Phèdre nô Delaunay a été vendue par sa mère alors qu'elle n'était qu'une enfant.
Habitant désormais la demeure d'un haut personnage de la noblesse, pour le moins énigmatique, elle y apprend l'histoire, la théologie, la politique et les langues étrangères, mais surtout... les arts du plaisir.
Car elle possède un don unique, cruel et magnifique, faisant d'elle une espionne précieuse et la plus convoitée des courtisanes.
Rien ne paraît pourtant lui promettre un destin héroïque.
Or, lorsqu'elle découvre par hasard le complot qui pèse sur sa patrie, Terre d'Ange, elle n'a d'autre choix que de passer à l'action.
Commence alors pour elle une aventure épique et déchirante, semée d'embûches, qu'il lui faudra mener jusqu'au bout pour sauver son peuple.
Ca vous est déjà arrivé de craquer sur un livre à un point où il ne dure pas quelques heures entre vos mains ? C’est ce qui m’est arrivé. Pavé de 1150 pages, eh oui, eh bien il n’aurait pas duré plus de cinq jours entre mes doigts si je n’avais eu à intercaler d’autres lectures entre deux.
Pourquoi ce livre ? J’avais envie de me lâcher après les épreuves du bac (ô combien stressantes de mon côté), ou faire un petit cadeau de moi à moi, si vous préférez, ce qui remonte pour le coup à quatre ans (mmmh, le coup de vieux !). Louée soit l’époque bénie où je n’avais pas une wish-list de 80 livres et une PAL monstrueusement monstrueuse, j’ai pu faire mon choix. J’ai succombé à la couverture tout simplement splendide d’Anne-Claire Payet. Le résumé a terminé de me conquérir. Et une trilogie en plus dans ma petite bibliothèque d’époque !
Pourquoi avoir attendu tant de temps ? Eh bien, ma petite caille, chaque tome se compose respectivement de 1151, 998 et 1129 pages dans mon édition. Y’a de quoi rebuter les plus grands téméraires ! XD
Et finalement, je regrette grandement de ne pas m’être penchée sur cette saga plus avant ! Ce fut excellent du début à la fin, pas une note d’ennui, juste un délice de la première page jusqu’à la dernière lettre.
Le début aurait pourtant pu être compliqué pour accrocher le wagon. L’auteure nous parle avec détails, en long en large et en travers, de toutes les institutions principales façonnant Terre d’Ange, la contrée dans laquelle naîtra et sera éduquée Phèdre, personnage principal. La monarchie, les Treize maisons de la Cour de Nuit, le culte de Naamah, Elua le Béni et ses Compagnons, Phèdre nous dévoile toutes ses connaissances et j’imagine que cela a du noyer plus d’un poisson… Après tout, notre jeune héroïne grandit sur plus de deux cents pages avant de se fixer sous le tutorat d’un homme, il faut vous dire que vous devez « endurer » cette longue présentation avant de savourer le meilleur. Je n’évoquerai rien dans le détail ici, il est inutile de préciser que l’auteure s’y prendrait bien mieux que moi pour en parler, et le livre vaut la peine d’être ouvert, donc je ne parlerai pas dans le détail !
Pour ma part, ce premier point ne m’a en rien gênée. D’abord parce que j’ai l’habitude de lire de la Fantasy et que bon nombre d’auteurs s’y prennent de la même manière pour façonner leur univers ; ensuite parce que les détails sont suffisamment édulcorés avec la jeune vie de Phèdre pour que cela ne lasse en rien. Et puis on reparlera de la plume !
Après cela, Jacqueline Carey n’a plus qu’à mettre ses pions en place pour nous entraîner dans une magnifique épopée. L’action ne manque pas même s’il faut admettre qu’elle n’est pas omniprésente. C’est aussi ce qui permet de classer cette œuvre dans une catégorie plus mature de la Fantasy, où l’intérêt repose avant tout sur les enjeux politiques et non pas héroïques. Des surprises et quelques rebondissements nous sont réservés, de manière à ce que le lecteur reste constamment sur le qui-vive, se doutant que quelque chose se trame sans parvenir à mettre le doigt dessus.
Et, malgré le pavé, je me suis dit que la fin venait presque trop rapidement. C’est fou de dire ça, mais je n’ai pas du tout eu l’impression d’avoir eu assez de temps en compagnie de Phèdre, de Joscelin, de tous ses personnages colorés et attachants. D’autant plus que la fin, sans être un horrible cliffhanger, nous relance sur des interrogations et des surprises, on ne sait ce que notre anguissette nous réserve, on devine simplement que ça sera pimenté.
Je dois dire que le seul détail qui me chiffonne se rapporte aux noms. Que ce soit des contrées voisines ou des nobles de Terre d’Ange (voire même d’ailleurs), j’étais parfois perdue à essayer de me rappeler de qui ou de quoi parlait l’auteure. C’est toujours le risque à courir dans les grandes sagas de Fantasy, où les noms ont les mêmes consonances mais ne veulent absolument pas dire la même chose. Je ne conseillerai jamais assez de lire cette saga à tête reposée, quand on a vraiment toute l’attention nécessaire pour ne pas en perdre une miette – le contraire serait fatidique à la bonne compréhension !
