15 mai 2023

Désolation




Pour une caravane de montagne, c'est une solide bande : vingt guerriers nains bardés de fer, trente gnomes chargés comme des baudets et autant de mules qui croulent sous les paquetages. Pourtant, un calme lugubre fige le camp : ni chanson à boire, ni chamaillerie, ni plaisanterie salace. Ils ont la frousse.



Pourquoi ce livre ? Grande fan de Jean-Philippe Jaworski, j'avais pourtant hésité à me procurer cet ouvrage à sa sortie. Le graphisme ne me parlait pas. C'est donc en tombant dessus à la médiathèque que je me suis décidée à lui laisser sa chance.

Je ne saurais me l'expliquer mais la magie de cet auteur n'a pas opéré avec Désolation. Pourtant je suis une habituée des nouvelles de l'auteur, ayant dévoré Janua Vera et Le Sentiment du fer, en plus des autres récits qui parcellent des recueils de nouvelles réunissant plusieurs auteurs.

En fait, j'ai eu du mal à me projeter dans l'univers du Vieux Royaume, tout simplement parce que j'avais l'impression d'évoluer entre l'histoire du premier tome du Seigneur des Anneaux, avec ce fameux passage dans les mines de la Moria, et le conte qu'est Bilbo le Hobbit. La comparaison était inévitable étant donné la quête des nains, le sujet des discussions et des rencontres en chemin. Difficile de garder en tête qu'on est dans la matière de Léomance.

Au-delà, cette quête se lit parfaitement bien, notamment grâce à des dialogues épicés et à des rivalités dans les classes sociales, entre nains et gobelins. La fin est ahurissante. Je ne l'ai clairement pas vue venir et j'ai pris une petite claque inattendue, étant donné la traversée du désert qui précède.

Je ne me suis pas vraiment intéressée aux personnages dans ce récit, tout simplement parce que je pense que l'individualité n'en est pas le but. Si les personnalités sont variées, c'est surtout la cause qu'ils représentent qui vaut le coup d'œil, entre le pouvoir de la connaissance et la douleur mêlée à l'espoir de la force "populaire".

Même le style d'écriture m'a paru moins envoûtant que dans les autres écrits de l'auteur. Habituellement si relevé, du vocabulaire très soutenu coulé dans une plume fluide et poétique, je n'ai pas retrouvé cette ambiance si particulière, rajoutant une louche supplémentaire à ma petite déconvenue…



Ce n'est pas un mauvais récit, car les enjeux sont colossaux et la fin administre un soufflet étonnant. Le récit souffre néanmoins de la comparaison avec une autre oeuvre majeure avec des nains, et d'une quête qui manque de rythme. Je n'adhère pas non plus aux graphismes, si bien que je ne me suis pas totalement immergée dans l'univers - mais ça, je m'y attendais. Heureusement que la lecture fut courte, ça n'a pas traîné en longueur.



14/20


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire