22 mars 2016

La danse des étoiles

           




Parce qu’elle était trop grande et parce qu’elle avait trop de formes, Shara Drummond, malgré son talent, ne correspondait pas aux standards de la danse moderne, lui interdisant de faire carrière... sur Terre.
Mais dans l’espace, libérée de la gravité, tout est de nouveau possible, quitte à réinventer sa discipline et devenir la première à danser en chute libre.
Et quand les extraterrestres sont apparus dans le Système solaire, c’est elle qui nous a sauvés.
Moi, Charles Armstead, son opérateur vidéo, son ami, j’étais là quand elle effectua sa Danse des étoiles. J’ai tout enregistré.





            Y’a une petite anecdote entre moi et ce livre. En effet, j’ai croisé sa route pour la première fois au Salon du Livre de mars 2015. J’avais demandé à l’éditeur de me « vendre » cette parution, et il me l’a tellement bien vendu que j’ai eu du mal à le croire et j’ai finalement passé mon chemin au stand suivant (Mnémos, où j’ai acheté L’ange blond de Laurent Poujois, dernier coup de cœur en date sur le blog !).
       J’ai croisé pour la deuxième fois ce livre sur une étagère de ma petite bibliothèque. Je ne pouvais pas laisser passer sa chance deux fois, tout de même ! L’éditeur m’avait précisé que la plume était envoûtante et extrêmement précise, à tel point que nous pouvions visualiser les chorégraphies. Je me suis fait un point d’honneur par vérifier ses dires par moi-même.

       Pour commencer par l’intrigue, je regrette que le synopsis en dévoile trop, notamment sur les extraterrestres. Cela supprime le potentiel de Shara, que le lecteur aurait pu découvrir lors de sa lecture. Du coup, la surprise n’est plus aussi puissante et on perd l’originalité de l’œuvre…
       Pour poursuivre sur l’intrigue liée à ces extraterrestres, j’ai trouvé que la fin était vraiment tirée par les cheveux. Les auteurs posent des postulats sur la genèse de la Terre, des humains, avec de nouvelles entités. Si tout ce qui est stipulé se tient par le jeu de l’intrigue, j’ai trouvé que c’était vraiment un phénomène trop « gros » pour y croire vraiment. Cependant, cela engage une discussion autour de la religion et des Nations Unies, avec la quête du pouvoir ou la peur de la nouveauté, qui n’est pas inintéressante. Il faut être assez ouvert pour accéder à cette lecture.
       Quand au reste de l’intrigue, je fus une très bonne spectatrice de toutes les péripéties et rebondissements. L’ensemble fait passer un excellent moment, même si le début peut se révéler trop long à certain au démarrage. Mais une fois dedans, plus rien à dire !

       J’ai également apprécié le fait que ce soit rédigé comme une sorte de chronique ou de journal de bord, les dates en moins, par Charlie Armstead, le protagoniste. Le point de vue à la première personne rend les choses plus pertinentes et convaincantes et le lecteur se sent véritablement concerné par leurs expériences.

Quant aux personnages, les personnalités foisonnent, les corps de métiers inhérents à la danse et aux spectacles et financeurs également, c’est un bon livre pour nous dévoiler ces postes clés et nous introduire dans le cerclé fermé de l’art.
       Je ne souhaite pas trop m’appesantir sur chaque personnage, ainsi je n’évoquerai que Charlie, le protagoniste. Danseur prometteur, peut-être le meilleur de sa génération, il dut subitement arrêter sa passion à cause d’une blessure par balle à la hanche, le plongeant ainsi dans un cynisme sans borne et une morosité sans fond, le conduisant parfois à utiliser trop goulument de la boisson…
       C’est Shara qui le relèvera de ce gouffre sans fin. Malgré ses formes prononcées, la grâce qu’elle dégage et sa personnalité resplendissante intéresse dés le premier regard Charlie, qui tentera de la lancer. Essuyant les échecs, Shara fera preuve d’un entêtement courageux pour parvenir à son but et marquer les esprits par une douce originale – et inaccessible pour la plupart. Je suis un peu triste qu’elle disparaisse de notre champ de vision à un moment, mais finalement je préfère que ce qu’elle va devenir –qui, là, dépasse vraiment mon taux d’acceptation ! Grrr !

       Et maintenant, vous vous demandez si l’éditeur a tenu parole, si la plume de l’auteur (et de la traduction) est telle qu’il l’avait dit, avec une force qui permet de visualiser concrètement les scènes et les danses ? Suspens, suspens…
       J’ai rarement vu cela dans un livre de science-fiction. Habituellement, le style reste assez carré, porté sur la technique et un aspect très scientifique. Ici, Spider Robinson réinvente le genre en insérant de la poésie au travers de la danse, dans une forme harmonieuse et très visualisée. On ne lit pas la danse, on la voit concrètement et on est capable de rester aussi bouche bée que le narrateur (qui lui est réellement témoin).
Vous l’aurez compris, l’éditeur a tenu parole et en plus, c’est vraiment la plume qui porte le récit et relève le mitigé de l’intrigue.

En conclusion, la plume ravageuse a su me captiver tout au long de cette lecture, aussi bien que les personnages hétéroclites et attachants. Néanmoins, l’intrigue quitte les sentiers battus en postulant des conjectures sur la genèse de la Terre et des espèces, hors j’ai trouvé cela trop extravagant pour réellement accepter ces hypothèses. Une bonne lecture, que j’espérais (malheureusement) meilleure…



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