Idaho, XIXe siècle.
La guerre de Sécession a pris fin voici quelques années, et c'est désormais le temps de la ruée vers l'or. La ville d'Idaho City, en plein coeur de ce territoire de l'Union, est en effervescence, depuis qu'elle accueille une forte minorité chinoise. Celle-ci est exploitée dans les mines d'or par des Blancs sans scrupules. En dépit des préjugés, la jeune Lily Seaver, fille d'un notable de la ville, se lie d'amitié avec un Chinois lorsque celui-ci la protège de deux bandits à la petite semaine.
Prénommé Lao Guan mais surnommé Logan - nom plus facile à prononcer pour les Américains -, ce Chinois se fait remarquer parmi les siens en raison de sa taille de géant et de la teinte de sa peau, aussi rouge qu'une prune. Au fil du temps, Logan raconte à Lily les contes de Guan Yu, le dieu chinois de la guerre.
Et la jeune fille de s'interroger : qui est véritablement Logan, et quel lien entretient-il réellement avec la figure mythologique de Guan Yu ?
Pourquoi ce livre ? J'ai découvert Ken Liu plutôt tardivement avec un premier recueil, La Ménagerie de papier, qui m'avait fait forte impression puis son fameux L'Homme qui mit fin à l'histoire. Depuis, j'ai envie de lire tout ce qu'il a écrit, plongeant dans les profondeurs de son œuvre en prenant mon temps.
C'est bien pour ça que je ne m'attendais pas à être déçue par Toutes les saveurs. Bien sûr, j'ai retrouvé avec plaisir le style de l'auteur, qui nous plonge toujours avec douceur dans un univers aux notes douces-amères d'Asie.
Au départ, j'ai été perdue. On vogue entre deux temporalités. Et malheureusement je ne me suis pas vraiment investie, dans l'une comme dans l'autre, justement parce que l'immersion dans chacune fut compliquée. Le passé, avec ce héros peu commun, ne m'a pas transcendée, avec ce sentiment de revisiter les contes d'antan avec la valeur des héros, sans aucune originalité. J'ai préféré le présent, grâce à la chaleur que dégageait cette petite américaine, dont le nom m'échappe déjà…
Au final, je me rends compte que ce qui m'a le plus fascinée n'est pas le contenu en lui-même mais la façon dont la méfiance envers les Chinois est mise en scène, avec ce rideau qu'on soulève progressivement, vers l'acceptation de ce nouveau peuple. C'est un tableau peu évident que de peindre le racisme et l'émigration.
Comme je le soulignais au préalable, je n'ai pas vraiment apprécié les personnages, surtout le héros au cœur du passé, parce que je trouvais qu'il était bien trop lisse pour attirer le moindre attachement. Ma préférence va pour la famille de ricains, le père et la fille, les plus curieux et bienveillants envers cette communauté, qui permet de connaître et d'apprendre cette nouvelle communauté.
Par contre, c'est toujours un réel plaisir de retrouver cette plume intimiste, capable de nous transporter dans une nouvelle civilisation, un nouveau décor. En revanche il y a toujours un petit truc qui me donne le sentiment d'une distance entre tout le récit et le lecteur.
Mention spéciale pour la scène du chien. La différence entre les Chinois terre à terre et la réaction des Américains m'a beaucoup fait rire, même si le dégoût était également présent !
Une lecture en demi-teinte. J'ai retrouvé tout ce que j'aime chez cet auteur, une douceur poétique qui cache mal une rudesse sur un trait de vie ou un fait historique. Je regrette surtout le manque d'attachement quant aux personnages, ce qui m'a empêchée de m'imprégner de ces deux récits.
10/20
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