L'empereur de Sequana veut
faire disparaître la magie de sa cité et persécute les êtres féeriques. Ils
trouvent refuge dans l'hôtel de Beauregard, un détective de l'étrange qui
travaille officiellement pour le pouvoir. Depuis quelque temps, des sorts sèment
le chaos dans la cité. Une entité maléfique répand la terreur, personne n'est à
l'abri. Armé de sa canne-épée, assisté de la jolie Jeanne aux étranges
pouvoirs, Beauregard enquête dans les ruelles et les palais de la capitale,
transformée en théâtre de cauchemars.
Je tiens à tout d’abord à remercier Livraddict et les éditions Folio pour ce partenariat.
Globalement,
j’ai bien aimé, ce qui ne m’étonne pas vu que ce n’est pas mon premier essai
avec les publications de l’auteur. Cependant, et comme dans chacune d’entre
elles, j’ai discerné quelques défauts qui font que cette lecture n’est pas non
plus excellente.
Les
premiers chapitres de l’intrigue nous plongent d’emblée dans un décor riche en
saveurs et en structures provoquant un dépaysement du lecteur et par conséquent
un attachement pour cette période historique et le travail de l’auteur si
intéressant. Il faut d’ailleurs remarquer que Hervé Jubert semble avoir fait un
énorme travail sur le décor en général, que ce dernier concerne le contexte
historique mais également la géographie de l’univers. Ainsi, l’auteur nous
livre quelques anecdotes croustillantes et cocasses, attachées au fantastique
naturellement, sur l’Histoire mais également sur la condition des Feys dans les
autres villes à l’époque de l’histoire. Ces dernières précisions permettent d’ailleurs
d’évoquer des thèmes forts comme l’esclavage et le statut des Noirs. Mais je m’emballe
et cette chronique part un peu dans tous les sens…
Vous
l’aurez compris, le travail « d’érudition » de l’auteur marque de
bons points dans ce premier tome !
Néanmoins,
je trouve que l’intrigue, notamment l’enquête principale, fut bien longue à
être présentée pour un livre si court (il présente trois cents pages en plus
des vingt dernières sur des annexes). Ainsi, il faut presque atteindre les 40%
du livre (si vous êtes bons en arithmétiques, vous saurez que cela équivaut à
cent vingt pages) pour enfin comprendre quel est l’enjeu véritable de l’œuvre,
malgré que ce qui précède contienne de l’action, je ne nie pas cela. Or, cette
action est légèrement décousue, dans le sens où on sent que l’auteur ne pourra
pas faire trois cents pages dessus… Donc voilà, il faut d’abord ronger son
frein pour savoir ce qu’il en est véritablement.
Cependant,
une fois l’intrigue présentée et lancée, il fut difficile de lâcher le livre
tellement je fus embarquée dans cette course contre la montre. L’auteur nous
offre même quelques rebondissements finaux, certains cocasses (rhalala, le
fameux Condé !) et d’autres plus sérieux mais toujours aussi savoureux.
Et
puis, il ne faut pas oublier la magie des lieux, comme la Bibliothèque, très
bien décrits et présentant une touche d’originalité qui m’a fait voyager.
En
résumé, un début assez lent mais une fois dedans, c’est excellent !
Je
voudrais néanmoins rajouter un commentaire sur le fond comme sur la forme avant
de refermer la partie sur l’intrigue.
D’abord
le fond ! Comme j’ai déjà pu le sous-entendre, l’enquête est intéressante
à découvrir, on se prête au jeu facilement. Cependant, je déconseille à tout
fanatique du Thriller de lire ce livre pour ce genre uniquement. Certes, une
forme de suspens se dégage en tournant les pages, cependant ce n’est pas
suffisant pour ravir les adeptes du genre : la touche de Fantastique est
bien plus imposante, c’est l’enjeu de l’histoire.
Maintenant
la forme ! La parataxe est intéressante, elle ajoute de la profondeur à l’univers,
une sorte d’érudition parfois véridique, parfois simplement cocasse. Or j’ai
trouvé que c’était un outil trop de fois employé, du coup cela devenait moins
savoureux… Et surtout, certaines notes sont trop longues : une fois qu’on
a fini de la lire, il est difficile de reprendre là où on s’était arrêté, et c’est
un peu le danger de la parataxe, comme je le dis toujours. Après, je conçois
que cela apporte une touche d’originalité, mais il aurait fallu y aller avec
plus de parcimonie !
En
ce qui concerne les personnages, ils sont bien sûr foule dans un tel univers,
et ils sont pour la plupart attachants.
Nous
suivons le plus souvent Georges Beauregard, un personnage dont nous savons
finalement peu de choses si ce n’est qu’il est solitaire. Bon, on apprend
quelques détails par la suite, mais je ne veux pas non plus vous spolier !
Ces détails secrets engendrent une aura mystérieuse et énigmatique, et si le
comportement de Georges amène l’attachement du lecteur, cette aura, elle,
accroît notre intérêt.
Très
vite, il va devoir supporter Jeanne, une adolescente tout aussi mystérieuse vu
le contexte dans lequel il la découvre. Mais impertinent et impulsive, son
humour taquin la rend toute aussi attachante. Casse cou de nature (le narrateur
emploie même le terme « daredevils » en l’évoquant), elle suscitera
par sa seule présence ou par le poids de ses actes de nombreuses questions.
Maître
Albert, lui, est différent. Présenté comme un érudit, il fait preuve d’un
sérieux quelque peu paradoxal, et on en vient parfois à se demander si c’est
vraiment un maître…
Il
est impossible que j’évoque les personnages sans laisser une petite place à
Condé, cet automate déréglé qui apporte une touche de fraîcheur et un
attachement immédiat.
Quant
à l’ennemi, il est absent une longue partie de l’enquête et son apparition ne
le rend pas vraiment crédible… De plus, l’auteur a choisi de jouer une ellipse
autour d’un combat, qu’on attend depuis longtemps, donc ce fut un peu frustrant
de ne pas pouvoir y assister !
Dernier
point négatif pour les personnages, il traîne une incohérence dans l’évolution
des relations entre Jeanne et Georges. En effet, ce dernier est d’abord pris d’agacement
envers la jeune fille puis, après le premier soir passé ensemble, il ressent
comme un besoin de la protéger, un peu comme le ferait un frère avec sa sœur.
Je dis non ! Que ce sentiment survienne est tout à fait possible, mais pas
sur un laps de temps aussi court ! Ce n’est ni crédible, ni réaliste !
Sinon,
la plume est légère, entraînante, elle nous fait passer un agréable moment et
nous amène vers la fin sans qu’on résiste. Plus mature que dans d’autres de ces
publications, c’est pour le moment ici que je me suis le mieux épanouie.
En conclusion, un premier tome
sympathique, quoiqu’un peu long au démarrage. Une fois un gros tiers passé, la
lecture se fait toute seule et on prend vraiment plaisir à découvrir les
recoins cachés de Sequana. Les personnages sont tous plus au moins attachants,
cohérents et travaillés en profondeur ; seule l’évolution de la relation
entre Georges et Jeanne ne m’a pas plu. La plume est légère, entraînante, on
ressent vraiment du plaisir dans cette lecture léger. Lire la suite n’est pas
une priorité, mais je le ferai avec plaisir.
Les autres titres de la saga :
1. Magies secrètes
- Saga terminée -
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