Synopsis :
Catherine, dont la vie s'organisait
autour du travail avec la haine des dimanches, le secours de la télévision,
l'affection d'un chat et l'usage fréquent de somnifères, tourne le dos à la
France pour s'installer au Brésil. Dépassant sa condition de touriste, elle
quitte l'univers des agences de voyages pour celui des favelas. La violence
avec laquelle les gens se traitent entre eux ne lui est alors plus épargnée.
Dans ce récit d'un parcours absolu, Jean-Christophe Rufin livre une tragédie
moderne, où l'héroïne semble soudain obéir à une loi profonde qui la pousse à
se détruire et à s'accomplir en même temps. À travers ce portrait d'une femme
qui se perd et se découvre, l'auteur reprend aussi un thème qui lui est cher,
celui de la rencontre entre les Occidentaux et leur tiers-monde fantasmé. Loin
de la vitrine exotique et du mythe révolutionnaire, il va au-delà de la vision
idéalisée, tout au moins " idéologisée ", du tiers-monde, vers un
monde ambivalent, fait à la fois de richesse et de violence, repoussant et
attirant.
Mon
avis :
Je sais, les plus assidus sur ce
blog sauront que Jean-Christophe Rufin n’est pas un auteur faisant parti de mon
genre littéraire favori. Cependant, ma superbe prof de français en Première m’a
fait découvrir cet auteur au travers de Globalia,
lecture programmée pour le cours sur le roman. Et quel roman ! Je me
rappelle avoir énormément apprécié cette découverte si bien que j’avais acheté
par la suite plusieurs autres œuvres dont La
Salamandre. Après un long séjour dans ma PAL, voilà que ma Book Jar a su en
sortir ce titre.
En parlant du titre, celui-ci est
assez intriguant, car il y a dans cette œuvre aucun rapport avec une
salamandre. Alors j’ai mené ma petite enquête pour comprendre le rapport entre
ce petit animal et l’intrigue. Verdict : une salamandre est un amphibien
capable, selon les croyances, de traverser et éteindre un feu (définition
reformulée avec mes mots, s’il vous plaît). Autant dire que ma lanterne fut
complètement éclairée (joli jeu de mots avec le feu, non ? XD Et pis je ne
vous préciserai pas en quoi cela m’a éclairée, il faudra lire le livre pour
comprendre, mouhahaha).
Comme le présente la quatrième de
couverture, ce livre relate la quête initiatique ou plutôt la remise à zéro de
la vie de Catherine, femme quadragénaire qui n’a toujours vécu que pour le
travail, en oubliant les rapports sociaux et les plaisirs d’une vie privée.
Obligée de partir en voyage, elle optera pour le Brésil où elle retrouvera un
couple de vieux amis à elle. Mais là où ils vivent « en aveugle »
depuis des années, la touriste en apprendra davantage sur la véritable vie
brésilienne grâce à l’apparition de Gilberto (« prononcé Giouberto), ou plus
communément surnommé Gil.
Si on n’observe que le rythme, le
début est très rapide, s’enchaîne dans une mécanique propre à une vie
trépidante et sauvage. Catherine découvre aux côtés de Gil la vie des
brésiliens de basses conditions, vivant dans des taudis. Par les multiples
descriptions et le regard de la jeune femme, l’auteur nous livre une telle
reconstitution du pays qu’il prodigue l’impression qu’on s’y trouve pour de
vrai. Malheureusement, le récit gagne en lenteur et en miroitement. Cela permet
de rendre compte de la langueur dans ce que subit Catherine, mais offre
également un contraste assez déplorable avec la vivacité de la première grosse
moitié du livre. Personnellement, j’ai eu beaucoup de mal à adhérer à cette fin,
que j’ai eu beaucoup plus de mal à digérer.
Pourtant, le contenu de la fin n’est
pas trop mal. Si on oublie la morale assez banale du renouveau et de l’espoir
dans une situation des plus dramatiques, le récit se termine tout de même sur
un air de douceur, avec un personnage qui a su reconquérir son corps et sa
personnalité. Un beau message d’espoir, que je disais.
Le nombre des personnages est très
restreint, même pour un récit aussi court. Si par moment le nombre atteint cinq
personnages dans l’intrigue, nous sommes le plus souvent concentrés sur
seulement deux personnages, Catherine et Gil.
Cette dernière eut le coup de foudre
pour Gil dés le premier regard, malgré leur différence d’âge ou la personnalité
de la femme qui ne l’a jamais amené à aimer. Lui n’est qu’une sorte de gigolo
près à l’aimer de faux semblants en échange de cadeaux rêvés depuis toujours.
Très vite, leur relation se complexifie sans jamais gagner en sentiments,
rendant compte d’un univers sauvage et tortueux, ou la pauvreté et la misère se
côtoient au quotidien.
Les autres personnages, comme le
couple d’amis ou le consul, apporte une touche réaliste supplémentaire à l’ensemble
du récit. Par exemple, le couple d’amis permet de percevoir le ressenti et d’émettre
des conseils de personnes de notre société afin de faire ressortir les aspects
négatifs de cette relation mais également d’appuyer l’aspect malsain volontairement
recherché (un peu dans le genre « on n’a qu’une vie, profite-en pour faire
ce que tu veux de ton corps et ton argent du moment que tu ne tombes pas dans l’excès. »).
Et le consul, lui, apporte la juridiction et la rectitude qui manquaient tout
au long de cette découverte.
Le style est vraiment abordable.
Malgré ses prix et sa renommée, Jean-Christophe Rufin conserve un lexique
simple afin de pouvoir être lu par un plus grand nombre de lecteurs, des
adolescents comme des adultes. Cependant, il ne faut pas non plus rechercher un
aspect poétique à son récit, l’auteur reste très terre à terre pour livrer au
mieux la teneur de son roman. Personnellement, j’ai grandement adhéré à l’ensemble.
En
conclusion, un livre appréciable par ses personnages d’anti-héros et le
rendu sauvage et tortueux de l’intrigue. Malheureusement, le roman perd de sa
valeur par la lenteur qui le gagne vers la fin du récit, alors que j’aurai
apprécié une fin en apothéose. Un récit marquant, donc, mais peut mieux faire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire