Échappant
au scénario d'Homère, Achille et Hector se sont alliés pour vaincre les dieux
et assiéger leur forteresse martienne. Ils profitent de la porte ouverte dans
l'espace par les Moravecs, qui leur apportent un sérieux appui. Mais la porte
commence à se refermer...
Sur Terre, les Voynix, qui ont longtemps été les
serviteurs des Derniers Hommes, ont soudain entrepris de se révolter. Les
Derniers Hommes, élevés dans la soie, vont devoir apprendre à se battre…
Après le franc succès, que dis-je, le
coup de coeur du premier tome, Ilium,
y’a de cela quelques mois, je me devais de poursuivre ma (re)découverte de L’IIiade avec cette réécriture des plus
modernes.
En conclusion, malgré une fin détestable, c’est le cœur lourd que
je referme le deuxième et dernier opus de cette saga. Dan Simmons nous a
conduits d’une main de maître dans une épopée fantasque décrite en profondeur
par des hypothèses scientifiques, mélangeant de ce fait les genres, les tons,
avec une facilité et une maîtrise incroyables. Une profonde érudition est
avancée ici, ce que soit concernant les personnages antiques mais aussi les
auteurs plus contemporains comme Joyce, Shakespeare, Proust et j’en passe. La
plume est entraînante, tout est mis en œuvre pour que le lecteur passe un
savoureux moment, et je peux vous assurer que les mille pages se dévorent en un
temps record ! Le seul bémol repose finalement sur cette fin longuet, si
bien que ce second opus échappe au coup de cœur, pourtant assuré depuis les
premiers chapitres…
Je
peux déjà vous dire que ce fut savoureux…
Le
début nous replonge d’emblée dans les plaines d’Ilium, alors que Grecs et
Troyens se sont alliés dans une lutte pour faire tomber les divinités qu’ils
ont toujours révéré, une alliance qui s’est formée depuis maintenant huit long mois.
Huit mois, vous avez bien lu ! Dan Simmons a fait le choix d’une ellipse
importante afin d’obscurcir ce nouveau contexte, prenant ainsi le temps de poser
et rééexpliquer les bases de ce second opus, et de manière si légère que cela n’amène
ni effet redondant, ni coupure dans la narration malgré le dépassement des
mille pages. Rien que pour cela, chapeau bas !
On
savoure donc les retrouvailles avec les grandes figures héroïques comme Achille
et Hector, mais aussi Agamemnon, Ménélas, et Hélène parmi le commun des
mortels, sans oublier le brave Hockenberry. De plus, c’est l’occasion de
découvrir que l’alliance ne tient qu’à un fil et que les Grecs épient la
moindre preuve d’inattention pour reprendre les combats face à la majestueuse
cité troyenne.
Je viens de
vous présenter le positif, vous devez avoir l’impression que c’est bien court
comparé à la liste des points négatifs mais il faut savoir que c’est un régal tout
au long du pavé, on ne s’en lasse pas, on en redemande même, et c’est
franchement une saga à lire si vous aimez côtoyer la mythologie et les machines !
Place à
présent aux gros aspects négatifs que j’ai pu relever malgré mon intérêt
croissant pour cette œuvre emblématique de la science-fiction.
Si
les changements de partie apportent du suspens jusqu’à la fin, je n’ai pas aimé
le premier car il nous fait passer de la guerre sur les plaines troyennes à la
société moravecs et celle des posthumains, eux qui avaient été absents de la
première manche. Si l’auteur se débrouille pour que nous ayons des nouvelles
des héros mythologiques de temps à autres, ce ne fut pas suffisant à mon goût
et j’ai préféré sa manière de passer d’une intrigue à une autre dans le premier
tome, ou chaque chapitre alterner les points de vue… Heureusement que le
suspens rattrapait tout.
Pour
continuer sur l’idée des changements, à un moment nous apprenons certaines
péripéties sur une ligne de temps alors qu’elle n’a pas encore lieu sur une
autre, ca apporte un léger effet bouleversant qui nous confère un peu le statut
de dieu (ouais, je m’emballe, comme toujours). Après tout, on connaît l’avenir
dans ce passage… Cet effet pose néanmoins un petit souci de repère, mais on s’y
habitue rapidement et la tension s’accroît à ce moment-là donc on savoure plus
qu’on rouspète.
Dans
les autres points négatifs on retrouve le sexe omniscient. Bien souvent, il
emploie cela comme un moyen et non une fin, car cela permet de faire retrouver
aux posthumains un rang plus originel et, dans le même sens, d’humaniser les
Dieux grecs, mais les scènes pullulent trop et cela en devient fatiguant… (Bah
oui, il arrive que des fois, on lise des livres pour d’autres intrigues que de
la romance ou du sexe.)
Dernier
point qui détient toute son importance, la fin est tout simplement trop longue.
Si elle apporte son lot de comique, j’aurai préféré quelque chose de plus
phénomène que ce qui nous est rapporté là. Il n’empêche, les dernières paroles
d’Orphu nous imprègnent l’idée que la boucle est bouclée… et que nous pouvons
recommencera cette lecture ! Donc une fin longue, mais les derniers mots m’ont
néanmoins tiré un sourire amusé.
Et
maintenant, je vais vous déballer tous les bons côtés qui vont plus loin que l’intrigue
en elle-même ! Vous pouvez aussi appeler cela de l’interprétation, à
certains moments !
Au
même titre que le premier tome, Dan Simmons nous prouve la qualité, et sûrement
la quantité, de son travail autour de l’œuvre d’Homère. Les noms des combattants
les moins célèbres sont aussi bien exploités que les plus héroïques. De plus,
si concrètement ce tome n’était pas dévoué à suivre les péripéties de l’Odyssée,
l’auteur s’est débrouillé pour que les références y rendent hommage. Encore un
travail remarquable, donc, qui donne du poids à cette excellente saga !
Mais
Simmons va même plus loin que quiconque en mettant en scène les Titans
eux-mêmes. Il utilise ainsi toute la panoplie, toute la profondeur de la
mythologie avec une facilité et une maîtrise déconcertantes, plongeant le récit
dans un grand chaos appréciable. Puis sincèrement, avec le comportement d’Achille,
c’est énorme ! (Ouais, je veux vraiment vous donner envie de le lire ! :D).
Si
je devais m’appesantir sur chaque personnage, ma chronique serait vraiment trop
longue.
Je
peux tout de même glisser quelques mots sur Achille, héros à la grande gueule
(si vous lisiez le livre, vous comprendriez que je ne suis pas vulgaire mais
réaliste), mais j’ai grandement apprécié son impétuosité et son impertinence à
l’égard des Dieux. Son sort présenté à la fin est vraiment pas des plus
enviables, mais cela rajoute une touche de comique appréciable.
Je
n’ai pas vraiment aimé l’utilisation que l’auteur fait des moravecs, cette
société de robots adeptes des œuvres humaines. Si je suis attachée à certains d’eux,
j’ai pris moins de plaisir à lire leurs aventures et leur place, pourtant de
taille, dans l’intrigue.
Quant
à Hélène, elle restera une belle crapule du début à la fin, deux-trois baffes
ne lui serait pas de trop quand on voit ses dernières pensées envers Hector.
La
plume est entraînante, subtile et forte, elle nous fait passer un excellent
moment et nous tire dans ce pavé avec une facilité déconcertante. Mais
sincèrement, c’est tellement bon qu’on en redemande. Pour vous dire, au début
je lisais cent pages par jour, et progressivement je dévorais deux cents pages
car j’étais incapable de m’en passer (hormis pour la fin mais je me suis déjà
arrêtée dessus…).
De
plus, Simmons use et mêle différents genres dans cette unique intrigue, le
romanesque bien sûr, mais également la poésie et, bien sûr, le théâtre, respectant
les codes, créant des effets de surprise qui approfondissent davantage le
texte.
Au-delà
de tout cela, l’auteur fait réellement preuve d’une grande érudition au travers
des nombreuses références à des œuvres externes. De plus, il affilie les auteurs
entre eux par le biais de son intrigue, comme par exemple La Tempête et L’Iliade
dont les personnages, où mages et dieux seraient sur un pied d’égalité. Encore
un détail savoureux à lire…
Aussi,
ces dieux, en côtoyant des êtres mineurs tout au long de la saga, apparaissent
finalement eux aussi comme mineurs par un jeu d’intrigue, de couches sociales
toujours supérieure (y’aura-t-il jamais une fin à cette hiérarchie des
pouvoirs, de la Génèse ?) avec une mise en avant de la théorie comme quoi tout
découlerait de et s’expliquerait par la science… Une théorie à laquelle je n’adhère
pas forcément, une opinion qui n’enlève pourtant rien au fait qu’elle que ce « postulat »
est bien amené, bien maîtrisé jusqu’à la fin…
Au final, le
cycle d'Ilium, que ce soit, Ilium ou Olympos, nous relate en parallèle comment
les premiers héros de l'Antiquité se sont affranchis des Dieux et comment les
derniers Hommes ont évolué après cela, d'abord dépendante d'une certaine forme
de technologie puis… A vous de lire pour découvrir !
Je suis comme toi, j'aurais aimé une fin plus "Wouaw". Et la systématisation des méchants islamistes est très lourde (déjà lu dans Flashback).
RépondreSupprimerDe plus, je suis pas certain d'avoir bien compris qui vient de qui et pourquoi. Malgré tout, on ne peut qu'admirer la richesse de ce roman.
Alors là, je pense que ma lecture est trop lointaine pour que ma réponse ait un quelconque intérêt... Je peux cependant dire que je n'ai pas lu Flashback (d'ailleurs, en dehors de ce diptyque, je n'ai lu que Terreur, qui était excellent aussi dans son genre dans un tout autre décor). Mais oui,c'est bien écrit, avec une maîtrise des codes de la SF et des références antiques.
Supprimer