Elles s'appellent Nadia, Euphoria, Gloria, Patrizia... Depuis plus de 20.000 ans, elles veillent sur nous, luttant contre une puissance d'outre-Terre qui moissonne l'humanité en provoquant partout crises, famines et guerres. Les anciens Romains avaient fait d'elles des allégories, mais aujourd'hui plus personne ne connaît leur secret. Femmes mûres, mères protectrices, dirigeantes ou jeunes filles exaltées, elles sont nos vigies. Au fil des âges, de l'abbaye du Thoronet jusqu'à l'observatoire de Nice, des Calanques jusqu'au port antique de Forum Julii, elles ont été de tous les rendez-vous de l'Histoire et elles protègent notre futur. Ce sont les Victoires.
Pourquoi ce livre ? À dire vrai, ce livre fut la victime d’un achat compulsif. J’étais aux Utopiales, mon copain s’est arrêté au stand des éditions ActuSF pour se procurer le recueil. J’en ai profité pour farfouiller et paf, je tombe sur ce livre qui finit dans ma PAL sans trop de mal, un petit cadeau de mon copain. Merci !
L’Origine des Victoires est une ode à la féminité, ou plutôt à la femme. Composé de plusieurs nouvelles dans un même univers, le nôtre, chacune va présenter la menace du mal, incarné par l’Orvet, et sa confrontation avec une Victoire, une femme d’origine quelconque éduquée dans le but de le détruire ou, du moins, d’arrêter ses machinations.
J’ai beaucoup aimé car le choix de ces petites aventures, en lieu et place d’une narration digne d’un roman, permettent de voir l’évolution du personnage maléfique et d’appréhender le développement des armes et de la ruse des deux côtés. Par ailleurs, le choix d’une déchronologie est parfait pour remonter jusqu’à ses origines.
Les seuls moments où j’ai tiqué reposent sur les deux chapitres finaux. Je ne peux trop en révéler sans risquer de vous dévoiler tout l’objectif de cette oeuvre, mais j’ai trouvé la chose plus décousue sur le moment. Avec le recul, je prends conscience que l’emplacement de ces deux parties est nécessaire : d’une, le suspens est à son comble, de deux, le lecteur devenu voyeur comprend d’où tout cela part et devine comment cela peut se terminer.
En somme, j’ai bien aimé l’ensemble des chapitres, sans que l’une se démarque de l’autre, permettant de lier chaque histoire l’une à l’autre. Un petit succès.
Par ailleurs, j’ai bien aimé que l’auteur ne cantonne pas son récit à une seule ville dont on remonterait son évolution jusqu’à la source. Au contraire, les récits sont dispatchés un peu partout, passant de Paris au Sud de la France, sans oublier les monastères religieux et l’espace. Ce choix a permis le dépaysement à chaque nouvelle.
J’ai beaucoup apprécié les personnages. Que ce soit l’Orvet, cette figure du mal discrète qui agit plus par ruse que par réelle intervention, ou les Victoires, qui mettent le pied dedans pour contrecarrer les plans de leur ennemi, ils se dégagent de chacun d’eux une telle force, une telle intensité, une telle détermination qu’elles m’ont subjuguées. En lisant une nouvelle par jour, on découvre et redécouvre à la perfection les décors de et c’est parfait.
Finalement, on s’attache peu aux Victoires car l’objectif n’est pas de les prendre en considération une par une, mais bien de capter l’essence de leur devoir. J’ai beaucoup aimé les voir comme un tout, une institution vieille comme l’humanité, plutôt que de les accepter dans une individualité qui ne leur correspond plus. De plus, ne pas s’attacher à elles permet de retenir notre attention sur des choses plus importantes, comme le combat qu’elles mènent face à leur ennemi.
J’ai bien apprécié la plume également. Sans apporter une réelle difficulté, elle mélange à la fois un niveau de langage et un rythme de phrase qui permettent une immersion instantanée totale.
La seule gêne ressentie provient du savoir de l’auteur, qui n’hésite pas à détailler les époques, les philosophes et d’autres références connues. Si cela ne gêne en rien la lecture, j’ai eu comme l’impression qu’Ugo Bellagamba voulait simplement étaler ses connaissances à la face de tous, sans que cela apporte de la matière à son intrigue. Ma déception réside seulement de ce côté-là, ce qui appartient en soi au domaine du détail.
Une très bonne lecture, tout simplement. Le voyage à travers les époques de façon décroissante, du plus récent au plus ancien, m’a offert une surprise de taille. En parallèle, l’absence de développement des Victoires offre une concentration absolue sur leur ennemi et permet une immersion totale dans ce récit éclaté. J’ai tiqué sur les références un peu trop pompantes de l’auteurs mais, en dehors de ce seul trait négatif, je n’ai pas boudé mon plaisir à m’immerger dans chacun de ces récits, même la fin est finalement parfaite, cohérente avec le reste. Un bon moment de lecture, que je recommande à ceux qui recherchent de l’originalité dans la science-fiction.
16/20
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