Atroce et infernal selon certains, avatar d’un 18ème finissant et catastrophique selon d’autres, quintessence du pré-romantisme et du solipsisme en version gothique selon d’autres encore, Vathek, s’il a reçu les hommages des plus grands de la littérature mondiale depuis sa publication à Paris, est avant tout l’un des classiques de la littérature romantique noire les moins bien établis. Depuis 1787, en effet, on ne lit qu’une version remaniée, souvent abrégée, de l’histoire du Calife Vathek.
C’est le but de la présente édition que de pallier cette manipulation génétique curieuse. L’édition de Didier Girard revient aux premiers états non seulement du texte de Vathek (l’édition de base proposée est celle de l’édition de Lausanne en 1786, jamais republiée depuis, et le lecteur pourra trouver un appareil critique complet avec les variantes par rapport aux éditions ultérieures) mais encore au texte intégral des Épisodes que leur auteur voulait voir publié avec le texte principal. Ainsi pourra-t-on lire, pour la première fois, la version initiale (‘Histoire des deux amis’) et fort différente du premier épisode (‘Histoire de Firouz et Firouzkah’) et pour chacun des autres (‘Histoire de la princesse Zulkaïs’ et ‘Histoire du prince Barkiarokh’) l’ensemble des variantes, permettant ainsi de revenir au texte de départ alors que toutes les éditions existantes de ce conte noir ont été jusqu’ici parcellaires, tronquées ou malencontreusement « corrigées ». Le texte du présent volume a été établi grâce à une étude minutieuse des manuscrits des Épisodes ainsi que des exemplaires des diverses éditions originales de Vathek.
Au-delà d’un retour au texte « premier », cette édition veut faire goûter au lecteur la prose si singulière et si convaincante de William Beckford que Stéphane Mallarmé rangea définitivement parmi les auteurs de littérature française, non pas par convention linguistique, mais au vu d’un style forgé aux exigences du cœur : « rien n’absout l’impéritie apportée au maniement des attaches de la phrase (où celle-ci se dissémine en l’ombre et le vague) ; mais que de conquêtes sur ces deux jumeaux néfastes, oui ! ». Dans cette édition fidèle aux hésitations de la plume, se dessine plus justement peut-être la poésie Beckford.
Lu dans le cadre de mes cours, cette lecture exotique a permis une échappatoire dans les lectures conventionnelles et universitaires.
Le début de l’œuvre, qui nous présente de manière agréable les personnages, plonge le lecteur dans un univers exotique riche et intéressant, où l’élément perturbateur, un Etranger doué de magie, survint rapidement. De ce fait les événements s’enchaînent vite et les pages se tournent rapidement (pour la plus grande joie de l’étudiante en retard dans ses lectures !).
Malheureusement la redondance des péripéties et les clichés liés à l’univers oriental et la vision qu’on en avait de l’époque finirent par avoir raison de ma curiosité. Si les histoires enchâssées ont offert un renouveau dans la lecture, le tout devint tout de même très vite lassant en raison des stéréotypes courant.
La fin relève tout de même un peu les choses. Tout d’abord l’un des récits enchâssés est brutalement interrompu par l’arrivée d’un personnage oublié. De plus ils se préparent à subir un sort peu enviable qui pimente la donne.
Les personnages sont les éléments les plus stéréotypés du récit. Entre le Calife Vathek, légèrement débile sur les bords, sa mère qui cache bien ses secrets, et les autres princes et princesses, tous porteurs d’un défaut plus ou moins important.
Ce qui est drôle et mérite d’être souligné concerne les noms. Là aussi stéréotypés, les prénoms sont difficilement mémorisables du fait de leur complexité consonantique. D’ailleurs je dois avouer que certains noms restaient totalement obscurs pour moi, dans le sens où je ne savais pas quel personnage le portait (elle va être sympathique, la dissertation sur cette lecture !).
Quant au style d’écriture, sans être complexe il est lourd à lire. Le vocabulaire est méticuleusement choisi et les phrases vont au plus court, ne concernant que le récit et non pas le descriptif.
Ce fut une lecture divertissante, malgré l’intensité des saveurs et senteurs qui plongeaient le récit dans des clichés. Entre les noms compliqués et l’absence de détails descriptifs, le récit gagne en lourdeur et en stéréotypes dont je me serai bien passée. Une bonne lecture, mais pas un souvenir impérissable non plus.
13/20
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