26 avr. 2016

Le Chaos en marche, tome 1 - La voix du couteau





        C'est l'année de ses treize ans et, dans un mois, Todd Hewitt va devenir un homme. Il est le dernier garçon de Prentissville. Cette ville de Nouveau Monde est uniquement peuplée d'hommes. Depuis longtemps, toutes les femmes et les enfants ont disparu. A Nouveau Monde, chacun peut entendre les pensées des autres, qui circulent en un brouhaha incessant, le Bruit. Nul ne peut échapper au Bruit, nulle part, jamais...







           C’est une amie qui m’avait conseillée de me procurer ce bouquin en toute hâte, à la vue de son originalité et de la « claque » qu’elle lui a mise. J’avais voulu acheter la saga mais finalement un sixième sens m’a soufflé de l’emprunter à la bibliothèque avant de perdre quelques sous, c’est donc ce que je me suis empressée de faire. Et grand bien m’a pris !

       Une chose est certaine, on ne sort pas indifférent de cette lecture, et je comprends parfaitement les gens qui ont abandonné ou eu du mal à s’adapter au style narratif. Parce que, oui, le style narratif est vraiment spécial mais entièrement lié au Chaos que prédit le titre de la saga.
       Ainsi, le style perd toute norme connue en nos jours pour se confondre dans un bric à brac de mots mis bout à bout de sorte à donner l’impression d’une immense confusion au sein de la structure syntaxique (mes profs seraient tellement fiers de moi de me voir parler de « structure syntaxique dans une chronique ! *Bwef*). On peut alors découvrir une phrase à rallonge où se multiplient des relations de coordination généralement introduites par de simples « et » successifs ou alors un manque total de ponctuation. Certes, cela donne du rythme mais cela plonge également dans une lourdeur hors norme.
       Personnellement, j’ai mis beaucoup de temps à appréhender ce style, quoique j’ai apprécié l’osmose que cet effet a créé ave l’intrigue.

       Du côté de l’intrigue justement, là aussi je suis quelque peu dubitative. Si on est agréablement plongé dans une ambiance dérangeante où même le lecteur est capable d’entendre, à sa façon, le Bruit, ce phénomène impersonnel et angoissant, quelques défauts jonchent l’ensemble, si bien que ce ne fut pas une lecture aussi prometteuse que le laissait entendre mon amie.
       Tout d’abord, des choses totalement irréalistes s’y déroulent. Je prends pour exemple le personnage d’Aaron, le personnage type du prêcheur fervent. En réalité, on assimile rapidement sa personnalité à celle d’un fou… Bref ! Il en vient à vouloir du mal à Todd Hewitt, le protagoniste de l’histoire, pour quelques raisons obscures. En tout début d’œuvre, Aaron va malencontreusement croiser la route d’un crocodile, il va y laisser la moitié de son visage (et quand je dis cela, faut imaginer que vous VOYEZ les dents du malhomme (on dit bien bonhomme, pourquoi pas malhomme ?)). Donc voilà, je ne cite qu’un exemple pour ne pas non plus analyser tout le texte et ainsi vous spoilez un maximum, mais quelques incohérences sont là, qui auraient pu être évitées même si nous sommes dans de la Dystopie jeunesse
       De plus, l’intrigue, qui nous propose une course poursuite contre la montre, devient très rapidement redondante. Là encore je souhaiterai vous épargner les détails,  mais il devient très lassant de toujours voir les mêmes décors, le même type de personnages, les mêmes réactions face à Todd, etc…
       Si dernières révélations sont à mon goût trop prévisibles, la fin en elle-même est en revanche grandiose, même si elle ne suffit pas à elle seule à gommer les mauvaises traces précédemment citées. Difficile d’expliquer ce que j’ai ressenti sans trop vous en dévoiler mais il se dégage de cette fin une force déprimante, une belle claque dans le style « l’espoir n’existe pas, à quoi bon courir après ? ». Raison pour laquelle je me suis posée la question si ce livre était bien approprié pour un jeune public, parce que c’est clairement très sombre comme récit (après, on se demande pourquoi notre jeunesse se détraque…).

       Dans tout ça, je mets quand même quelques points positifs (deux ou trois) pour la création du concept du « Bruit », ce chaos qui ne nous quitte pas. Cela reproduit très bien notre quotidien en réalité, avec cette avalanche de sons que notre ouïe s’habitue à entendre, au point que l’absence de bruit est pour certains dérangeant. Ce fut très bien retranscrit dans le livre, et rien que cela m’a donné la force de lire ce livre jusqu’à la fin.

       Peu de personnages apparaissent dans ce tome, et la plupart ne surviennent que le temps de quelques petits chapitres.
       Nous suivons tout de même de très près Todd et Viola, rencontrés au hasard d’une fuite dans les bois, alors que le premier tente de s’éloigner de Prentissville où un étrange mal règne en ville. D’abord distants, les deux enfants vont parvenir à se rapprocher au point de ne plus faire confiance qu’à l’autre, dans cette bulle d’intimité que façonne les obstacles traversés ensemble.
       Les adultes rencontrés en chemin présentent tous un esprit obtus, parfois sans sagesse, le plus souvent incluant la recherche du pouvoir, que ce soit sur une communauté entière ou ne serait-ce qu’un seul – et jeune – personnage.
       En résumé sur les personnages, il n’y a rien de mirobolant et je fus un peu déçue, toujours en comparaison de ce qu’a pu me dire mon amie…

       En conclusion, c’est une lecture où se mêlent bonnes et mauvaises surprises. L’intrigue est trop répétitive et met en scène de belles péripéties irréalistes, mais l’essence du Bruit est pour moi un phénomène intéressant, qui implique une discrète mais non moins belle critique de notre société actuelle. Dû à un style structural affranchi de toutes normes, j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages. Dans l’ensemble, j’ai quand même passé un bon moment, mais ce premier tome fait parti de ces petites déceptions que je suis bien contente de m’être procurée autrement que par un achat. Je le conseille néanmoins si vous en quête d’une dystopie originale.





Les autres titres de la saga :
1. La voix du couteau
3. La Guerre du Bruit
- Saga terminée -


4 commentaires:

  1. Ouhh ton avis me refroidit un peu ^^ J'ai vu et feuilleté ce livre en librairie, et il m'avait bien fait envie. Je pense que je le lirais quand même, il a l'air original et je veux me faire ma propre idée, mais pour découvrir l'auteur je commencerais par un autre de ses romans :)

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    1. Oui, puis ce n'est que mon avis, y'en a des très bons sur Livraddict ;) Je pense que mon amie me l'avait tellement bien vendu que je m'attendais à quelque chose de différent... Mais ça se lit quand même, rassure-toi ^^

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  2. Je suis tout à fait d'accord avec ton avis. Ce livre je l'ai lu il y a quelques années donc aujourd'hui je ne m'en souviens plus très bien, mais le sentiment que j'ai eu en ressortant était le même. Globalement, c'est très original cette idée du Bruit, mais il est vraiment dur de s'adapter au style !

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    1. Je suis bien contente de voir que tu partages mon avis parce que les avis sur Livraddict sont pour la plupart meilleurs que le mien, j'avais peur d'être passée à côté de quelque chose :)
      Mais oui, le style est à la fois un point fort et Le point faible du livre

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