Ne pas couper de bois vivant.
Ne pas faire couler le sang d’un animal.
Accepter un échange si nécessaire.
Ne jamais négocier.
Ne jamais accepter de « cadeau ».
Dans les bois du Sud, il y a d’autres bois. Ceux de l’Ormévère, régis par des règles absolues, peuplés de créatures surnaturelles. Ils sont si dangereux que nul n’en est jamais revenu, à l’exception de Véris. Alors quand les jeunes héritiers du tyran y disparaissent, elle reçoit l’ordre d’accomplir une nouvelle fois l’impossible en les ramenant sains et saufs.
Si elle échoue, le tyran la tuera et décimera son village. Si elle reste dans la forêt plus de vingt-quatre heures, elle et les enfants seront piégés à tout jamais. Un seul faux pas, un mot de trop lui coûteraient tout, et faire preuve d’héroïsme ne suffira pas.
Pourquoi ce livre ? J’ai beaucoup entendu parler de cette étoile montante de l’imaginaire anglophone et j'avais envie de me faire ma propre idée, en commençant par un texte qui ne fait pas partie de ses plus connus.
J’ai été très indécise quant à ma notation, hésitant entre un petit 14 ou un bon 16. Bizarrement, je ne voulais pas m'arrêter sur la moyenne des deux, par besoin de trancher - ce qui m’aide aussi à peser le pour et le contre de mes arguments.
Comme l’exigeait la forêt est une novella courte et percutante, développant un univers assez impersonnel, facilement transposable. Au centre de tous les regards, cette maudite forêt, qui m'a rappelé Fangorn de la Terre du Milieu, avec son lot de mystères, de menaces. Les voyageurs comme les habitants évitent de s’y rendre, car ils savent très bien ce qu’ils y perdraient. Alors quand les enfants du tyran s’enfoncent dans ces cimes, Veris n’a pas d’autre choix que d'y retourner une seconde fois, la boule au ventre et les poils dressés. Car ce n'est pas parce qu'elle a survécu une première fois dans l’Ormévère que le succès sera garanti pour cette seconde expédition.
J’adore ces ambiances forestières, avec les ombres qu’elles renferment, les mirages qu’elles suggèrent, les tensions sous-jacentes qu’elles soulèvent. Quand la forêt devient un personnage à part entière, avec ses règles et ses rituels, le plaisir est total ! Je ne fus pas déçue ici, en dépit du fait que les règles (énoncées dans le résumé) manquent d'originalité. Ainsi, chaque rencontre ajoute de la tension et l’issue est incertaine tout au long de la lecture.
La fin est bienvenue, dans le sens où imaginer une intrigue plus longue aurait été de trop. Là, le rythme colle parfaitement aux ambiances, les péripéties ne sont pas nombreuses mais entretiennent la tension et le mystère en toute simplicité. La fin, la vraie, m’a surprise et a su me tirer un petit sourire.
Les personnages ne sont pas parfaits, loin de là. Les enfants du tyran sont à la fois têtus et apeurés, ce qui n'efface pas ou ne masque pas leur tempérament hautain, dû à leur rang et à leur éducation.
Véris est en revanche intéressante à suivre. Elle est partagée entre son désir de réaliser une bonne action - désir mené par la nécessité de sauver son village et ses proches - et celui d’abandonner les enfants méprisables, sans aucun principe.
C’est très bien écrit. C’est agréable à lire, fluide, très direct. J’aurais souhaité un peu plus de descriptions, sans que cela m'empêche de passer un bon moment.
Une bonne découverte, qui me donne envie de découvrir plus avant la bibliographie de cette autrice. J’adore les ambiances forestières et je me suis régalée ici, grâce aux rituels et aux rencontres. Les personnages ne sont pas marquants mais la fin les présente sous un nouveau jour. Ça me semble être une bonne porte d’entrée dans l’univers de Premee Mohamed.
16/20
Comme l'exigeait la forêt de Premee Mohamed, L'Atalante, 140 p.
Traduit par Marie Surgers, Couverture par Veronica Park




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