29 août 2022

L'Ombre dans la Pluie




Parfois, les regrets nous hantent aussi sûrement que les fantômes…
Oxyde est un clairvoyant, un sorcier aux multiples pouvoirs qui s’avère aussi puissant que paumé. Il vit à Paris et bosse pour un patron de boîte de nuit mafieux à qui il rend de nombreux services ésotériques – et pas toujours légaux.
Un jour de novembre, son ami Edgar, prêtre et exorciste, lui parle d’une vieille affaire, celle d’une jeune religieuse possédée morte dix ans plus tôt. Ils ont échoué à la sauver et ne se sont jamais pardonné cet échec. Oxyde surtout, qui n’en a gardé aucun souvenir.
Aujourd’hui, Edgar y voit une occasion unique de réparer leurs erreurs. Mais l’esprit ne se laisse pas chasser ; pire, il réveille des blessures oubliées et des démons qu’Oxyde avait réussi à endormir au prix d’innombrables sacrifices. Cette enquête surnaturelle au cœur de Rome parviendra-t-elle à éteindre ses regrets, ou au contraire attisera-t-elle la magie incontrôlable qu’il possède et qui l’a toujours effrayé ?



Un grand merci à l'autrice Rozenn Illiano (lien vers son site) pour ce partenariat.

Pourquoi ce livre ? J'ai découvert l'autrice via son livre voyageur, Midnight City. Le traitement du statut d'auteur comme son onirisme m'ont beaucoup plu, si bien que depuis je creuse progressivement la bibliographie de Rozenn Illiano.

L'Ombre dans la Pluie est une bonne porte d'entrée dans son univers. Selon ce que l'écrivaine en dit, l'intrigue entre dans son Grand Projet en tant que récit indépendant. C'est donc l'occasion parfaite pour pénétrer dans son imaginaire et découvrir la beauté de la plume.

L'Ombre dans la Pluie, c'est la preuve que les écrivains francophones sont capables de penser un monde d'urban fantasy cohérent, entraînant et envoûtant. Sur fond d'exorcisme, on suit des personnages à la fois torturés et avenants, tout en nuance.
De la France à l'Italie, on va se morfondre sur ce cas particulier où le spectre réapparaît, plusieurs décennies plus tard. S'ensuit des recherches dans les bibliothèques anciennes, un travail méticuleux et de concert avec les sœurs et les moines. C'est là que le bât a légèrement blessé pour loin. Autant j'ai adoré les deux tiers du roman, autant j'ai été déçue par l'absence de décor romain. De plus, l'intrigue souffre de quelques longueurs dans la seconde moitié, nécessaire pour retranscrire l'attente, l'appréhension, la quête d'informations. C'était toutefois un peu lancinant pour moi, qui espérais un crescendo du rythme et/ou de la tension.

Ne vous affolez pas non plus, ce ne sont que deux petits défauts, deux gouttes d'eau dans cette eau bénie.

Parce que les personnages sont finement travaillés. Ma préférence va pour Oxyde, le plus torturé de tous. J'ai grandement apprécié le passé relaté, qui permet de mieux le comprendre, d'approfondir sa personnalité, ses relations, tout en ayant un lien avec l'intrigue dans le présent. C'est fort bien mis en place et ça m'a énormément plu. De toute manière, quand j'ouvre un roman de Rozenn, je sais parfaitement que les personnages seront un atout maîtrisé dans le récit.
J'ai beaucoup aimé les autres personnages, même s'ils m'ont moins marquée. Ils sont moins creusés, mais cela reste suffisant pour leur donner du corps et de la cohérence.

La plume est une autre force du récit, également une valeur sûre quand je tourne la première page d'un roman de Rozenn Illiano. C'est tout doux, posé, très fluide et réfléchi. On sent que l'autrice a énormément travaillé son texte, soupesant chaque mot sans pour autant alourdir l'ensemble. Ce n'est pas aussi onirique que Midnigth City, en même temps ce n'est pas la même ambiance non plus, ni le même propos. Selon moi, ça confirme que c'est une excellente porte d'entrée dans son imaginaire car ça se lit tout seul.

Le roman a probablement plusieurs strates de lecture. C'est souvent le cas quand on aborde la religion, le repli sur soi, l'exorcisme. J'admets m'être concentrée sur l'intrigue mais je relirai probablement ce one shot un jour pour l'ouvrir à d'autres interprétations de l'ensemble.



J'adore. Malgré un rythme un peu lent et un manque de décors, de descriptions, j'ai adoré les personnages et l'intrigue autour de la complexité d'un exorcisme. Un peu d'humour, beaucoup d'émotions, notamment à la fin, et un Oxyde qui me restera longtemps en mémoire. J'ai la duologie Elisabeta dans la PAL, offerte par une amie, mais je sens que je vais craquer auparavant pour D'Hiver et d'Ombres. Dans tous les cas, vous allez avoir du Rozenn plus régulièrement.



16/20




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