On l'appelle la Ronce de
Camorr. Un bretteur invincible, un maître voleur. La moitié de la ville le
prend pour le héros des miséreux. L'autre moitié pense qu'il n'est qu'un mythe.
Les deux moitiés n'ont pas tort. En effet, de corpulence modeste et sachant à
peine manier l'épée, Locke Lamora est, à son grand dam, la fameuse Ronce. Les
rumeurs sur ses exploits sont en fait des escroqueries de la pire espèce, et
lorsque Locke vole aux riches, les pauvres n'en voient pas le moindre sou. Il
garde tous ses gains pour lui et sa bande : les Salauds Gentilshommes. Mais
voilà qu'une mystérieuse menace plane sur l'ancienne cité de Camorr. Une guerre
clandestine risque de ravager les bas-fonds. Pris dans un jeu meurtrier, Locke
et ses amis verront leur ruse et leur loyauté mises à rude épreuve. Rester en
vie serait déjà une victoire...
J’ai lu ce premier tome dans le cadre
d’une lecture commune sur le challenge Lire ensemble, organisé par Kyradieuse.
Mes attentes pour ce livre étaient particulièrement élevées puisque je
souhaitais m’immerger à fond dans la Dark Fantasy, avec des complots à gogos et
des rebondissements en veux-tu en voilà ! J’ai eu le plaisir de découvrir
que je ne fus pas déçue : ce livre est tout simplement miam !
En conclusion, sans être introducteur, ce premier tome aura su me
charmer par ses nombreux personnages, par la profondeur et la justesse réaliste
de l’intrigue qui se démultipliera à foison, par cette plume neutre qui nous
entraînera dans les confins de confrontations avec le diable. La violence
devient alors justifiée, le sang coule à plusieurs reprises, des allusions au
sexe sont suggérées, tout comme Scott Lynch distille ses énigmes sans y
répondre. Ce premier tome est un bijou sans être un coup de cœur, mais je serai
plus que ravie de découvrir la suite des aventures de Locke Lamora !
Le
prologue nous plonge d’emblée dans la Dark Fantasy où les voleurs, sans être
les rois et autres grands meneurs de la société, ont une place néanmoins
privilégiée qui entraîne l’ensemble dans un équilibre précaire. De plus, et à l’instar
de la plupart des interludes qui nous livrent sa progression dans l’ordre, le
prologue est l’occasion de découvrir la manière dont s’est jouée l’entrée de
Locke dans la bande des Salauds Gentilshommes, alors qu’il n’est même pas âgé d’une
dizaine d’années, après une enfance difficile. Ainsi, si la majorité du récit
ne porte pas sur cette fameuse progression, l’auteur laisse tout de même une
petite place au parcours initiatique, rendant l’attachement pour Locke encore
plus profond et intense (non, je ne suis pas amoureuse, je l’ai simplement
beaucoup apprécié !).
Il
est difficile de parler de l’intrigue sans avoir l’impression de spolier car
chaque détail compte dans cette toile d’araignée, tout est ficelé ensemble et
les péripéties insignifiantes du début prennent tout leur sens dans les
dernières pages. Ainsi, hormis évoquer la tension allant crescendo jusqu’à l’implosion
finale, hormis ces rebondissements audacieux et ces prises de position
surprenantes, avec des revers de fortune qui dépassent l’entendement, Scott
Lynch nous livre un premier tome excellemment travaillé et addictif. On rit, on
pleure (littéralement), on prend plaisir à côtoyer cette bande de joyeux
lurons, des voleurs au « grand cœur ».
Je
peux quand même/juste vous dire que cette intrigue se lance sur les bases d’un
grand coup, le plus gros que Locke avait osé jusqu’à maintenant. Mais cela ne
se passera pas comme prévu, loin de là, et le chef des Salauds Gentilshommes
devra user de tous ses petits stratagèmes pour parvenir à se sauver des griffes
qui se resserrent sur sa bande.
Je
souhaiterai également mettre en garde contre un jeune public : considéré
comme de la Dark Fantasy, la violence est décrite avec les soins que ce soit
dans l’action (beaucoup, beaucoup, beaucoup de sang) ou dans les allusions (les
comparaisons ont souvent lieu selon le sexe ou la mort).
De
mon côté, j’ai apprécié l’ambivalence entre le « bien » et le « mal ».
