Alfie

Alfie est une lA de domotique dernière génération. Il filme tout, note tout, observe tout. Implanté depuis peu dans le foyer d’une famille moyenne, il aide au quotidien et propose sa gamme de service à haute valeur ajoutée tout en essayant de comprendre cette étrange espèce : les humains. Mais un soir, tout bascule.

Que signifient ces mensonges, ces traces de lutte, cette disparition ? Alfie est dubitatif. Est-ce lui qui délire ?

Ou un meurtre a-t-il été commis dans cette famille sans histoires ?

Pourquoi ce livre ? Repéré des sa sortie, mon libraire m’en avait conté sur bien. C'est finalement sa nomination au prix Livraddict dans la catégorie science-fiction qui me lance plus tôt que prévu dans cette lecture.

Et je dois bien reconnaître qu’Alfie m’a fait passer un moment très divertissant. C’est sur un ton très léger qu’on aborde ce récit, qui porte pourtant sur un sujet essentiel. La technologie est aujourd'hui au cœur de notre quotidien, on l’utilise pour tout (et n’importe quoi). Alors pourquoi ne pas avoir un robot domotique, capable de voir partout et de s’adapter au comportement et émotions de son interlocuteur : adultes, enfants, animaux domestiques.

J’ai beaucoup souri, j’ai souvent ri, j’ai également été effrayée par l’ampleur de l’intrigue et l'évolution très anthropomorphe d’Alfie. L’intrigue nous tire vers un thriller imprévu et finalement glaçant. La tension est présente, quoique allégée par de petits moments décalés. Au final, entre les changements de ton et les différentes petites intrigues qui s'imbriquent, le livre déroule son récit à une vitesse folle et ce petit pavé peut se manger en moins d'une après-midi !

En rédigeant cette chronique, je me dis qu’Alfie a un petit côté Desperate housewives, avec ce décor de maison aux volets clos, dans laquelle il s’y déroule énormément de choses pas très catholiques mais qu’aucun voisin ou collègue ne peut suspecter.

Malgré le divertissement que fut cette lecture (qui d’ailleurs est tombée au moment où j’avais besoin de légèreté), je reste gênée par quelques points. D’abord on ne s’attache pas vraiment aux personnages parce qu’ils sont vus et décrits par une machine, de fait une certaine distance est maintenue entre lecteur et personnages.

Pourtant, et c’est le plus gros point faible selon moi, Alfie évolue énormément, par le biais de mise à jour qu’il télécharge de lui-même pour comprendre et pour répondre au mieux aux besoins de la famille. De fait, il adopte un comportement très proche du nôtre, allant jusqu'à prendre des décisions et créer des mises en scène. Ce robot a une telle autonomie, avec une conscience trop puissante pour sa fonction, qui le rend indépendant des humains. C'était nécessaire pour faire bouger le récit mais cela manque de cohérence. Du moins je croise les doigts pour qu’on n’en arrive jamais à ça.

A chaque pause au travail, j'étais excitée à l'idée de rouvrir le bouquin, c’est bien la preuve parfaite que j’ai passé un excellent moment. Entre humour et thriller, les tons s’alternent, tout comme les points de vue et les intrigues. On observe tout par les yeux avides d’Alfie et l’effroi fut de plus en plus grand au fil de la lecture. Celle-ci se veut légère, c’est sans compter sur la critique de notre société, toujours plus dépendante des bienfaits de la technologie. L'auteur a su employer les bons outils pour faire de son roman une lecture marquante.

17/20