30 juil. 2023

Les Veilleurs




Propulsé en 1940 à Londres par le professeur Dunworthy sans la moindre préparation, John Bartholomew intègre la brigade des veilleurs du feu, ces héros qui ont sauvé la cathédrale Saint-Paul des bombes allemandes… À cette époque, de nombreux Londoniens se réfugiaient dans le métro, dont plusieurs stations portent aujourd’hui encore de bien curieux stigmates… Et tandis que d’autres vont chercher la mort beaucoup plus loin, sur les rives antiques du Nil, certains accueillent en eux la présence des dieux à têtes d’animaux pour en faire un commerce fort lucratif… Voici quelques-uns des thèmes abordés dans ces neuf nouvelles et courts récits primés – parmi lesquels « Les veilleurs du feu », préquelle au roman Black-Out et au cycle temporel –, qui donnent à voir un aperçu complet des talents de conteuse de Connie Willis.



Pourquoi ce livre ? Cela fait un moment que j'ai eu vent de l'existence de cette autrice, sans toutefois franchir le pas. Puis j'ai eu envie de découvrir son diptyque Blitz, seulement c'est une série assez controversée, dans le genre "ça passe ou ça casse". Alors j'ai préféré me lancer d'abord dans un recueil de nouvelles, histoire de voir dans quelle équipe je me tiens.

On peut dire que ça commence plutôt mal. Une lettre des Cleary m'a donné le sentiment de ne rien comprendre aux subtilités et aux non-dits qui jonchent le récit, à un point où je me suis demandée si l'autrice ne faisait pas référence à un de ses univers romanesques, obligeant à connaître celui-ci pour pleinement apprécier ce petit texte. Autrement ce n'est pas mal écrit, je me suis laissée portée par les déboires de cette pauvre adolescente incomprise, mais j'ai navigué en eaux troubles, avec un léger malaise dans le fait de ne pas avoir toutes les clefs en mains… Moi qui partais motivée comme jamais, me voilà bien refroidie. (07/20)

Ça s'est mieux passé avec Au Rialto, une nouvelle sur diverses conférences sur la théorie quantique. Enfin, si je puis dire, car on n'assiste peu à des réunions de scientifiques, davantage à des errances. La nouvelle est un peu longuet, l'amusement est moins présent sur la fin, légèrement étirée, toutefois j'ai passé un bon moment loufoque. (13/20)

L'idée de Mort sur le Nil est plutôt bien trouvée mais j'ai encore une fois le sentiment d'un ennui profond, allant de pair avec le malaise grandissant face à l'adultère perceptible. Je ressors mitigée, avec la frustration d'avoir manqué d'une réelle ambiance horrifique. (10/20)

Contre toute attente, j'ai adoré Les Veilleurs de feu, qui fait apparemment référence à son diptyque Blitz (ça apparaît dans le texte). La nouvelle m'a l'air très indépendante, dans le sens où j'ai tout compris.
Déjà, j'ai adoré l'ambiance historique, avec cette seconde guerre mondiale qui laisse tout le monde en apnée. Ensuite, on ajoute de la tension avec cette suspicion de trahison, et le sentiment que le protagoniste se trompe de cible. De là vient enfin la plus grande surprise, cette fin où je m'attendais à un énorme plot twist sur l'identité du traître, alors qu'en fait c'est une ouverture sur une excellente réflexion sur la capacité à vouloir changer les choses immuables et leurs conséquences. C'est donc une très bonne nouvelle, entre folie humaine et documentation historique. (18/20)

Je ne savais pas du tout vers quoi nous entraîner Infiltration et je dois dire que la plupart de mes hypothèses échafaudées ont été finalement balayées, ce qui est un bon point. Cela dit je ne suis pas convaincue par le dénouement, qui est certes retentissant sans proposer quelque chose d'intéressant. En fait, ça traite d'un sujet suffisamment original pour accrocher mais la fin gâche malheureusement l'ensemble. Pas mauvais, d'autant plus que le duo de personnages a des échanges intrigants, mais je ressors déçue. (13/20)

Autant j'ai aimé le jeu de manipulation et le discours très léger pour persuader, toujours dans cette manipulation, quelqu'un qu'il se trompe, autant le sujet en lui-même ne m'a fait ni chaud ni froid. Même sa Majesté traité des menstrues et sur la "liberté" de choisir entre les avoir ou non. Bien foutu donc, mais heureusement que la nouvelle fait partie des plus courtes du recueil ! (14/20)

J'ai fini la nouvelle Les Vents de Marble Arch en diagonale. J'ai pourtant adoré voyager au gré des stations du Tube, ce métro londonien, parce que c'était des noms de stations que je connaissais grâce à mon voyage là-bas. En revanche, le sujet traité est trop abstrait, avec une retombée assez prévisible. La nouvelle aurait été bien plus passionnante voire percutante en ayant plus mince d'une cinquantaine de pages. (08/20)

J'ai abandonné Tous assis par terre, et c'est un peu dur de constater que j'enchaîne deux mauvaises nouvelles. J'ai lu une vingtaine de pages, me suis ennuyée en me disant que ça finirait "de telle façon", je vais lire les dernières pages et ça finit comme je l’avais anticipé. Donc voilà, je me suis épargnée une perte de temps considérable… (04/20)

Heureusement, je termine ce recueil sur une note positive avec Le Dernier des Winnebagos. Au départ, je ne comprenais pas trop quoi je mettais les pieds mais j’ai adoré cette ambiance des années American dream aux USA, avec ce sentiment de (discret) road trip mené par ce photojournaliste. Pourtant l’univers n’a rien d’un rêve, après cette bombe virale qui a tué tous les canins. Adieu les meilleurs amis de l’homme, bonjour la Société, qui s’arroge des droits supplémentaires pour régenter les Etats. Au milieu de ça, une histoire de petits vieux, d’un vieux van, d’un cadavre, de passé dans le présent et vice versa. Je me suis laissée portée par ce temps mélangé qui apporte son fond de vérité à l’ensemble. Bref, c’est une ambiance particulière avec un propos intelligent et un message fort. Les personnages paraissent antipathiques au premier abord mais le fait de creuser un peu permet de percevoir véritablement ce qu’ils sont, derrière le voile cosmétique. J’ai adoré, probablement la nouvelle qui me marquera le plus. (19/20)



Un recueil en demi-teinte, avec de graves bas et de sympathiques hauts. Le plus grand reproche que je puis formuler est le manque d’âme dans le style d’écriture (ou la traduction) qui n’offre aucune prise aux histoires et à leurs “héros”. Au-delà de ça, certains propos sont intéressants et les différentes ambiances sont maîtrisées. Difficile de savoir si ça va me donner envie de me plonger plus encore dans la bibliographie de Connie Willis, néanmoins je ressors heureuse de ces quelques jolies découvertes.



12/20


2 commentaires:

  1. J'avais adoré Blitz et encore plus son Sans parler du chien

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    1. Je ne connais pas le second, je prends note !

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