10 févr. 2022

Un long voyage




Issu d’une famille de pêcheurs, Liesse doit quitter son village natal à la mort de son père. Fruste mais malin, il parvient à faire son chemin dans le comptoir commercial où il a été placé. Au point d’être pris comme secrétaire par Malvine Zélina de Félarasie, ambassadrice impériale dans l’Archipel, aristocrate promise aux plus grandes destinées politiques. Dans le sillage de la jeune femme, Liesse va s’embarquer pour un grand voyage loin de ses îles et devenir, au fil des ans, le témoin privilégié de la fin d’un Empire.



Pourquoi ce livre ? Ce roman a très rapidement fait parler de lui dès sa sortie. Première parution de l’autrice, le résumé comme la couverture me tentaient beaucoup, d’autant plus que le livre est étiqueté sous le genre de la Fantasy. Oui mais voilà, plus je lisais de chroniques et commentaires et plus il s’avère que la part de fantasy est très ténue, ce qui a réfréné mes ardeurs... C’est finalement une rencontre avec l’autrice elle-même qui m’a décidée à me lancer.

Un long voyage est une œuvre d’envergure, sans prétention. Il relate une histoire de petites gens dans un quotidien intemporel. L’histoire pourrait prendre place dans un décor médiéval, ou bien un décor de renaissance à l’italienne.
Je parlais de quotidien, et c’est bien ce que l’on découvre ici. Il s’agit de l’histoire de Liesse, de sa plus jeune enfance à son vieil âge. C’est un récit à la fois tendre et violent, au dépend des aléas qu’offre ce long voyage.

Il est très étrange pour moi de me rendre compte que ce roman sans prétention a frôlé le coup de cœur. Il ne s’y passe pas grand chose : un peu d’amour, des tâches administratives, de la politique pour épicer ce petit plat et une pincée de magie. Ca ne plaira clairement pas à tout le monde, en raison de son rythme lent et de son impact modéré… mais en ce qui me concerne j’ai ressenti quelque chose de singulier à cette lecture, comme un sentiment d’enfiler des chaussons et de boire un thé en bonne compagnie. Peut-être est-ce dû au fait que le narrateur nous interpelle régulièrement ?

Les sentiments sont également très présents. Liesse, le narrateur et protagoniste, est un individu discret, humble, qui raconte avec bienveillance son passé. De fait, sa façon de narrer les choses est plus ou moins orientée et je me suis laissée prendre par ce tourbillon d’émotions et d’attachement envers les personnages principaux.

Je retiendrai avant tout Malvine la gouverneuse impériale, parce que c’est son histoire vue par les yeux de son secrétaire. Malgré le rebond de sa situation, de sa personnalité, en cours de route, elle m’a fascinée tout du long, par son assurance et sa bienveillance. A aucun moment elle ne profite de sa position, préférant venir au secours des autres.
Liesse m’a également fait grande impression. Loin d’une vie d’aisance, il prend sa mission à cœur, allant jusqu’à renier patrie d’origine et amis sans faire montre d’ambition, juste par dévotion envers quelqu’un en qui il croit. Du début à la fin sa vie aura rencontré bon nombre de difficultés, et pourtant jamais il ne s’apitoie sur lui-même (à une exception près, peut-être).
Gemetous. Au fil de la lecture, la surprise quant à son identité se perd facilement, j’avais deviné avant la fin qui cela pouvait bien être. Peu importe, la tendresse et la promesse d’avenir sont suffisantes en soi.
Ce n'est pas souvent que je l'évoque, ce sera même sûrement l'exception qui confirme la règle mais... j'ai beaucoup aimé la sonorité des noms. Liesse, Étincelle, Chanson... Reprendre des noms communs pour en faire des noms propres sans que cela n'influe sur le caractère du personnage, j'ai trouvé cela original (même si ça rappelle L'Assassin royal par certains aspects), une autre manière de revisiter la langue française.

Pour un premier roman, le style d’écriture est bluffant. C’est léger, doux, d’une fluidité parfaite. Pas un mot ne se place plus que l’autre, le lexique est aussi humble que son narrateur. Et pourtant j’ai eu le sentiment de lire quelque chose de noble, de relevé, par cette simplicité assumée. J’ai adoré et rien que pour cette plume je me ferai une joie de lire les prochains romans de Claire Duvivier.



Cette lecture avait tout pour m’ennuyer, ce fut tout l’inverse. J’ai été transportée par cette ambiance sereine, singulière, portée par une voix du peuple. Sans avoir une vie d’aventure, Liesse connaît et subit les remous de la politique et nous entraîne dans son sillage. J’ai ressenti énormément d’émotions au fil de cette lecture mais certainement pas l’ennui : j’ai adoré.



17/20




2 commentaires:

  1. De jolie choses, mais je ne suis pas ressortie aussi convaincue que toi, j'ai trouvé le rythme pesant perso.

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    1. Oui, j'avais lu ta chronique, qui m'avait refroidie d'ailleurs. Je comprends que ça ne plaise pas à tout le monde. L'ayant lu sur deux après-midi, peut-être que ça m'a aidée à mieux l'apprécier, je n'ai pas eu l'impression de le traîner un moment.

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