6 juin 2016

La Ligne verte




Paul Edgecombe, ancien gardien-chef d'un pénitencier dans les années 30, entreprend d'écrire ses mémoires. Il revient sur l'affaire John Caffey - ce grand Noir au regard absent, condamné à mort pour le viol et le meurtre de deux fillettes - qui défraya la chronique en 1932.
La ligne verte est le reflet d'un univers étouffant et brutal, où la défiance est la règle. Personne ne sort indemne de ce bâtiment coupé du monde, où cohabitent une étrange souris apprivoisée par un Cajun pyromane, le sadique Percy Wetmore avec sa matraque et Caffey, prisonnier sans problème. Assez rapidement convaincu de l'innocence de cet homme doté de pouvoirs surnaturels, Paul fera tout pour le sauver de la chaise électrique.



Choisi lors d’un challenge organisé sur Livraddict, c’est en lecture commune avec mon homme que j’ai trouvé le courage de m’attaquer à ce monstre émotionnel.
Je n’avais jamais vu le film, encore moins lu le livre, mais je savais à peu près de quoi ça parlait : un Noir arrêté et condamné à la chaise électrique. J’étais loin de me douter de toute la partie fantastique.

Le début est tout de fois long à commencer. Dans les deux premières parties, l’auteur prend le temps de nous présenter les personnages, leur rôle dans la prison, comment ils ont échoué là (en ce qui concerne les prisonniers, du moins). Il prend également de décrier le Bloc E, lieu où se déroulera la majeure partie de l’action.
Sincèrement, cette partie fut une torture à lire. Il faut vous imaginer que cette présentation s’étale sur une trentaine de pourcents, autant vous dire cela dure cent cinquante pages sur un livre qui en comptent cinq cents.

En revanche, une fois que nous avons passé la grosse partie qui introduit Mister Jingles, ce fut un petit bonheur à lire. On s’attacha aux personnages, à Paul Edgecombe évidemment mais aussi à Brutal, Dean, Janice, et même les prisonniers comme Edouard Delacroix, le « cajun » comme ils disent dans le texte, ou encore John Caffey, le fameux héros de l’intrigue dont le nom « se prononce comme la boisson, mais ne s’écrit pas pareil ».
L’élément déclencheur de toute l’affaire, la partie intéressante de l’œuvre, sera en partie liée au Fantastique, ce qui n’a rien pour me déplaire. Malheureusement je ne peux en parler ici sous peine de spoiler (mais y‘a-t-il encore des gens à spoiler sur La Ligne verte ?).
Progressivement, l’auteur distille le suspens et la tension enfle crescendo. On se surprend à espérer un revirement de situation, à s’apitoyer sur le sort des condamnés alors qu’ils ne subissent qu’une « justice ». On y voit sûrement là une critique de l’auteur envers cette société condamnatrice.
La fin est… horrible, il faut bien le dire. Là encore je ne peux pas trop en parler mais… Que ce soit au sujet de John Caffey, de Paul Edgecombe et sa femme ou même de tous les autres personnages, Stephen King a su trouver les mots pour que l’émotion poignante soit au rendez-vous.
Et puis, alors qu’on voit Paul pleurer davantage alors que l’âge le rattrape, je n’ai pu m’empêcher de me dire, alors que je retenais mes propres larmes, que ce sont ces dernières qui définissent l’homme et que jamais il ne faut les retenir (vous savez comment j’ai fini, au moins).

J’ai grandement apprécié l’effet choisi par l’auteur où Paul Edgecombe raconte son passé alors qu’il se trouve, au présent, dans une maison de retraite. On connaît ainsi son ressenti avec le recul, c’est très instructif de comparer passé et présent.
En revanche, j’ai moins aimé les répétitions entre fin et début de parties, cela procurait un effet redondant qui contribuait à rendre ma lecture plus difficile et donc à avoir plus de mal à me plonger dedans…

Bien sûr, la peine de mort et la condition des détenus sont des sujets forts de ce drame fantastique puisqu’il se déroule quasiment en huis-clos dans une prison. Mais la religion n’échappe pas à la plume acérée du maître de l’horreur, ni même le pardon. Et puis, la justice est plus que pointée du doigt, en affichant ouvertement les erreurs qu’elle peut commettre au nom d’un racisme sans limite…

Comme j’ai déjà pu le dire, les personnages « gentils » sont tous plus attachants les uns que les autres. Entre Paul et sa neutralité, Brutal et sa générosité, Dean et sa gentillesse, etc, chacun a de quoi faire passer un bon moment.
J’ai également apprécié la superposition entre Percy Wetmore et Brag Dolan, car cela signifie pour moi qu’il est toujours possible de trouver un « con » sur terre. On se sent tout de suite un peu plus intelligent, à côté (même si c’est bien une notion subjective XD).

Une chose est sûre, j’ai vraiment du mal avec le style d’écriture de Stephen King. Ce n’est pas le premier livre auquel je m’essaye mais, si les intrigues sont toujours intéressantes à découvrir, le style, lui, m’empêche de prendre tout le plaisir possible parce qu’il ne dégage rien selon moi. Difficile d’accrocher et même d’en redemander.



Un excellent livre si on ne regarde que l’intrigue, malgré un début difficile à s’imprégner et quelques bémols dans les redondances des détails. Mais les personnages sont attachants, le fantastique laisse une petite marque douce qui ne gâche en rien le drame qui se trame et la fin est un méli-mélo d’horreur douloureuse. Malheureusement j’ai toujours autant de mal à apprécier la plume si caractéristique de Stephen King si bien que le coup de cœur échappe de peu à cette intrigue poignante… Cela n’enlève rien à un fait certain : La Ligne verte est un roman à lire une fois dans sa vie.



17/20




6 commentaires:

  1. Oui, je te confirme, il y a encore des gens à spoiler pour cette histoire ! Je n'ai jamais vu le film et je viens d’acquérir le livre que j'ai très hâte de commencer. Stephen King prend souvent son temps au début pur présenter ses personnages et l'atmosphère, donc ça ne me fait pas trop peur. Surtout que l'intrigue a l'air très intéressante.

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    1. Ahah, surprenant ! :D
      Oui, je commence à appréhender le style de l'auteur, après deux-trois de ses oeuvres. Seulement, si j'ai eu du mal à accrocher à mes précédents essais, ce fut mieux passé ici. J'espère qu'il te plaira autant qu'à moi =)

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  2. Je veux trop le lire après avoir lu ton avis !!! <3

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    1. Je n'ai lu que trois-quatre livres de King (si je ne compte pas sa sage de la Tour sombre) mais La Ligne verte restera indéniablement le meilleur de King. Lis-le !!!

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    2. C'est bon, j'ai kidnappé le livre !!! \o/
      Non, enfaite ma grande soeur fan de cet auteur me l'a prêté donc il figure à présent dans ma PAL !

      Fait péter le champagne, Maurice !!

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    3. Ahah, je t'imagine bien tout contente, à serrer le livre contre toi en mode peluche *part dans ses délires*

      J'espère qu'il te plaira ! ;)

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