Synopsis :
Lors du tremblement de terre de
1923, qui a dévasté la région du Kanto et entraîné plus de cent quarante mille
morts, la Coréenne Yonhi Kim devient, question de survie, la Japonaise Mariko
Kanazawa. A la fin de sa vie, alors qu'elle est veuve, mère d'un chimiste et
grand-mère de trois petits-enfants, le mystère de sa naissance lui est dévoilé
: le prêtre catholique qui l'avait recueillie dans son église lors du
tremblement de terre, surnommé monsieur Tsubame, était-il l'instrument du
destin qui a permis à cette hirondelle de s'élancer hors du nid ?
Mon
avis :
Après le plaisir éprouvé lors de la
lecture dés deux premiers, je voulais, pour celui-là également, enchaîner
directement afin de poursuivre ma route dans les secrets de cette famille.
La poésie insufflée dans les mots
est toujours un régal à lire, voire à relire. Elle apporte une note douce et
harmonieuse qui contraste avec le contenu de l’intrigue, sombre et mystérieuse.
Ce n’est pas la première fois que je découvre des œuvres sur le Japon d’auteurs
différents avec une telle sensibilité dans la construction des phrases et j’en
viens à me demander si ce n’est pas un trait caractéristique de leur
littérature (et si c’est le cas, je risque de m’attarder plus souvent dans des
livres de cette origine).
Mariko, à l’instar de Yukiko et
Yukio, détient une très grande profondeur dans ses sentiments et ses pensées.
Très vite orpheline, n’ayant jamais connu son père et sa mère l’ayant déposé
dans une église avec l’espoir de revenir la chercher un jour, c’est dans ce
lieu-ci qu’elle grandira jusqu’à ce qu’elle soit en âge de travailler.
Or, tout au long de sa vie, elle
n’aura de cesse l’espoir de revoir sa mère ou son oncle. Mais le cahier que sa
mère aura abandonné près d’elle lui révèlera bien plus que ça…
Il faut l’avouer, j’ai eu un peu
plus de mal à me retrouver dans cette intrigue. Au départ, aucun nom n’est
indiqué, hormis certains qui restaient malheureusement sombres et inconnus,
impossibles donc à nous repérer. Mais ce trouble ne s’étend pas dans l’intrigue
et le lecteur apprendra finalement qu’il est dépeint la vision de Mariko, mère
de Yukio que l’on a retrouvé dans les deux tomes précédents, dans ce tome-ci. Je
fus enchantée de cette découverte car cela apporterait une vision et une
analyse plus matures sur les événements liés à la guerre.
Une fois que l’on connaît l’identité
du personnage, on a la possibilité de se situer selon événements historiques,
et le lecteur se trouve ici bien avant la Seconde Guerre mondiale. Mais les
atrocités n’en sont pas moins absentes du texte, puisque le narrateur nous
livre les affres que subissent les Coréens par les Japonais qui les ont alors
annexés, pour ne pas dire colonisés, et qui les traitent comme des inférieurs,
voire des animaux.
La narration se fait de façon
chronologique, comme dans les précédents volumes, et c’est une excellente
manière d’évoquer l’histoire, celle intime qui ne concernera que les secrets
d’une même famille, mais également l’Histoire, puisqu’en parallèle le narrateur
décrit la société et ses coutumes.
Il est assez drôle de se dire que,
finalement, ce petit livre ressemble beaucoup à la série télévisée Desperate Housewives par ses côtés
« mes voisins cachent des secrets », mais ce serait dans le même
temps inférioriser cette saga littéraire donc je n’en ferai rien (ou presque).
Mais il est vrai que les nombreux secrets dont recèlent cette famille sur
plusieurs générations sont assez impressionnants, d’autant plus qu’ils sont
très réalistes. Je ne me permettrais pas d’en parler davantage, mais l’auteur
nous exprime avec une grande force la lourdeur que l’on doit ressentir à garder
pour soi de tels fardeaux…
Mais, comme évoqué un peu plus haut,
ce livre possède également une grande importance à l’égard de l’Histoire, ce
patrimoine et ce devoir de mémoire qui aujourd’hui sont primordiaux dans notre
société. Les atrocités commis par les Japonais sont dévoilés au grand jour et,
malgré la dureté de ces événements, cela permet aux Occidentaux ignorants (dont
je fais partie) d’en apprendre davantage sur ce passé très peu évoqué, d’autant
plus que cela ouvre les yeux sur le caractère des japonais, qui apparaissent
facilement comme des gens droits et très à cheval sur la morale, mais qui
finalement n’hésitent pas à commettre des atrocités pour le bien de leur pays –
ou le plaisir de leur empereur.
La fin est toute aussi brutale que
les autres tomes, pour mon plus grand plaisir. On cherche à savoir la suite, on
imagine et on se demande quels autres secrets cette famille peut bien cacher.
En
conclusion, une lecture toujours aussi entraînante sur le passé de Mariko,
mère de Yukio. Son fardeau la rend très attachante et sa quête du savoir
amplifie cela. La poésie des mots adoucit les atrocités commises par les
Japonais envers les Coréens, et je suis bien contente d’avoir fait cette
lecture puisqu’elle m’a permise d’en apprendre davantage sur l’Histoire
asiatique.
Les autres titres de la saga :
1. Tsubaki
2. Hamaguri
3. Tsubame
4. Wasurenagusa
5. Hotaru
- saga terminée -
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