Sept hommes, une femme et une enfant.
Ce sont les derniers compagnons qu’il reste au barde Fintan Calathynn pour mener à bien la quête du Roi-diseur, à travers une forêt boréale plus menaçante que jamais. Neuf survivants aux abois, retranchés dans la grotte des Teules, encerclés par l’ennemi. À l’heure où la gabarre livre ses derniers secrets, et où les arbres tremblent de la colère des géants, les fugitifs devront jouer cartes sur table et révéler les ombres issues de leur passé. À commencer par l’énigmatique Shakti…
Pourquoi ce livre ? Dès le succès retentissant de Manesh dans mon petit coeur de lectrice amoureuse de la plume, j’ai foncé acheter la suite (un jour de déprime, et je me rappelle qu’il n’y avait que celui-là et un Rothfuss dans le lot - je deviens trop élitiste !).Il aura fallu attendre sept mois et la rencontre de l’auteur aux Imaginales pour le sortir. Mais il est lu et bien lu, et maintenant je me morfonds jusqu’à la sortie poche du troisième volume.
À nouveau c’est le coup de coeur pour ce mélange de douceur de la plume et de violence du propos. Shakti est l’histoire d’une femme, si frêle et devenant si combative, de la manière dont elle s’est forgée son caractère et ses expériences.
Pourtant, on est loin de commencer avec le passé de Shakti, cette courtisane si mystérieuse dans le premier tome, à tel point qu’elle m’intéressait finalement plus (bien que je les adore malgré tout) que Manesh ou Fintan. Non, l’histoire commence ainsi sur la reprise directe de là où on s’était arrêté, dans l’horreur d’une scène qu’on ne croyait pas possible dès le premier tome. Je ne vous en dirais pas plus, mais la transition entre l’horreur et la reprise de la course poursuite est excellente, pleine de rebondissements et rythme, de sorte que les premiers chapitres, un bon tiers du roman, se déroule sous nos yeux sans qu’on y prenne garde.
J’ai vu que certains se plaignaient que l’histoire n’avançait finalement pas énormément dans ce tome, puisque l’on se concentre sur les faits de Shakti. Je trouve au contraire qu’une foule de détails est apparue, comme la puissance de l’art du Barde, qu’on savait doué sans avoir de preuves tangibles, mais également sur les rapports entre ses hommes et les Teules, dont les relations évoluent bien malgré eux.
Puis vint le temps de cicatriser, réparer les blessures, se reposer avant de repartir en quête du Géant… Le tension monte à son comble alors que Fintan fait la découverte d’une nouvelle catastrophique. Le temps de se dévoiler est venu et Shakti commence, conscience que sa position précaire et sa présence saugrenue dans une telle expédition réclame des explications. Je me suis régalée de son histoire, mélange de traditions et d’une volonté d’évoluer. C’est au final une quête d’identité qui se livre, non pas d’une mais de deux individus. Complexes, les fils des relations trament leur rébellion et leur horreur. L’histoire sur Charogne m’a comblé, parce que l’auteur permet à ses personnages des affronts que j’ai rarement vu ailleurs. Je ne m’attendais pas à ce que les deux compères aillent jusque-là et… puissant, puissant, puissant. Je répète ce mot depuis le début de la chronique mais c’est bien là ce que j’ai ressenti tout au long de ma lecture. La puissance des traditions, la puissance des convictions, la puissances des arts, la puissance des mots.
Les personnages sont toujours aussi solides, uniques, résolument défendus par leur expérience et leur utilité. Shakti m’effraye et me plaît à la fois, dans un mélange savoureux qui crée des frissons. J’ai vraiment adoré en apprendre plus sur elle et je suis finalement frustrée d’être ainsi interrompue dans ma découverte de sa vie.
Fintan est, bien entendu, toujours le pilier de cette équipée. Sans lui, tout serait déjà partie en vrille et la quête serait vaine. D’ailleurs, Manesh doit sa position à lui, même s’il semble faussement l’oublier.
Les blessures des uns et la fatigue mortelle des auteurs ont serré mon palpitant plus d’une fois, preuve que je suis attachée à chacun d’eux…
Enfin, la plume est toujours aussi délicieuse. Comme dans le premier tome, cette fameux impression qu’un barde raconte une histoire est présente, bienfaitrice. On prend le livre, on se pose dans un coin douillet, et on se laisse couler sur cette plume tantôt violente, tantôt apaisante. Car oui, Stefan Platteau mêle les rythmes et les tons aussi facilement qu’un compositeur, avec peut-être plus de beauté encore. L’attente pour le troisième opus s’avère longue…
Amoureuse, comment ne pas l’être ? Si l’auteur est charmant, il présente avec une douceur son univers, avant de nous plonger dans un déchaînement de violence qu’on a du mal à supporter, tant l’horreur frappe. L’auteur mêle les tons, mais maîtrise parfaitement le caractère unique de chacun de ses personnages, peu importe leur origine, leur croyance, leurs expériences. Depuis ce tome, je me sens comme orpheline et la lecture suivante fut probablement une déception en raison de ce sentiment. Quoi qu’il en soit, lisez cet univers, buvez ces mots : c’est probablement une des meilleures sagas de fantasy que j’ai découvert - et Dieu sait que j’en ai attaquée beaucoup !
19/20
Les autres titres de la saga :
1. Manesh
2. Shakti
3. Meijo
- saga en cours -
1. Manesh
2. Shakti
3. Meijo
- saga en cours -
J'ai découvert l'auteur dans un salon, et il a tellement bien présenté son histoire que j'ai pris le premier tome :3 ! Ton avis est tout beau et me donne encore plus envie de découvrir cet univers^^
RépondreSupprimerFonce, fonce, fonce ! C'est génial, bien amené et bien raconté !
Supprimer