22 févr. 2022

Rocaille




Gésill ne dort plus depuis qu'il est mort.
Assassiné puis ramené à la vie par les Funestrelles, des brigands sans scrupules qui voudraient le voir reprendre son trône, l'ancien roi Gésill n'a plus goût à rien.
Son sang vert, autrefois seule source de végétation de la Rocaille, s'est tari. Il pourrit. Seul un représentant des Magistres, ces êtres mythiques exterminés par les ancètres de Gésill, pourrait y remédier.
Aussi, lorsque les Funestrelles, accompagnés du défunt, se mettent en quête de trouver un jeune homme qu'on dit leur dernier descendant, ils sont loin d'imaginer que leur découverte ébranlera toutes leurs certitudes. Sur la Rocaille comme sur eux-mêmes.



Pourquoi ce livre ? Suis-je obligée de souligner que c’est avant tout pour la beauté de la couverture que j’ai craqué sur ce livre ? Je vous rassure, le résumé me tentait également, je n’ai donc pas trop hésité à me lancer.

Rocaille est un titre parfait pour symboliser le paysage aride. Plus rien ne pousse, les animaux peinent à survivre. Conséquence, le peuple est dépendant d’un souverain qui se moque de lui mais qui est obligé de remplir son devoir, à savoir produire des aliments végétaux à partir de son sang vert. Pénible héritage royal qu’il partage avec son frère et sa sœur. Autant dire qu’à trois pour nourrir toute une population, en plus des membres gourmands de la cour, c’est compliqué. C’est d’autant plus extrême quand le roi est assassiné… puis ressuscité, sans ses pouvoirs.

Autant lever le suspens, j’ai adoré l’univers et ses personnages. Entre le roi déprimé et imbu et les mercenaires sanguins, on assiste à des dialogues plutôt savoureux et quelques rebondissements. Côté cour royale, nous ne sommes pas en reste avec un prince devenu fou et une princesse qui subit les demandes d’épousailles incessantes. Et pendant ce temps-là, le peuple manque encore de nourriture.

L’intrigue souffre d’un rythme inégal, notamment dans le deuxième tiers dans lequel aucune action n’a lieu, on est davantage dans les relations dans la bande de mercenaires, les Funestrelles, et les intrigues politiques. De plus, je m’attendais à une fin plus discutée et finalement les choses sont rentrées dans l’ordre sans de véritable conflit, si bien que j’ai le sentiment que l’intrigue reste tout du long dans une sorte de platitude. Pour un univers aussi original, c’est assez rageant.

En revanche, j’ai adoré que la trame temporelle soit séquencée par des flashbacks sur la vie de Luèlde le Magistre ou par des flashbacks plus vieux encore sur la vie d’avant, quand les Magistres formaient une communauté soudée. Cela permet d’apprendre énormément de choses, de dresser un peu de suspens. J’attendais ces passages avec impatience.

Les personnages sont bien maîtrisés. Les caractères sont très divisés et malgré les colères de quelques-uns, la trop grande gentillesse et niaiserie des autres, j’ai aimé la plupart d’entre eux. Seuls les deux frères aînés des Funestrelles ont échappé à mon empathie, du fait de leur méchanceté.
Gésill, le roi ressuscité, aurait pu également me laisser totalement indifférente. Pourtant il fait preuve d’un certain courage à affronter sa situation et à essayer de réparer ses torts. En ce qui le concerne, la fin est terrible mais tellement inattendue que je l’ai bien aimée. Il y a une certaine forme de poésie dans son ultime choix.

Le style d’écriture est propre pour un premier roman. Certes un peu froid, il retranscrit parfaitement cet univers minéral où rien ne pousse. Cela manque de poésie, ou de vocabulaire relevé, mais ça correspond parfaitement à la violence des bandits, milieu dans lequel on évolue le plus. C’est donc un style adapté à l’univers, et je suis curieuse de le retrouver dans une prochaine parution.



Une très bonne surprise, qui aurait pu être bien meilleure encore s’il n’avait été ce creux dans le rythme passé la moitié du roman. Les personnages sont divers, bien maîtrisés, on s’attache aisément à eux. L’univers est vraiment marquant, original, avec une magie très discrète mais tellement nécessaire pour la survie du monde. Vraiment une bonne lecture qui me marquera un moment.



16/20




2 commentaires:

  1. C'est vrai que la couverture envoiendu lourd !

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    1. C'est avant tout pour elle que j'ai succombé mais je suis contente que le texte tienne la comparaison ! C'est la même illustratrice que pour L'Hypothèse du Lézard chez ActuSF Graphic, il me semble.

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