3 févr. 2022

Les Fables de l'Humpur




Dans les pays de la Dorgne, des êtres mi-hommes, mi-animaux perdent peu à peu leur patrimoine humain et s'enfoncent lentement dans la régression animale. Tribus dominantes carnivores, communautés agricoles servant de nourriture aux clans prédateurs, tous sont soumis par le clergé aux lois de l'Humpur, qui punissent de mort les mélanges entre les clans et les comportements individualistes. Parce qu'il ne supporte pas de voir la jeune Troïa qu'il aime livrée aux appétits collectifs lors de la cérémonie rituelle de reproduction, Véhir brise l'enclos de la fécondité et s'enfuit en quête des derniers dieux humains de la légende. Lui, le grogne paysan, va accomplir ce chemin en compagnie de Tia, une jeune prédatrice hurle en exil...



Pourquoi ce livre ? C’est avec une certaine honte que je ressasse ma rencontre avec le grand Pierre Bordage. C’était au cours d’une dédicace que je lui ai demandé quel livre de sa production il me conseillait, après plusieurs tentatives désastreuses. Après réflexion, l’auteur me conseilla Les Fables de L’Humpur - bonne aubaine, plus que ce titre est dans la bibliothèque de Mister !

Je suis très dubitative quant à cette lecture, encore une fois. D’un côté, je reconnais enfin le talent de Pierre Bordage et comprends pourquoi il fait partie des grands noms de l’imaginaire francophone. Les Fables de L’Humpur s’inscrit dans la lignée des contes d’antan, avec une fable ponctuée de sa morale en guise d’ouverture de chapitre, avant de nous livrer la suite des aventures de Véhir, le personnage principal. C’est extrêmement bien orchestré, j’avais le sentiment de lire un roman médiéval.
D’un autre côté, j’ai trouvé le contenu du roman lui-même si creux que je me suis ennuyée tout au long de ma lecture, sauf à la fin. Les quarante dernières pages, les révélations de tant de décadence, sont tellement impactantes, tellement moralisatrices et satiriques de notre société que je me suis prise une petite claque : j’ai lu (bu ?) avidement chaque mot - et la note finale aurait difficilement atteint la moyenne sans cela.

D’où ma gêne pour juger ce livre. Je reconnais son potentiel et son évident intérêt dans la littérature, surtout aujourd’hui où tout ne fait qu’empirer, pourtant le roman d’aventure en lui-même ne m’a pas du tout touchée.

Cela repose aussi en partie des personnages. Si j’ai aimé ce qu’ils sont, entre humanité et animalité, les caractères en eux-mêmes m’ont laissée totalement indifférente. Entre une intrigue ennuyeuse et des personnages ni attachants ni repoussants, j’ai eu le sentiment de persister pour la simple morale des fabliaux.

En revanche, malgré mon ennui je reconnais que ça se lit parfaitement bien. Pierre Bordage invente ou modifie la typographie du lexique de façon très intelligente, reproduisant l’évolution du langage et sa décadence sur plusieurs siècles. Là, je reconnais avoir pris grand plaisir à lire sa prose, originale et maîtrisée.



Une fois de plus j’aurai vécu une lecture de cet auteur comme un échec… Je reconnais les qualités de cette œuvre d’envergure, pas aisée à lire, son originalité, sa morale, son langage, sa bestialité. Cela ne m’a empêchée de m’ennuyer jusqu’aux quarante dernières pages, qui ont relevé le niveau. Quel sentiment étrange d’être déçue et pourtant de reconnaître les qualités d’un roman… Ca n’a pas fonctionné avec moi mais je garde espoir pour d’autres essais.



12/20




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