En effet, Scott Lynch nous démontre que les méchants selon un jugement moral ne
sont pas forcément dénués de bonté et vice versa. L’auteur nous fait ainsi
réfléchir sur cette notion plus que subjective et, peut-être, changer d’opinion
sur certains comportements.
Mais
ce livre est original tant par le contenu que par la forme. En effet, les
grandes parties sont divisées en chapitres qui s’alternent avec des interludes,
et les uns comme les autres sont eux-mêmes divisés en sous-partie. Cela montre
une grande maîtrise de la structure comme de la temporalité et ce choix permet
également de pouvoir lire ces courtes sous-parties entre deux activités puisque
cela prendre au maximum dix minutes, ce qui est quand même un petit plus non
dérisoire pour un pavé aussi épais.
Comme
j’ai déjà pu le faire remarquer, les personnages qui composent les Salauds
Gentilshommes sont tous plus attachants les uns que les autres. Derrière son
masque de gravité et malgré les responsabilités qui lui incombent par sa
position de chef de bande, Locke Lamora réussit par moment à se dérider et même
sa force mentale en fait quelqu’un d’intéressant à suivre.
Il en va de
même pour Jean Tannent, que je considère comme son bras droit, qui fait preuve
de plus de technique, de savoir, d’érudition, lui qui est féru de livres. Jean
est néanmoins capable de manier deux haches en même temps, autant dire que c’est
un personnage à double tranchant (ahahah, jeu de mots pourri ! XD).
Et puis il y a
les frères Sanza, Calo (que j’ai toujours lu Cardo, sans savoir pourquoi) et
Galdo, deux jumeaux capables de bien des prouesses dans la triche et l’art de
la simulation, et Moucheron, le benjamin de la bande, attachant par son âge et
la force de ses convictions.
Le reste des
personnages servent à la hiérarchie de Camorr, comme le capa Barsavi à qui tous
les voleurs doivent rendre des comptes sous peine de mourir, ou encore l’Araignée
qui dirige d’une main de fer la Division Minuit. Les riches sont également
soumis aux castes avec les don/donna ou encore les Comte, allant jusqu’au seul
duc, le duc de Nicovante. Bref, y’a une richesse incroyable de personnages qui
permet d’approfondir les intrigues tout en leur donnant une note des plus
réalistes. Un petit bijou, de ce côté-là.
Enfin, je ne
pouvais pas refermer le chapitre des personnages sans évoquer Sabetha, où seul
le nom apparaît à plusieurs reprises dans le récit. Elle qui fut membre des
Salauds Gentilshommes et qui semble avoir des liens particuliers avec Locke,
elle reste invisible et je me suis posée beaucoup de questions quant à sa
réelle fonction dans cet univers. Bien sûr, je fus frustrée de n’obtenir aucune
réponse, mais je ne doute pas que cela viendra par la suite ! Scott Lynch
a trouvé le moyen suprême de me tenir en haleine !
Le style se
lit tranquillement. Sans être trop léger, il n’est pas non retors, et je pense
que c’est l’idéal pour un univers tel que celui qu’il s’est employé à créer.
Sans trace de poésie ou d’humour, sa plume nous entraîne dans le confins de
Camorr avec un délice non dissimulé et j’annonce déjà que j’ai hâte de me
reperdre dans cet univers hostile.
Les autres titres de la saga :
1. Les Mensonges de Locke Lamora
- Saga en cours -
J'ai adoré ce premier tome ! ce que j'ai préféré c'est surtout le fait qu'il puisse quand même en grande partie se suffire à lui même... On a envie de continuer avec nos personnages sans avoir besoin d'un big cliffhanger qui nous empêche de dormir.
RépondreSupprimerJe crois que ma plus belle découverte c'est Jean Tannen ! Son côté calme, gentil, intellectuel qui cache un côté tranchant (pour reprendre ton jeu de mot). J'ai toujours adoré ce genre de personnages. Évidemment, il y a tous les autres mais c'est quand même lui qui tient la première place.
Par contre je dois avouer avoir ramer au début avec le style et tout qui se mélangeait... C'était mon premier roman de fantasy pure donc ça joue aussi mais une fois habituée ce livre est une perle !
Ah oui, tu n'as pas fait ton entrée dans la fantasy avec la saga la plus évidente, accessible, mais je suis contente que ça t'ait plu ! Ca a été une "révélation" pour moi de suivre pour une fois le point de vue des anti-héros dans une histoire à couper le souffle. J'ai une préférence pour le second tome, mais toute la saga a une place particulière dans mon cœur de lectrice.
Supprimer