14 nov. 2017

Le Transperceneige, intégrale




Un jour, la bombe a fini par éclater. Et toute la Terre s'est brutalement retrouvée plongée dans un éternel hiver gelé, hostile à toute forme de vie. Toute ? Pas tout à fait. Miraculeusement, une toute petite portion d'humanité a trouvé refuge in extremis dans un train révolutionnaire, le Transperceneige, mu par une fantastique machine à mouvement perpétuel que les miraculés de la catastrophe ont vite surnommé Sainte Loco. Mais à bord du convoi, désormais dépositaire de l'ultime échantillon de l'espèce humaine sur cette planète morte, il a vite fallu apprendre à survivre. Et les hommes, comme de bien entendu, n'ont rien eu de plus pressé que d'y reproduire les bons vieux mécanismes de la stratification sociale, de l'oppression politique et du mensonge religieux...



Pourquoi ce livre ? C'est un pur hasard, on m'a conseillé le film, mon copain l'a su. Détenant l'intégrale de la bande dessinée, il me l'a quasiment mise de force dans les mains pour que je la lise.

Je fus agréablement surprise. Moi qui ne suis pas une férue de la bande dessinée, je fus embarquée par cette lecture avec une violence inattendue.

Cette bande-dessinée ne nous permet pas, ou plus, de croire en l'homme. En tant que lecteur, on assiste à la consumation de ce qui reste de l'humanité. Oubliez les joies, oubliez la compassion, oubliez tout sentiment positif. Le Transperceneige vous conduit au bout de notre société, dans un univers post-apocalyptique glacial. Si les planches nous dévoilent les paysages dévastés, on évolue le plus souvent en huis-clos au cœur de cette fausse civilisation, nous plongeant dans une atmosphère angoissante et repliée sur elle-même. Moi qui suis claustrophobe, je peux vous dire que je me suis sentie mal à plusieurs reprises.

Je fus surprise de voir que l'histoire entre le tome un et deux ne se suivaient pas. On découvre de nouveaux personnages, une nouvelle hiérarchie. En revanche, l'auteur dévoile dans l'un comme dans l'autre les travers des "nobles", qu'on appréhende évidemment comme une grosse critique de notre société actuelle, où les gros se déchiquètent le pouvoir quand les plus faibles ne réagissent pas, trop occupés qu'ils sont à vouloir survivre. La présence de jeux pour agrémenter la vie populaire m'a également soutiré un sourire plus qu'amusé, étant la sensation que je perçois bien souvent, notamment au travers des sports et des jeux vidéos.

Les personnages sont forts. Il est difficile de s'attacher à eux, leur caractère est âpre, façonné par les dégâts du temps, dans les deux sens du terme. Les loups montrent les crocs quand les moutons bêlent dans les wagons : les personnages sont employés pour dénigrer le genre humain, pas pour raconter une belle histoire qui se terminerait bien.
Je dois dire que cela fait parti du charme de cette BD. Tout y est sombre, que les personnages soient dans ce même état d'esprit permet une meilleure cohérence, chose que je retrouve rarement dans des histoires du même type.

Les dessins sont très frustres, brouillons. Les traits sont grossiers, épais, cela procure une sensation malaisante qui contribue à l'atmosphère pesante lors de la lecture. J'ai vu dans d'autres critiques que certains n'avaient pas apprécié cela, je trouve pourtant que c'est nécessaire pour plonger entièrement dans les restes de notre humanité.

Mon dernier mot sera pour un parallèle avec une précédente lecture, à savoir Silo de Hugh Howey. Les deux histoires se ressemblent, c'est de la post-apocalyptique où l'humanité se retrouve enfermée dans un contenant clos, que ce soit un silo ou un train. De là, il faut apprendre à survivre en se serrant les coudes. De là découle une critique forte de notre société. Eh bien, j'ai largement préféré la version du Transperceneige, où l'atmosphère est plus sombre et cohérente, où la fin n'est pas bâclée, où l'auteur/dessinateur ne voulait pas divulguer une simple histoire romancée pour plaire au grand public.



Un coup de cœur phénoménal (imprévu) pour cette bande dessinée. Si le thème général est plus que banal de nos jours, les artistes ont su développer une atmosphère sombre et dérangeante comme rarement j'ai assisté. Les personnages sont placés au service de cette ambiance, ils dévident le fil de l'histoire avec une morosité qui accroche. La fin est semblable au reste de l'intrigue avec une tension allant crescendo pour finalement… ça. Mais c'est à vous de découvrir ce qu'est ce fameux ça. Je vous conseille fortement cette bande dessinée, une des meilleures que j'ai pu lire jusqu'à maintenant.



19/20


2 commentaires:

  1. Très envie de lire cette BD après avoir lu ton avis, le film m'avait beaucoup interpellée, impressionnant...

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    1. Il est marquant mais bien moins que le livre, tu peux me croire. L'ambiance n'a même rien à voir, le ton du film se plonge dans l'absurde quand le livre est vraiment oppressant...

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