Dix-sept ans ont passé depuis la bataille d’Oqananga, où la coalition entre les Elfes et les Hommes a repoussé les Orcs par-delà les frontières.
À l’approche des élections, Olangar est une capitale sous tension, véritable poudrière où seule manque l’étincelle. Tandis que les trois candidats noircissent les journaux de leurs promesses, les accidents se multiplient sur les chantiers navals ; les salaires se font attendre et la Confrérie des Nains menace d’engager un mouvement de grève d’une ampleur jamais vue. À leur tête, Baldek Istömin ira jusqu’au bout.
Au même moment, Evyna d’Enguerrand, fille d’un ancien seigneur de guerre, débarque en ville pour chercher la vérité sur la mort de son frère, soldat assassiné au Grand Mur dans d’étranges circonstances. Pour l’aider, elle fait sortir de prison Torgend Aersellson, un Elfe banni par les siens et vieil ami de son père. Ensemble, ils se lancent dans une enquête acharnée, qui les mènera des bas-fonds de la cité jusqu’aux couloirs de la Chancellerie et ses arcanes politiques.
Un grand merci à Cathy des éditions Critic pour ce partenariat.
Pourquoi ce livre ? J'ai vu passer pas mal de bons avis sur ce diptyque sur la blogosphère, j'avais également repéré le titre dès sa sortie, attirée par sa sublime couverture.
Je pense que mon avis est biaisé par ce flot de coups de cœur que j'ai vu passer sur la toile ou ailleurs, avec notamment les avis d'amies qui ont vraiment été conquises. Je ressors, moi, déçue. J'ai aimé mais je n'ai pas rencontré le succès prévu, mon avis étant faussé par, finalement, celui des autres.
Le début commence pourtant de manière intéressante. Outre le prologue qui nous plonge dans une action exaltante par la tension qu'il provoque, la suite est un véritable contrepoids, un personnage des bas-fonds d'Olangar prenant une jeune fille fraîchement arrivée en ville en filature. Du mystère se dégage de ses deux personnages, on s'interroge sur la finalité de chacun d'eux, leur personnalité, leur background. C'est amené de sorte à ce que la curiosité reste accrue un bon moment.
Si ce début tient en haleine et promet de belles et grandes choses, je suis restée sur ma faim une bonne partie du livre.Si j’ouvrais le livre non sans plaisir, ce n’était pas non plus le grand enthousiasme. Les choses évoluent dans l’intrigue, les nains se révoltent progressivement, d’abord dans leur cœur puis dans la raison et, enfin, dans leurs gestes. Ce soulèvement progressif, extrêmement perceptible dans la langueur de la ville, est très bien mené, on voit l’évolution avec exactitude, me rappelant sans cesse celle du virus dans le premier tome de Chaos, du même auteur. C’est d’ailleurs pour ce point que j’ai persisté dans ma lecture.
Je vous ai parlé du grondement sourd des nains avant de connaître l’apothéose avec la révolte telle qu’on la conçoit aujourd’hui, dans la rue. Une autre intrigue se joue en parallèle avec la quête de la jeune femme du début, que je n’ai pas oublié. Déterminée à soulager les vieilles années de son père, Evyna débarque à Olangar malgré le danger qui rôde pour découvrir la vérité derrière la disparition de son frère. Et c’est alors qu’un elfe déchu entre en scènes, prêt à aller jusqu’au bout aux côtés de cette damoiselle dans le but d’expier ses fautes, auréolées de secrets, et laver son âme.
Finalement, la tension de la fin revient trop tardivement. J’aurai voulu la voir exploser au grand jour plus avant afin d’être totalement crispée, d’être embarquée dans le fil du récit et d’avoir peur pour les personnages. Il faut l’avouer, j’ai craint pour leur vie : le rythme final gagne en intensité, plusieurs plans se jouent en même temps et on a l’impression d’être le témoin d’une partie d’échecs, où tous les coups seraient devancés et, au final, dérisoires…
On perçoit clairement que cette histoire est conçu pour un seul tome, et qu’elle est néanmoins divisée en deux parties. Si cela ne gêne en rien notre lecture, ce choix a l’audace d’exalter notre frustration et donner envie, malgré quelques loupés, de se jeter sur la suite !
Par ailleurs, les éditeurs comparent ce roman à un grand auteur du genre, inscrivant que Olangar est un croisé entre la Fantasy de Tolkien et les idées de Marx (je ne mets pas de guillemets car ce ne sont pas les mots exacts, mais l’idée est là et provient de Critic). C’est tout à fait ce que j’ai ressenti lors de ma lecture : d’un côté nous avons les personnages qui se battent pour une cause qui leur est propre, à savoir la justice ; de l’autre, nous avons un peuple qui s’étouffe dans le labeur et la misère et qui finit par se soulever, se révolter d’un tel traitement. C’était un pari risqué, mais un pari réussi, car ça finit par réellement prendre aux tripes !
Les personnages sont forts, constants, cohérents avec leur univers, leurs origines. Evyna m’a agacé plus que de raisons, pourtant aucune manière noble ne transpire dans ses gestes. Quelques décisions laissent à désirer, mais elle fait preuve d’un courage et d’une grandeur d’âme qui m’ont convaincue sur la fin.
J’ai adoré le personnage de Torgend, torturé à un point tel quel qu’il ne concevait plus que la drogue pour s’en sortir. Perdu dans les méandres de son passé, Evyna sera finalement le symbole de sa résurrection. Je suis très curieuse de voir ce que la suite promet quant à lui - j’ai l’espoir que tout s’arrange mais j’ai peur que ce soit trop demandé.
Baldek, le nain a l’origine du soulèvement nain, m’a également convaincu par sa droiture et sa noblesse d’esprit. Placé à la tête de la Compagnie, celle-ci ne laisse pas envisager une transparence derrière ses actes… Mais Baldek se veut le garant de la justice et a l’énergie nécessaire pour rallumer la flamme de son peuple.
Contrairement à Chaos où j’ai trouvé que la plume collait parfaitement au décor et à l’ambiance, je ressors un peu plus mitigée vis-à-vis du style employé ici. Le livre se lit très bien, nous rencontrons aucune difficulté. J’aurai seulement souhaité que le vocabulaire dans les dialogues évoluent selon la classe sociale de l’interlocuteur : peut-être est-ce une idée préconçue, mais accentuer les disparités aurait permis de mieux percevoir les clivages - le but était peut-être, au contraire, de nuancer l’ensemble pour ne pas que l’auteur trahisse sa pensée et dévoiler trop tôt son propos.
Je suis contente d'avoir effectué cette lecture, elle fut l'occasion de faire une plonger en eaux troubles dans une Fantasy politique originale. Les éditeurs vendent cela comme de la Fantasy tolkenienne marxiste et c'est réellement cette ambiance qui se dégage de ce premier tome. Néanmoins j'ai décroché sur certains passages, me donnant un goût d'inachevé. Dans l'ensemble, j'ai aimé les personnages, sombres et secrets, on n'apprend finalement que très peu de choses d'eux et ça donne envie de creuser davantage de ce côté-là.
Avec du recule, je me dis que c'est probablement à cause des trop bonnes critiques que j'ai vues passer juste avant ma propre lecture qui m'ont rendue amère : je m'attendais à du sensationnel alors que l'histoire se tient d'abord sur la réserve, avant de déverser un contenu intéressant. Si ce premier opus obtient une note correcte, je ne doute pas que la suite gagnera en succès !
Les autres titres de la saga :
1. Bans et barricades
2. Bans et barricades
- saga terminée -
1. Bans et barricades
2. Bans et barricades
- saga terminée -
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire