29 nov. 2018

La Dernière Terre, tome 1 - L'enfant Merehdian




Un monumental ruban de pierre se dresse en sentinelle au bord des brumes éternelles.

Les hommes leur ont donné un nom : la Dernière Terre.

Dans la cité-capitale des Cinq Territoires, Cahir, jeune homme frêle, maladif, aux mœurs et aux allures bien éloignées des codes stricts qui font loi autour de lui, subsiste envers et contre la réprobation générale. Il est issu des Giddires, un peuple rejeté, au ban de la paix politique qui unit les autres contrées. Malgré cela, entre intelligence et ingénuité, il parvient à se rapprocher de certains locaux, dont Ghent, fils du Haut-Capitaine à la tête des forces militaires des Basses-Terres.

Au fil de ces jours paisibles, s’il advenait un événement capable de bouleverser tous les dogmes établis, quel poids l’existence de Cahir aurait-elle dans la balance des certitudes ?



Pourquoi ce livre ? Je dois dire que je ne sais plus pourquoi le livre a atterri dans ma PAL. Toutefois il m’arrangeait bien puisqu’il m’a permis de compléter mes prévisions de l’ABC Imaginaire 2018. Je me suis donc décidée à le sortir de ma PAL, le résumé me tentant plus que jamais.

L’enfant Merehdian est un livre original. Loin de répondre aux codes de la Fantasy épique, l’autrice a pris parti de présenter ses personnages au travers de leurs relations. De fait, oubliez la définition de l’action car il n’y en a pas du tout. Difficile également de vous parler d’une véritable intrigue. Après avoir atteint la moitié du livre, rien ne s’est passé de concret si ce n’est des discours militaires et politiques. Par la suite, un événement vient bouleverser la vie de certains habitants mais tout est passé sous silence et, finalement, on ne récolte que peu de bouleversements et on repart dans une platitute de l’action, Magali Villeneuve se braquant de nouveau sur la complexité de ses personnages et ce qui lie chacun d’entre eux.

J’en parle assez durement, pourtant j’aime beaucoup ce choix de laisser l’action de côté pour se concentrer sur le plus important dans un livre finalement. Toutefois, à lire presque cinq cents pages de la sorte, je dois dire que c’est long et laborieux… Et j’avoue, avec une honte certaine, avoir lu en diagonale la fin pour venir à bout de ce premier tome plus rapidement.

Pourtant la plume est juste magnifique. Magali Villeneuve a compris les spécificités et la beauté de la langue française et flirte avec elle de sorte à nous faire découvrir des tournures et autres lexiques oubliés. C’est jubilatoire de voir que nos auteurs savent s’emparer de notre langue comme si c’était simple, impression que notre lecture, fluide et empressée, nous confère.
Seulement, cette beauté assurée face au quasi néant de l’intrigue donne le sentiment que Magali Villeneuve compose pour le simple plaisir de discourir, oubliant carrément de mettre en place une véritable intrigue. C’est évidemment faux, il y a un but derrière tant d’efforts, mais on peine à le ressentir et c’est frustrant de parcourir un si beau style littéraire, sans percevoir l’intérêt sous-jacent.

L’univers est un peu plus creusé que l’intrigue. Si nous voguons essentiellement dans les mêmes décors du fait que les personnages bougent peu, des allusions à d’autres lieux, d’autres cités, permettent d’étoffer cet univers prometteur. Prometteur, il le restera jusqu’à la fin car, du fait de l’absence de l’intrigue, on ne progresse pas tant que ça dans cet univers et ce dernier devient presque onirique, on rêve d’y aller mais on restera dans la frustration de cette opportunité manquée… Dommage.

Les personnages évoluent dans une neutralité froide, on se prend de sympathie ou de compassion envers certains mais cela reste bien peu pour amorcer le début d’un intérêt envers une intrigue invisible.
J’ai bien entendu succombé à Cahir, ce pauvre jeune homme différent de tous les autres sujets de ce royaume… Sa différence le démarque dans son physique et sa personnalité. Si c’est une belle personne, aucun de son entourage ne s’en aperçoit et il subit les quolibets à longueur de temps, au point de se demander comment il a bien pu tenir autant de temps sans se révolter.
Ghent aussi semble sensible, à la personnalité bonne enfant et irréprochable. Cahir et lui vont se rapprocher, jusqu’au basculement des certitudes (comme le formule si bien la quatrième de couverture).
Malgré l’univers tourné vers le domaine militaire, les femmes ne sont pas en reste. Si elles ne sont pas nombreuses et n’occupent pas forcément des places importantes, elles sont utilisées dans les desseins des hommes, développent leur importance comme leur force. Si je ne me souviens plus des prénoms des deux figures majeures de la féminité, je n’oublierai pas leur détermination et leur influence.



Ce livre aurait pu être une perle s’il avait mis en scène une intrigue, même légère. Or l’autrice se concentre sur ses personnages, ce qui relie chacun d’entre eux aux autres, leur personnalité, leur unicité. De fait, on découvre l’univers et ses caractères avec une lenteur extrême, portée par une plume exquise. Cette dernière ne parvient toutefois pas à susciter un réel intérêt, on a l’impression que Magali Villeneuve veut présenter son style plus que ses idées. Le manque d’accroche derrière est dévastateur, on découvre d’abord avec délectation avant d’entrer dans la plus totale désillusion. Je tenterai de lire la suite, j’ai trop apprécié la plume pour ne pas y revenir ; j’espère seulement que l’intrigue décolle...



12/20




Les autres titres de la saga :
1. L'enfant Merehdian
2. Des certitudes
- saga en cours -


2 commentaires:

  1. Mince alors, c'est dommage avec un tel style que l'intrigue se développe aussi lentement... A voir si je me laisse tenter^^
    Léna Bubi

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    1. J'ai pensé exactement la même chose. C'est exquis de le lire, mais l'intrigue ne donne pas envie de s'y plonger, c'est une sensation assez paradoxale...

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