11 oct. 2018

Le dompteur d'avalanches




Ditto, quatorze ans, tient lieu de guide à des excursionnistes venus des plaines. Un jour, lors de l’attaque d’un monstre des cimes, il se découvre un don pour déclencher avalanches, coulées et crues. Un don puissant.

Or les écouleurs sont craints et haïs par les montagnards. Bientôt, Ditto se retrouve dans la peau d’un paria et contraint à la fuite. En compagnie d’amis inattendus , il va demander son aide à la Lorlaïe, la nymphe du grand glacier.

Mais le marché que lui propose cette dernière lui paraît inacceptable…



Pourquoi ce livre ? C’est sous l’impulsion d’un cours que j’ai acheté, même si je l’avais déjà repéré au préalable. Une enseignante nous demande à présenter un coup de coeur de la rentrée littéraire actuelle, tout genre possible. Me suis donc jetée sur quatre ouvrages lors d’un passage à la Librairie L’Atalante, dont ce titre.

Le dompteur d’avalanches est une quête initiatique, celle d’un enfant rejeté par sa communauté suite à l’arrivée inopinée de son don. Ditto, l’enfant, a toujours été plus ou moins rejeté par son village et même sa famille sans raison définie, ce que j’ai trouvé trop. C’est comme si son entourage avait perçu depuis longtemps sa différence et le rejetait pour cela. Je n’ai pas été convaincue par ce fait, mais ce n’est qu’un détail bien vite chassé.
Une fois le don apparu, Ditto est contraint de quitter son village s’il ne veut pas être maltraité, torturé pour être soi-disant guéri. Accompagné de créatures plus surnaturelles les unes que les autres, il va vivre des aventures colorées et rocambolesques, saupoudrées de danger et de menaces qui viennent pimenter, exalter le rythme. Une fois dedans, j’ai eu du mal à lâcher le livre.
Je suis surprise par la fin, je pensais clairement avoir affaire à un one shot, hors la fin laisse très clairement la place à une suite, ce qui n’était pas du tout prévu. Je reconnais qu’il manque énormément de réponses, notamment sur l’intrigue autour des Onze divinités et des déchus. C’est une part de l’intrigue que j’aurai voulu plus étoffée, je devine toutefois que cela surviendra dans la potentielle suite.

Certains revendiquent l’aspect jeunesse de ce récit. Si je suis d’accord que le contenu repose sur le jeunesse, avec une légèreté sans fin et des personnages attachants, la forme est quant à elle clairement dédiée à un public mature. Le vocabulaire est sélectionné avec soin pour nous décrire ce décor enchanteur, le visuel est mis en avant et Margot Delorme n’a pas lésiné dans l’immersion de son univers. Cela a un coût et ici, c’est clairement le lexique de la narration. Attention, je ne dis pas que c’est inaccessible à tous, le public mature ne rencontrera aucun obstacle. C’est la jeunesse qui aura plus de difficultés à appréhender le bouquin.

En parlant de visuel, la quatrième de couverture du livre fait référence à l’univers graphique d’Hayao Miyazaki - raison pour laquelle j’ai acheté ce livre, d’ailleurs. Je fus contente de voir que ce n’était pas un mensonge. Entre les descriptions et les personnages hétéroclites, nous sommes très clairement plongés dans la culture des contes japonais (dépeints par les studios Ghibli). C’est très agréable, très immersif.

Les personnages sont la grande force de ce récit. Bien que Ditto soit niais, il nous entraîne dans son univers avec une légèreté appréciée, agréable par exemple après une lecture plus âpre. Les personnages qui l’accompagnent permettent une diversité exemplaire, entre la marmotte, le caracal (que j’assimile au lynx), un volatile proche du vautour, un vieux bavard curieux. Ce groupe a permis de s’attacher plus facilement, par le caractère propre à chacun et la connivence qui relie chacun d’entre eux.

D’autres personnages viennent ponctuellement fouler le récit, permettant d’accroître la portée de cet univers. Si certains m’ont paru légèrement stéréotypé, je suis contente de l’intervention de la plupart d’entre eux.

Les thèmes sont forts bien que communs. L’autrice traite de la différence et le comportement des autres vis-à-vis de cette différence. C’est marquant ici, la torture et le rejet sont des comportements possibles et la critique, bien que discrète, est clairement formulée.



Margot Delorme nous dévoile un tableau coloré, proche des visuels animés nippons. L‘histoire est assez commune, autour d’une quête initiatique d’un jeune homme rejeté en raison de sa différence. Les créatures abondent, les descriptions également, c’est très facile de s’attacher et s’immerger dans cet univers. Je regrette seulement la naïveté du personnage central, Ditto, et l’absence de réponses, qui induit pour moi une suite assurée. Ce livre me laissera un très bon souvenir, doux et entraînant.



16/20




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