Selon la Déclaration d’Antonia, il n’y a de propriété que d’usage. Chaque être humain est libre et maître en son travail ; le sol, l’air, l’eau, les animaux et les plantes ne sont pas des ressources. Et le monde est un bon endroit où vivre, si tant est qu’on se donne la possibilité de le construire ensemble.
Umo est né et a grandi à Pelagoya, entre la rivière et les cerisaies. Puis les voyages et la musique ont rythmé ses jours, de son village natal à Opera, en passant par Télégie et Antonia. Voici le récit de sa vie, ses amours, ses expériences, ses doutes, et de toutes les personnes qui ont un jour croisé sa route.
Voici tout le chemin qu’il a parcouru, tout le travail et l’amour qu’il a faits.
Voici Eutopia.
Pourquoi ce livre ? Avec cet auteur, ce fut une rencontre par hasard avec Bertram le baladin. Depuis, j'ai eu plaisir à découvrir tous ces autres romans et il fallait bien que je me plonge (enfin) dans son dernier, un sacré pavé en comparaison de ce qui précède.
J'ai pris conscience, arrivée vers le milieu de ma lecture, que ce qui précède Eutopia est Ru, dont le thème principal porte sur le soulèvement de la population. Ainsi après la révolte survient la déclaration d'Antonia et son utopie humaniste et positive.
Car c'est toute la vision que nous offre Camille Leboulanger ici avec son sacré pavé. Comment construire une société juste et équitable sans pour autant annihiler la liberté de l'individualité ? Sur les douze mois qui divisent ce roman, c'est toute une réflexion sur énormément de secteurs (santé, politique, vie quotidienne, écologie, éducation, travail, etc). Et pour faire encore mieux que proposer sa belle vision utopique, l'auteur devance les réfractaires en incorporant de lui-même tous les défauts qui feraient de cette société une dystopie, au final. Cela lance les débats, cela montre surtout à quel point il a réfléchi à ce qu'il produisait.
Vous l'aurez compris, c'est un roman politique avec de grands enjeux. C'est au travers d'Umo, qu'on découvre jeune enfant et que l'on voit grandir puis vieillir, que toute cette société va nous être décrite.
Et je vous avoue avoir eu très peur, au départ. Je ne ressentais aucune empathie pour les personnages et je découvrais le texte (à raison d'un mois pas jour (parce que oui, je l'ai lu comme j'ai eu envie de le lire finalement, à mon rythme)) avec une sympathie polie mais sans plus. Et puis la fin m'a prouvé tout l'attachement que j'avais développé envers eux puisque j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps à plusieurs reprises. Pour ces instants manqués, cette tendresse perdue et retrouvée et perdue, pour ces non-dits et ces envies frustrées. Ce n'est pas un roman dur ni violent, mais c'est encore une fois un roman sur la vie en général, en plus du message politique, si bien que j'ai le sentiment que l'auteur a frappé plus fort qu'Alain Damasio avec ses cent dernières pages des Furtifs (uniquement politique, parfaitement barbant, éclaboussant d'ennui toute la fascination éprouvée dès les premières pages).
Au final, je reproche simplement quelques moments d'ennui ça et là, ce qui s'est ressenti sur mon rythme de lecture puisqu'il m'arrivait de ne pas toucher au livre pendant plusieurs jours pour finalement le reprendre et ne plus le lâcher (les chapitres/mois sont longs). Mais ça aussi, je considère que cela fait partie de la vie, avec les moments d'euphorie comme les moments les plus calmes, plus introspectifs.
J'admire toujours la gouaille de Camille Leboulanger, qui adapté parfaitement son style selon le contexte de son roman. Ici, c'est un style plus intimiste avec une voix à la première personne, porteuse de réflexion et d'émotions. J'ai trouvé ce choix plus impactant plus qu'il nous plonge au coeur de la vie dans ce nouvel univers.
Je n'ai pris conscience de l'importance de ce roman qu'à la fin de ma lecture, quand les larmes n'ont pas cessé de couler pendant plusieurs minutes, et ce à plusieurs reprises. Camille Leboulanger a frappé fort, a frappé juste, avec des personnages hétéroclites et uen intrigue qui reflète parfaitement les montagnes russes qu'est la vie. Des longueurs, de l'émotion et des réflexions sur ce qui construit notre société, ce fut une lecture riche sur bien des aspects, mais pas des plus simples à aborder. En tout cas, je conseille d'avoir la tête fraîche pour s'y consacrer entièrement. À un cheveu du coup de cœur, mais une lecture extrêmement marquante !
18/20
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