2 août 2018

Fahrenheit 451




451 degrés Fahrenheit représentent la température à laquelle un livre s'enflamme et se consume.
Dans cette société future où la lecture, source de questionnement et de réflexion, est considérée comme un acte antisocial, un corps spécial de pompiers est chargé de brûler tous les livres dont la détention est interdite pour le bien collectif. Montag, le pompier pyromane, se met pourtant à rêver d'un monde différent, qui ne bannirait pas la littérature et l'imaginaire au profit d'un bonheur immédiatement consommable.
Il devient dès lors un dangereux criminel, impitoyablement pourchassé par une société qui désavoue son passé.



Pourquoi ce livre ? Eh bien mon homme et moi voulions le lire depuis un sacré bout de temps. Fahrenheit 451 fait parti de ces piliers de la littérature SF et il nous fallait absolument le lire si nous voulions un tant soit peu passer pour des connaisseurs du genre. Cela faisait plus d’un an qu’on avait prévu une lecture commune autour de ce titre, nous l’avons finalement faite (et il a encore fini avant moi, c’est dingue comme les miracles existent). Je vous poste sa chronique au passage, deux avis valent mieux qu'un !

Que dire sur cet ouvrage qui ne fut pas déjà examiné, critiqué, encensé ou détruit par les critiques littéraires, les blogs et autres avis disponibles sur la toile ? Je ne sais pas comment débuter cette critique mais je vais essayer d’être la plus claire et la plus concise afin d’éviter tout rabâchage.

Fahrenheit 451 décrit les pans d’une société en déclin, où la civilisation se meurt sous les écrans d’une “famille” mensongère (ou mensongers). Tout nous est révélé par les yeux de Montag, un pompier en charge d’exterminer tout livre qu’il rencontrerait. La cocasserie de la situation où le sapeur-pompier, aujourd’hui employé pour éteindre les feux dans notre quotidien, se retrouve à mettre le feu.
Très vite, on s’aperçoit que Montag éprouve des regrets face à tant de pans culturels détruits. Cela prend forme au contact d’une étrange jeune fille, différente du reste de la populace puisqu’elle exprime ce qu’elle ressent, ce qui lui traverse l’esprit. C’est un comportement qui diffère énormément avec celui des autres. Montag n’en reste pas indifférent et, bien loin de le transcender sur le plan sentimental ou sexuel, cela eut comme effet sur lui de métamorphoser sa pensée, ses idéaux, son comportement lors de ses missions.
Cela ne passe pas inaperçu, et tout va basculer.

J’en ai probablement trop dit, mais Fahrenheit 451 est un roman très court, qui se dévore rapidement. Le début est long, on apprend finalement très peu de choses sur l’univers, la situation du personnage. Aucun background nous est révélé, l’attention reste tournée vers l’étrange jeune fille et les changements qu’elle va opérer sur notre protagoniste. J’ai trouvé que cela manquait de punch, pourtant cela correspond à l’image que j’aie de cette société et de l’univers que souhaite retranscrire Bradbury.
Les changements opèrent rapidement, peut-être même trop. On sent que Montag évolue mais c’est perceptible dans ses seules pensées, pas dans ses actes - du moins pas tout de suite. Du coup, j’ai trouvé que tout basculait trop vite sans réelle valable (même si, ne vous méprenez pas, j’étais soulagée de voir quelqu’un réagir à tant d’horreurs).
La fin m’a en revanche exaspérée - et mon copain également. Ok, nous avons obtenu ce que nous souhaitions. La morale est grandiose, l’homme serait l’unique garant de nos connaissances, et non pas le support livre comme on peut le croire. Creusons nos méninges, faisons marcher notre mémoire, que diable ! Mais bordel, pourquoi avoir rallonger la fin d’une dernière action longue, interminable et inutile ? [spoiler]Oui, une société s’effondre, wouhou c’est super, la ville est bombardée et les vieux scientifiques et autres enseignants chercheurs sont là pour reprendre le flambeau, porter leur aide et établir une nouvelle ère en incorporant le savoir oublié - du moins ils le feront probablement dans l’avenir. Mais Bradbury aurait pu, aurait dû s’arrêter à sa morale pour laisser l’imagination et l’espoir du lecteur faire le reste. Pour moi, le fin mot de l’histoire a gâché mon plaisir.[/spoiler]

Les personnages sont froids et distants. Habituellement, cela m’horripile mais ce fait possède une importance capitale dans un tel récit. Le but n’est pas qu’on s’attache, le but n’est pas qu’on ait peur pour le protagoniste ou qu’on sourit quand il réussit, ou qu’on pleure s’il venait à disparaître. Le but n’est pas de regarder Montag. Le but est de prendre dans la tronche toute l’horreur de la situation. Et créer des caractères antipathiques est primordial pour réussir ce parfait détachement vis-à-vis des personnages. Toute notre attention se focalise sur le contexte, et c’est parfait ainsi.
De plus, j’ai grandement apprécié que les personnages, hormis Montag et quelques rebelles solitaires, se ressemblent. Cela donne une impression que les autres personnages représentent un seul et même corps, une masse conformiste, l’incarnation du système contre lequel Montag et les vieux rebelles luttent. Cette révélation me met tout juste une claque dans la figure, alors que j’en prends conscience en rédigeant les mots que vous lisez(pour le coup, vous lisez vraiment les mot que je pense). Je prends conscience de toute la force d’écriture de l’auteur mais également toute la puissance, toute l’ampleur de ses idées.

La plume est également très chirurgicale. Plus qu’un récit, elle délivre le compte rendu de cette horrible expérience, de cette société en déclin que tout individu se contente de vivre. J’ai franchement beaucoup aimé la symbiose entre les personnages distants et ce style d’écriture totalement froid, neutre, chirurgical comme j’ai pu le dire auparavant. Ray Bradbury décortique les comportements de la société pour en faire un procès. Ca fonctionne.



Un pilier de la littérature SF, une claque indémodable, un procès de notre société, les étiquettes sur cette lecture sont innombrables. Si le moment passé n’est pas excellent, en raison d’une fin franchement détestable, je suis heureuse d’avoir enfin ouvert et digéré ce roman pour le moins unique. Le style est là, parfait pour un tel récit, les personnages s’accordent avec le ton et la forme. Bref… une lecture qu’il faut absolument lire dans sa vie et qui, selon moi, devrait apparaître dans les programmes de collège.



16/20




Chronique partenaire :
Ratkiller


2 commentaires:

  1. Une lecture qui m'intrigue beaucoup, j'ai hâte de la découvrir à mon tour !! Une chronique très intéressante à lire, et malgré les défauts, c'est chouette de voir les messages transmis :)

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    1. Je te le concède, les défauts n'ont gâché en rien les idéaux de l'auteur. Je te le conseille plus que vivement, c'est même une lecture à lire d'urgence ;)

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