Poussé par une industrie florissante et une politique expansionniste, l’empire borolien se tourne cette fois vers les Cerracs, un territoire montagneux composé d’une poignée de villes et de villages ; une simple formalité.
Journaliste en disgrâce, Dimos Horacki signe désormais des papiers ronflants dans une gazette de la capitale. Mais voilà que son employeur l’envoie au front écrire un article élogieux sur un général en vue de l’armée impériale.
Sur place, Dimos découvre la réalité de l’expansion coloniale, et surtout, il met un visage sur leurs mystérieux ennemis, les anarchistes de Hron, qui défendent non pas leurs possessions, mais leur mode de vie et leur indépendance. Et tandis que la guerre fait rage autour de lui, que ses pas le portent de ferme en village jusqu’à la cité-refuge de Hronople, le reporteur voit peu à peu ses convictions voler en éclat.
Pourquoi ce livre ? Je ne cesse plus de lire et surtout d’acheter (parce que je ne trouve pas le temps de lire toute ma PAL…) les romans parus aux éditions Argyll. Celui-ci appartient à Mister (encore une lecture qui ne fait pas descendre, par conséquent !). Dans mon ambition de lire moins pour lire mieux, des choses qui me font réellement envie sur le moment, c’est sur ce petit one shot que mon attention s’est portée.
Je connaissais la réputation d’Un pays de fantômes pour un roman de fantasy politique. Etant donné la claque que m’a mis Eutopia de Camille Leboulanger paru chez les mêmes éditeurs, et sachant que le roman critiqué aujourd’hui est traduit par ce même auteur, j’étais excitée à l’idée de me plonger dans cette lecture.
Bref, je papote, je papote, mais je ne dis rien sur le livre. Pourquoi..? Parce que je suis totalement mitigée quant à cette lecture, plus réfléchie que divertissante, et j’ai bien peur de ni trouver les mots ni rassembler les idées correctement pour exposer les bons comme les mauvais points.
J’ai lu un peu partout sur la toile que beaucoup ont aimé tout l’aspect politique de l’oeuvre, quand d’autres reprochent le manque de profondeur des personnages et du décor fantasy. Cette unique phrase résume parfaitement mon ressenti. C’est comme si Margaret Killjoy avait d’abord développé son discours, avant de l’enrober dans un moule romanesque, histoire que cela intéresse le lectorat plus commun - et j’en fais fièrement partie !
Le personnage n’est pourtant pas imbuvable. Il offre une porte vers le discours anarchiste, puisque c’est ce que représente le peuple qu’il rencontre. Comment définissent-ils leurs frontières et la notion même de pays ? Comment se construisent leurs relations, amicales et plus si affinités ? Même la manière dont chacun souhaite défendre son courant de pensée est traitée ici. Via le biais de ces deux cents pages, tout un pan de cette mouvance en marge de la société capitaliste et démocratique est soulevée - et la préface de l’auteur francophone bien connu aujourd’hui contribue également à définir ce qu’est l’anarchisme. Je me rends compte que mon avis était faussé, sans pour autant me sentir étrangère à cette définition, ce roman fut une excellente porte pour comprendre ce que l’anarchisme représente.
Il y a toujours un mais et, malheureusement, cette contradiction va concerner tout le reste de l'œuvre. En dehors de Sorros, je n’ai ressenti ni attachement ni la moindre émotion pour l’ensemble des personnages rencontrés. D’ailleurs, la preuve est évidente dans le décès d’une jeune femme dans la première motiié, jeune femme qui aide Dimos dans un moment psychologique difficile, et qui connaît une fin intense. C’était si soudain, si brutal, mes yeux ont cligné à plusieurs reprises.
Quant aux décors, en dehors du concept de Hron et des autres dénominations de lieu, on n’a aucune description. A l’inverse des personnages, cela ne m’a pas dérangée par Hron est un concept (oui, je me répète), une idée qui peut être copié/collé à tout autre endroit, tout simplement parce que ce n’est pas un endroit mais un peuple uni par les mêmes envies. Que le décor et l’atmosphère soient neutres, c’est une aide pour faire de l’anarchisme une idée à saisir et à répandre.
Je m’aperçois, en rédigeant cette chronique, que je suis incapable de décrire le style de l’autrice. Ce qui me fait dire, un peu gauchement, qu’elle se fond elle aussi dans le décor discret pour mettre au devant de la scène le fond avant la forme.
Petite mention à la traduction de Hron, qui m'a fait sourire et frissonner à la fois, m'émouvant presque malgré moi !
C’est toujours très étrange de passer un bon moment de lecture tout en étant loin d’en être convaincue… C’est le cas avec Un pays de fantômes, qui propose une excellente approche du discours anarchiste pour le comprendre. Dommage que le reste manque de consistance, ce qui tend à rendre le roman trop facilement oubliable. De mon côté, je m’en souviendrai pour tout ce que j’ai appris, peut-être que ça me donnera envie de creuser le sujet. En attendant, je le conseille aux aguerris du genre et aux curieux.
12/20
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