Je fus conquise par les personnages, les bons comme les méchants, parce que chacun d’entre eux se compose d’une part d’ombre et de lumière, un nuancier de réactions permettant de les éloigner du manichéisme dont s’entiche le genre dernièrement.
A elle seule, Phèdre est une figure complexe du roman. Fruit d’une union non-admise, elle sera finalement abandonnée à l’âge de quatre ans dans une maison de la Cour de Nuit par une mère qui venait elle-même de cette institution. Mais l’enfant est loin d’être comme les autres. Un de ses yeux porte en effet une marque sanguine, la marque de la divinité Kushiel. Une bénédiction ou une malédiction, c’est ce qui permettra en tout cas à la petite d’être placée sous le tutorat d’Anafiel Delaunay, un gentilhomme disgracié et pourtant ô combien réputé et respecté par les nobles de la cour. Eprise de son tuteur d’un amour inqualifiable, c’est son amour pour lui qui mettra Phèdre dans les bras d’êtres dangereux dont il faudra dénouer les plans tortueux. Mais se peut-il que la gamine devenue jeune femme soit manipulée à tout bout de champ ?
J’ai également beaucoup aimé les personnages d’Anafiel Delaunay et de son premier pupille, Alcuin No Delaunay. Il dégage de ces deux êtres une assurance tranquille qui les rend supérieurs à tous les autres individus. Dotés d’une connaissance importante, d’une maîtrise de plusieurs langues et d’un grand pouvoir de séduction, ces deux êtres fascinent.
Ce trio monté par Anafiel se composera par la suite du Frère Cassilin Joscelin, un prêtre qui apprend l’art de combattre et protéger dès son plus jeune âge. Comme ce personnage torturé nous l’inculquera à de multiples reprises, la Fraternité cassiline est régie par un code très strict : chasteté et interdiction de tuer entre autre. Ce personnage est probablement mon préféré. Un peu bourru, sûr de lui au premier abord, il va comprendre aux côtés de notre anguissette ce que signifie le verbe douter et surtout ce que signifie l’expression de se remettre en question.
Je n’oublie pas Hyacinthe, le prince des voyageurs, toujours le sourire aux lèvres, avec ce petit mot d’humour qui donne le sourire à Phèdre comme aux lecteurs.
Il serait trop long d’évoquer tous les personnages, y’en a vraiment, vraiment, vraiment beaucoup ! Mais je n’oublie pas Ysandre, Melisande, Gunter, Hedwig, Knurt, Quintilius Rousse, les Jumeaux, Waldemar Selig et j’en passe encore. Ils ont tous su donner de la matière à cette œuvre, même si parfois on les croise bien peu.
J’ai gardé le meilleur pour la fin. Cette intrigue aurait pu être vide de sens, d’intérêt, peu importe. La plume est magnifique. Subtile, onirique, elle nous entraîne sans peine dans un univers riche. Et le petit point positif réside dans le point de vue subjectif. On voit tout par les yeux de Phèdre et c’est elle qui nous relate son récit. Ce n’est plus une plume que l’on découvre au fil des pages, mais la voix d’un personnage, sensuelle et poétique. Un pur régal !
Un coup de cœur. Je ne sais quoi dire de plus. Les personnages sont géniaux, leur relation est subtil et très souvent changeante, l’amour est suffisamment discret pour ne pas qu’on en grimace. L’intrigue évolue lentement, pourtant on ne s’ennuie jamais grâce à la plume entraînante, onirique, grâce à cette voix enjôleuse qu’est celle de Phèdre, l’héroïne malgré elle. J’avais deviné dès la fin du premier chapitre que je serai conquise de A à Z par cette saga. Je ne me jetterai pas sur la suite pour savourer dans le temps mais je suis certaine que mon regard caressera bien souvent dans ma bibliothèque les côtes de cette saga qui se pose comme magistrale !
20/20
Je suis très contente de voir que tu as adoré cette lecture (qui, honnêtement, est mon livre culte). Tu as raison, la plume (et la traduction du coup) est vraiment l'une des plus incroyables que j'ai pu lire. Cette concordance des temps, je crois que j'en suis tombée encore plus amoureuse que des personnages ! =D
RépondreSupprimerJe suis entièrement d'accord avec toi ! Y'a une beauté dans ces tournures de phrases, pfiou ! C'est envoûtant ! Mais l'histoire est très bien également, longue, palpitante, avec quelques surprises dans les choix scénaristiques.
SupprimerCe premier tome est dans ma PALM, et tu me donnes tellement envie de le lire dès à présent ! Ta chronique me rappelle particulièrement la trilogie Prince captif (que je vois que tu lis actuellement) qui a été un coup de coeur pour moi, donc j'ai hâte de pouvoir découvrir cette merveille ! :D
RépondreSupprimerEh bien eh bien, hum, pour ma part j'ai abandonné Le Prince Captif, et je me vois très mal le comparer à kushiel xD Enfin l'intrigue est totalement différente, et y'a plus de mouvement dans Kushiel que dans l'autre, alors que le livre compte au moins trois fois plus de pages... Bref, j'espère que Kushiel te plaira autant qu'à moi ! =)
Supprimer