24 mai 2024

Barbares




Un nagevide, une créature titanesque qui parcourt l'espace profond au gré des vents cosmiques. Sauf que celui-ci est mort, réduit à l'état de carcasse en décomposition capturée par la gravité d'une géante gazeuse orange et violette, un chaos instable de chairs boursouflées grouillant de créatures parasites aussi létales que fascinantes.
De quoi éveiller l'intérêt de Yanna et Hilleborg, contrebandiers en mal de fortune embauchés par deux jumeaux aussi fusionnels que richissimes pour explorer la bête. Yan, qui a grandi sur un nagevide et connaît leur écologie par cœur. Hilly, dont ne subsiste que la tête après un séjour forcé dans une prison dérivante...
Un attelage étonnant pour une expédition qui ne l'est pas moins, et qui pourrait rapidement virer au cauchemar. D'autant que le corps du nagevide abrite un secret, et qu'il n'est pas le seul...



Pourquoi ce livre ? J’aime toujours autant cette petite (plus si petite que ça !) collection qui permet de découvrir des auteurs et des textes riches. Au gré des rayons de ma médiathèque, mon intérêt s’est finalement porté sur cette novella.

C’est la première fois que je lis un texte de Rich Larson. J’ai adoré le décor qu'il dépeint ici. Posé sur un nagevide mort, des contrebandiers offrent un voyage mémorable à deux “aristos” pas si innocents que ça. Les dangers sont omniprésents et l’auteur en dresse un tableau peu exhaustif mais convaincant. La tension a grimpé d’un cran alors même que la principale menace n’avait pas pointé le bout de son nez. C'était comme tombé dans le film Avatar, en dix fois plus hostiles.

L’intrigue a su attiser ma curiosité. Outre les quelques péripéties, c’est surtout l’objectif des jumeaux qui m’a questionnée tout du long. De plus, une fois la principale menace en action, je me demandais comment cela pouvait finir, dressant ainsi quelques hypothèses - et aucune ne fut la bonne ! Eh oui, je n’avais rien vu venir…
… Et pourtant la fin me déçoit quelque peu. Après un univers creusé et un décor d'une telle richesse, je voulais une fin en apothéose. Or je me suis retrouvée face à quelque chose d'assez commun, avec la mort d’un personnage en guise de clé pour obtenir l’objet qui a initié le voyage. L'émotion a beau être présente, je ressors mitigée de ces toutes dernières pages.

J'ai beaucoup apprécié les différentes relations entre les personnages. Celle de Yan et Hille est particulière, dans le fait qu’on ne connaît que la pensée de la première. Une tension douce amère s’est installée depuis l’accident qui a causé du tort (bel euphémisme) au corps de Hilleborg. Se sentant coupable, Yanna interprète toutes les réactions de son compère comme des accusations, versant du sel sur une longue amitié à fleur de peau.
Les interactions avec les jumeaux sont pas mal non plus. Avec leur grande sensibilité qui se transmet dans leur manière, ils forment ainsi un duo comique, en décalage total avec le danger qui les guette à chaque pas.

J’ai adoré le style mais je suis contente que ça n’ait été qu'une novella. Très vivant, flirtant parfois avec l’argot, ça se lit tout seul mais faut aimer ne pas chercher à tout comprendre tout de suite.



J’ai beaucoup aimé cette lecture pour son décor, pour l'ambiance pesante et les personnages, plutôt bien construits pour des héros de récits courts. Je suis plus dubitative quant à l’intrigue, plus commune. L’ensemble me laisse tout de même un bon souvenir et je suis curieuse de découvrir l’imaginaire de l’auteur dans un format plus épais.



14/20


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