26 janv. 2024

Les Déportés du Cambrien




Révolutionnaires de toutes obédiences, arrêtés par un gouvernement trop magnanime pour les condamner à mort, ils ont été déportés. Plus loin que l'Alaska, la Sibérie ou l'Antarctique. Dans le passé. L'ère primaire, le Cambrien. Un milliard d'années avant notre ère. Le Marteau, ce gigantesque piston à refouler dans le temps les dépose sans espoir de retour dans un monde où la vie n'a pas encore quitté les océans. Avec les années, ils succombent peu à peu au désespoir et à la folie. Jusqu'à ce que soit déporté parmi eux Lew Hahn qui ne ressemble en rien à un prisonnier politique. Pourquoi a-t-il été condamné ?



Pourquoi ce livre ? Honnêtement je suis incapable de dire comment ce roman est arrivé dans ma PAL. Mais il y était et j’ai profité d’un moment où je ne savais pas quoi lire pour glisser ce petit livre dans mes lectures.

J’ai d’abord eu du mal à plonger dans le premier chapitre. Les Déportés du Cambrien est un roman de science-fiction qui se veut très politique. Pas forcément de la politique concrète, qui interrogerait les grandes théories et le système américains - encore que ! C’est une politique qui vise à démontrer quelles limites seraient prêts à franchir les puissants du système, en plus de questionner les limites dudit système. Ainsi les différentes mouvances se retrouvent ici dans des soirées secrètes pour réfléchir à un monde meilleur et souffler les braises de la révolte. Ca, c’est l’intrigue au présent.
Une seconde intrigue se développe en parallèle dans le passé. Car le titre vient de là : les prisonniers politiques encombrants ne sont plus tués via le couloir de la mort mais envoyés dans un passé très très, trèèès lointain, à l’époque du Cambrien, pour y vivre leurs derniers jours ou plutôt leurs dernières décennies (car la plupart arrivent en ayant la trentaine).

Comme je le disais, le premier chapitre est particulièrement difficile car en l’espace d’une dizaine de pages, ce qui est énorme sur un roman si court, l’auteur nous présente un maximum de personnages dans le passé, cherche à nous faire comprendre leur mentalité (entre ceux qui tiennent le coup depuis des années et ceux qui ont complètement flanché), leur orientation politique, etc. Puis un élément vient tout bousculer… et c’est la fin du chapitre. On passe au présent dans le second chapitre, dans lequel l’auteur nous présente quelques nouveaux personnages, leur orientation politique, soulève quelques débats… avant de repartir dans le passé, à la rencontre dans cet élément perturbateur. J’ai eu le sentiment de ne pas réussir à me poser, de ne pas avoir le temps de saisir les personnages et leur portée avant de balancer le cœur de l’intrigue. Mais c’est encore une fois en raison du format court, qui oblige l’écrivain à aller à l’essentiel.

Une fois l’habitude prise d’alterner entre les deux temporalités, j’ai été complètement embarquée par le récit, avec toutefois un intérêt porté davantage sur le passé. Déjà je ne suis pas très férue de politique. Je m’y intéresse de loin histoire de savoir pour qui voter aux élections les plus importantes, mais pas suffisamment pour connaître les grands courants. L’avantage de l’intrigue au passé repose sur une intrigue plus mouvementée avec la question de la survie, du corps et de l’esprit, et sur les soupçons portés sur cette fameuse perturbation.
Et j’ai été très surprise par la révélation quant à celle-ci. En bonne lectrice à l’écoute des personnages, j’étais en totale adéquation avec les personnages. J’étais loin de me douter de la réalité et j’ai été vraiment scotchée par les tous derniers chapitres, avec ce que cela impliquait réellement.

Je ne me suis pas attachée aux personnages, ce qui ne m’étonne pas vu l’année de première parution de ce roman. L’univers politique n’a rien arrangé non plus, vu qu’un personnage incarne davantage un courant de pensée qu’une personnalité. Cela dit, certains personnages se démarquent des autres, et je pense surtout à Jim Barrett et Jacob Bernstein, pour toute cette amitié brisée, pour tout ce qu’ils portent en eux.

Le style d’écriture n’est pas désagréable et pour un roman très pointu sur un domaine que je ne maîtrise pas, la traduction rend la lecture suffisamment fluide et accessible pour accrocher jusqu’au bout.



Je n’attendais rien de spécial de cette lecture et j’ai plutôt passé un bon moment. Certes, l’aspect politique est omniprésent, sans en être barbant. Mon intérêt s’est davantage porté sur la psychologie de ces prisonniers et sur l’arrivée étonnante de ce dernier homme mystérieux. Le parallélisme entre les deux intrigues fonctionne toujours sur moi, cela donne du rythme et gonfle le suspens. Et le style n’a pas trop mal vieilli ! Bref, une bonne découverte, sans être tout à fait mémorable.



13/20


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