21 oct. 2022

La Maison au milieu de la mer céruléenne




Linus Baker mène une vie tranquille et solitaire. À quarante ans, il vit dans une petite maison avec un chat caractériel et ses vieux disques. En tant qu'agent du Ministère de la Jeunesse Magique, il doit s'assurer du bien-être des enfants dans les orphelinats supervisés par le gouvernement.
Mais lorsqu'il est convoqué de manière inattendue par les Cadres Extrêmement Supérieurs, il se voit confier une mission curieuse et hautement secrète : se rendre sur l'île de Marsyas dans un foyer où résident six dangereux pensionnaires.
Obligé de mettre ses craintes de côté afin de rédiger un rapport objectif sur l'établissement, Linus va vite comprendre que les enfants ne sont pas le seul secret que renferme l'île. Il devra également réussir à cerner le charmant et énigmatique directeur des lieux, Arthur Parnassus, qui fera tout pour défendre ses protégés.
À mesure qu'il découvre d'incroyables secrets et qu'il se rapproche d'Arthur, Linus va se retrouver confronté au plus difficile des choix : faire son devoir ou écouter son cœur.



Pourquoi ce livre ? De base je n’étais pas attirée par ce roman : trop jeunesse pour moi, alors que depuis quelques années je me tourne de plus en plus vers des romans plus matures, plus sombres aussi. Il a fallu le Prix Livraddict et la catégorie Fantastique dans laquelle il est classé pour me lancer, sachant que je voulais participer mais que seuls deux titres m’intéressaient. Je me suis donc lancée dans cette lecture, sans rien n’en attendre en retour.

La Maison au milieu de la mer céruléenne est certes un roman qui trouve sa place sur l’étagère d’un adolescent, je reconnais toutefois avoir passé un bon moment. C’est une lecture originale, qui sort de ma zone de confort, dans le sens où elle traite surtout de la différence entre chacun, par le biais des pouvoirs magiques des orphelins, et de l’acceptation de soi. Vous l’aurez compris, c’est un one shot qui tend vers le feel good (et ça a peut-être matché parce que c’est ce dont j’avais besoin à ce moment-là).

J’ai failli abandonner ma lecture. Au début, on est dans un univers morne avec un protagoniste qui subit totalement la propagande de son entreprise, avec leurs Règles et Règlements qui définit son travail et qui régit ses choix de vie. Enfin, si on peut appeler ça une vie… C’est à un point où on ne sait pas du tout comment il s’occupe en dehors du travail (mais je crois me souvenir que les employés travaillent sept jours sur sept). Bref, une vie de rêve, un décor, pluvieux, sur les quatre premiers chapitres. C’est long, monotone, ça ne correspondait pas à ce que je voulais lire.
Je me suis accrochée et je ne le regrette pas. La suite s’améliore. Déjà je me suis attachée aux enfants, à Arthur et à Zoé. J’ai même fini par m’attendrir devant l’évolution de Linus, ce fameux protagoniste lobotomisé par le Ministère. L’intrigue ne suit aucune action particulière, l’intérêt se porte davantage dans l’introspection des personnages et la survie - ou non - de l’orphelinat. J’ai beaucoup aimé les chapitres où les enfants partent à l’aventure mais les moments de partage et de confiance dans les chambres m’ont également touchée.
La fin m’a laissée un peu plus de marbre. La relation entre Arthur et Linus n’offre aucune surprise, tous les détails nous entraînent dans cette direction. Autant j’ai aimé les petites remarques d’Arthur au sujet de son interlocuteur, autant le reste ne m’a pas convaincue. Même la toute fin manque de saveurs. On sait pertinemment quels seront les choix de Linus, comment ces décisions seront accueillis par le Ministère et les orphelins, autant dire que ça correspond à l’esprit feel good mais que ça tourne trop en happy end pour moi. C’est le monde des bisounours, à l’inverse de la grisaille du début.

Dans tout ça, je n’ai pas bien compris l’objectif du Ministère. D’accord, un des enfants est potentiellement dangereux mais c’est en le jugeant ainsi et en le traitant d’une mauvaise façon qu’il développera son côté démoniaque. Je comprends les inquiétudes mais je trouve les décisions trop poussives.

Comme je le disais ci-dessus, j’ai eu du mal à me familiariser avec Linus Baker. Lobotomisé comme il est, je ne trouvais aucun intérêt à suivre ses traces, même s’il semble très “gentil” quant aux rapports fournis au sujet de ses précédentes visites dans les orphelinats. Son manque de réactions le rend vraiment antipathique. Et puis on s’habitue à sa morosité et son détachement à toute épreuve, jusqu’à ce que la coquille se fêle et qu’on découvre sa beauté intérieure en même temps que les enfants et leur protecteur.
Pour les enfants, j’ai eu du mal à les différencier. On les voit très souvent ensemble et ce fut difficile pour moi de discerner qui sait quoi faire dans le lot. Toutefois je m’en fiche un peu car si leur différence est au centre de l’intrigue, leurs pouvoirs n’est pas un élément central du roman. Ça dessert uniquement le propos - ce qui est déjà pas mal ! Ainsi peut-on faire une petite comparaison avec Miss Peregrine et les enfants particuliers de Ransom Riggs, mais la comparaison s’arrête à la diversité des dons détenus. Quant à Arthur, le directeur et instituteur, c’est un homme bon au service d’une cause juste, ça suffit pour le rendre attachant. Au-delà de ça, il parle bien, fait preuve d’une confiance sans faille. Sa relation avec chaque enfant est unique mais très belle à suivre. Ça donne le sentiment d’avancer dans une famille hétéroclite mais très proche.

Le style d’écriture s’adapte à l’environnement et aux personnages. On est passé d’une lourdeur sans fin à une plume très fluide, légère, une certaine fraîcheur qui correspond bien au décor venteux de l’île. C’est un peu facile mais ça rend la lecture divertissante.



Un début difficile qui amplifie la légèreté et le rayon de soleil qu’est la suite. J’ai failli abandonner en raison de la lourdeur de l’univers et des personnages, je suis maintenant satisfaite d’avoir persisté car j’ai bien apprécié les moments avec les enfants. Le protagoniste évolue énormément, un peu rapidement peut-être, mais c’est lié à l’ambiance feel good. C’est ce qu’il faut retenir : c’est un livre mignonnet, une histoire de vie et de valeurs.



14/20




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