et on en redemanderait presque.
En
conclusion, une bande dessinée pas vraiment transcendante sur le fond comme
sur la forme, mais tout de même avec un léger intérêt sur l’intrigue. Les
dessins sont, dans une cohérence sauvage, grossièrement brouillons mais cela
dégage un charme certain. Le manque d’explications quant à quelques phénomènes
paranormaux m’a légèrement turlupinée et j’espère que l’auteur se rattrapera
sur la suite, que je vais m’empresser de lire.
12/20
Les autres titres de la saga :
1. La Vallée perdue
- saga terminée -
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