13 juin 2016

Nocturnes




Au milieu des années 1990, Jean?François Langley plonge dans la gueule de l’enfer à New York pour débusquer un serial killer et arracher à ses griffes des ados promis à une mort certaine. Mais derrière cet acte de bravoure et la célébrité qui en résulte, un autre piège l’attend, celui de la dépression. En quelques mois, il perd sa femme, son boulot et ses amis.
Alors un an plus tard, en quête de rédemption, il décide de repartir sur les lieux de son enquête et découvre des éléments nouveaux. Et si l’affaire n’était pas totalement terminée ?
Il entame dès lors un flirt avec la mort et la folie...



Je tiens tout d’abord à remercier les éditions ActuSF et Babelio pour ce partenariat.

Ce livre a frôlé le coup de cœur et ne doit ce petit écart qu’à la toute fin, mais vous en saurez davantage dans ma chronique !

Je dois dire que tout commençait très bien. D’emblée nous sommes plongés dans les énigmes d’un passé noir d’où le personnage principal ne parvient pas à rebondir. Entraîné dans un tréfonds de noirceur, ce dernier, appelé Jean-François Langley, va tenter de renouer avec ses vieux amours, le journalisme, pour tirer un trait sur le passé en retournant sur les lieux qui ont vu s’envoler son innocence. Autrement dit, la ville de New York !
Si l’on comprend très vite que Jean-François est tiré vers le gouffre, dans une déprime annihilatrice, les raisons de ses choix restent toute autant obscures sur un bon gros premier tiers, si bien que notre curiosité, on ne peut plus malsaine vu le sujet traité, en est affûtée. Pour moi, je dois avouer que ce mystère m’a tenue en éveil et je fus bien incapable de lâcher le livre (avant la fin !).
Très vite donc, nous revenons sur les traces d’une précédente intrigue, résolue mais difficile à supporter. Désireux de publier un article phénoménal pour garder son boulot dans le journal Babel, le pauvre dépressif va devoir batailler entre passé et présent pour découvrir ce qui se trame derrière les derniers événements survenues depuis un an.

L’une des plus grandes réussites de ce thriller noir repose en parti sur ce mélange passé et présent. Pris d’hallucinations sur ses souvenirs, le lecteur apprend progressivement les détails macabres d’une enquête sombre, peut-être l’une des pires que les Etats-Unis n’aient connues. Mais ce flirt des temps poussent même le vice jusqu’à s’équilibrer dans l’intrigue, au point que le lecteur se trouve le témoin des deux enquêtes en simultanée. En effet, le livre se découpe en chapitres eux-mêmes découpés entre l’intrigue de 94 et celle qui lui succède, en 95.
Si j’ai adoré cela, c’est en partie parce que notre curiosité est maintenue en éveil grâce au suspens haletant toujours renouvelé à chaque fin de partie. Et puis, l’auteur maîtrise magnifiquement – et sadiquement – bien ses effets, distillant d’abord à petites doses qui vont crescendo des détails toujours plus gores, glauques, salaces, tout simplement horribles.

Tout cela pour vous dire que j’attendais les révélations de la fin et la résolution totale de l’enquête avec une impatience sans borne. Il me tardait de découvrir qui se cache derrière l’infiltrée du réseau (je tais tout nom pour vous laisser la surprise), et c’en fut une très bonne !
[/!\ Spoiler = Cependant, je suis complètement désolée de voir que Laurent Fétis est parti dans un délire fantastique pour expliquer la cause de tous ces phénomènes. Que l’on appelle « secte » ce réseau ne me dérange pas tant que cela, après tout c’est la vision qu’on en retient de ce final, mais qu’il y ait des sortes de spectres qui apparaissent… Oui, venant d’une maison d’édition axée sur l’imaginaire, je n’aurai pas du être étonnée plus que cela mais… Le Fantastique, ici, crédibilise toute l’intrigue précédente ! (coup de gueule terminé)]

En résumé de ce qui a précédé, ce fut un très bon livre, un excellent qui aurait DU être un coup de cœur, mais que la fin achève complètement…

Je l’ai dit, du moins fait comprendre, mais les détails sont gores, crus, balancés dans l’intrigue sans floutage. Ayez donc un moral bien accroché et, surtout, ne laissez pas ce livre à la portée des plus jeunes car il peut avoir une portée traumatisante (le coup de la baguette chinoise, j’ai eu du mal à avaler !).

Au niveau des personnages, j’ai adoré Jean-François. Torturé et méticuleux, il se surpassera pour sauver des vies et c’est un trait de caractère qui me donne toujours quelques frissons (et avec les détails gores que contient l’intrigue, autant vous dire que j’en ai eu, des frissons !).
Pour contrebalancer son humeur sombre, l’auteur a choisi de placer à ses côtés un photographe téméraire avec un humour discret qui détendra l’atmosphère. Je suis juste déçue de voir comment il s’en est débarrassé pour la fin, mais c’est un menu détail comparé à la fin elle-même !
Parmi les méchants, je trouve que les personnalités est très intéressantes et bien maîtrisées. Je n’ai rien à ajouter dessus, mais je les ai appréciés, c’est assez rare dans un thriller pour être signalé.

Malgré des scènes macabres et des détails qui donnent parfois envie de vomir, je dois dire que l’humour n’est pas absent de cette œuvre, même s’il reste discret.
En tout cas, la plume n’est pas lourde, au contraire elle se lit toute seule et non entraîne au bout du livre sans difficulté majeure. Il n’empêche que, si j’avais su comment ça finirait, je ne suis pas certaine que je me serai embarquée dans cette sombre course contre la montre.



Un roman riche en émotions, où personnage à la mentalité torturée est à l’honneur. J’ai particulièrement apprécié les parallèles entre intrigue passée et celle présente, un choix qui a permis de redoubler le suspens et la tension, ces derniers allant toujours plus crescendo. En revanche, l’intervention du fantastique à la fin m’a complètement déçue, à tel point que j’ai râlé à n’en plus finir ! Dommage, le tout donnait vraiment un savant mélange qui aurait du être un coup de cœur, malgré l’horreur des détails.

Attention toutefois, je l’ai déjà dit, mais ce n’est pas un livre à mettre entre toutes les mains, car on peut en ressortir traumatisé…



17/20




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