Un homme, noir, et une femme, blanche, tombent amoureux l'un de l'autre. Les sentiments ont la force de l'évidence mais aussi celle du défi: ils incarnent deux mondes qui ne se connaissent pas, ne se comprennent pas. La bourgeoisie environnante se moque de leur amour, le refuse, le nie. Et triomphera peut-être...
Lu dans le cadre de mes cours, je dois dire qu’il va mettre difficile de situer mon ressenti par rapport à cette œuvre. La critique promet d’être courte, j’essaierai néanmoins de restituer le plus fidèlement possible mon impression lors de ma lecture.
Pour faire simple, l’auteure nous décrit les aspects de sa relation avec un amant de passage, qui n’est autre que Doc Gynéco alias Bruno Beausir. Une relation étrange, à tel point que ma lecture me coupait du monde une fois le livre entre les mains. Christine Angot nous livre son vécu sans prendre de gant, détaillant l’intimité à propos des conversations voire même des relations sexuelles, un sujet qui peut rapidement plonger le lecteur dans un malaise croissant au vu des détails et des thèmes. Ce livre sera également le porte-parole du doute, du tourment, des interrogations à propos de l’amour et du bonheur.
La narratrice sera ainsi plongée au cœur d’un tourbillon de sentiments, partagée entre son amour avec Bruno, qu’elle relatera une bonne partie de l’œuvre, mais également sa rencontre avec Marc ou d’autres encore, plus discrets.
J’ai vu que certains lecteurs avaient abandonné leur lecture, je peux comprendre pourquoi. C’est un récit à la fois fort et déplaisant, on est projeté au cœur d’une intimité dont on ne veut pas forcément en apprendre plus. Moi-même j’aurai probablement abandonné si je n’avais eu à le lire pour les études. Et pourtant, ce récit amène des réflexions sur soi, sur ses propres relations, sur ce besoin d’être entouré(e) de personnes pour se sentir bien.
Le début de la lecture est le plus difficile. En tant que lecteur on tombe dans un monde inconnu avec des personnages « inconnus » (on les connaît dans leur célébrité, par dans leur intimité), et on ne ressent pas le besoin d’en connaître plus. Cependant une forme de relation entre le lecteur et le narrateur se crée, s’étend, et on finit par ressortir une sorte de sympathie envers le narrateur qui nous dévoile toutes ses pensées, tous ses secrets. Au final, une nouvelle force intime apparaît, entre lecteur et narrateur, lecteur et auteur. C’est probablement la force du livre, et j’ai finalement su apprécier cela.
En ce qui concerne les personnages, je sens que je vais avoir du mal à les évoquer, notamment à cause de cette intimité constante.
Christine est par ailleurs une personne complexe. Tendre et aimante, on ressent chez elle le besoin d’un équilibre stable, d’un soutien permanent, une compagnie durable et authentique. La question des sentiments et de la véracité de ces derniers est soulevée à plusieurs reprises, et le lecteur peut se sentir concerné par celle-ci. Christine, c’est l’incarnation de la quadragénaire qui a besoin de se poser et qui en même temps recherche un peu le grain de folie qui la fera sortir de son quotidien.
Bruno, c’est tout l’inverse. D’ailleurs, le lecteur pourra lire à plusieurs reprises que le cercle d’amis de Christine proféra le dicton des opposés qui s’attirent. On ne peut être que d’accord devant ce propos. Bruno est le chaos en personne, on ne peut jamais savoir, deviner, ce qu’il fait, où il est, ce qu’il va dire. Personnage énigmatique, il possède lui aussi ce besoin de reconnaissance et d’amour, besoin qui le rattache en partie à Christine.
Quant à la plume, elle divulgue une force qui a retenu mon attention tout au long de la lecture, et sans elle j’aurai sûrement lu entre les lignes pour m’en débarrasser plus vite. Il subsiste une force descriptive, une force émotionnelle, qui attache la narratrice au lecteur. C’est puissant, et les mots choisis ne font que la renforcer. C’est difficile à décrire comme état, j’avais l’impression d’être dans une bulle à la lecture, détachée du monde pour l’histoire de cet amour perdu d’avance. Et pourtant…
Y'a tout de même eu un bémol au niveau des dialogues. En effet, ils étaient construits de manière à ce que le lecteur ait l'impression de lire du parlé, vraiment. Si cela nous implique un peu plus encore dans le récit, il devient vite gênant de lire cela sur trois cent pages et je ne vous cache pas que ce fut une des raisons pour laquelle j'avais hâte de boucler cette lecture.
Je dois avouer qu’au début je m’interrogerais sur la véracité des faits. Fiction ou autobiographie ? Ma conclusion penche pour la seconde hypothèse, ce qui rend ce roman plus fort, plus vivant, même si certaines choses évoquées touchent simplement l’horreur. Mais je dois être horrible, pour avoir envie d’en lire plus pour en savoir plus (curiosité morbide, j’aime ça, mouhaha !).
Ce fut une agréable surprise. Pas excellente, mais puissante, avec un choix des mots qui a suscité ma fascination autant que ma curiosité. La narratrice est honnête, nous livre ses pensées intimes et on se sent pleinement concerné lors de la lecture, attaché à elle. Pour une première expérience avec cette auteure, elle fut réussie.
14/20
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