10 août 2018

Les Psaumes d'Isaak, tome 1 - Lamentation




La cité de Windwir vient d'être anéantie, et avec elle la Grande Bibliothèque où reposait la mémoire du monde. L'onde de choc de cette catastrophe rompt les équilibres politiques et religieux des Terres Nommées, attise les convoitises, ravive les complots, met à mal les alliances. La guerre est inévitable.
Rudolfo le roi tsigane, seigneur des Neuf Maisons Sylvestres, est le premier sur les lieux et recueille dans les ruines un automate de métal. Agité de sanglots et rongé par la culpabilité, celui-ci s'accuse d être à l'origine du drame. Quel est son terrifiant secret ? A-t-il été manipulé ? Qui voulait la destruction de Windwir et pourquoi ?
Mais voilà que Neb, un jeune moine orphelin qui a assisté à l'horreur, commence à faire des rêves prophétiques...


Pourquoi ce livre ? Je ne sais pas. Honnêtement, ce n’est pas compliqué de remplir le S de l’ ABC Imaginaire 2018 et je vous avoue volontiers que c’est avant tout pour cela que j’ai commencé cette énième saga. Je voulais un S différent de Sanderson ou Simmons (mes chouchous du S par prédilection) et mes yeux ont atterri sur Scholes, auteur trônant dans ma PAL depuis… bientôt deux ans seulement (c’est fou, certains livres sont entrés récemment dans ma PAL et j’ai l’impression qu’ils s’y trouvent depuis dix ans… La perspective du temps me dépasse).

Je m’attendais trop à un coup de cœur avant même de débuter ma lecture, c’est sûrement ce qui a réfréné ma lecture dès les premiers chapitres.
Le livre commence pourtant sur les chapeaux de roues : la cité religieuse de l’univers s’effondre, bombardée par un mystérieux homme mécanique qui ne semble pas avoir totalement conscience de son acte. Folie ? Manipulation ? Très vite nous allons découvrir la réponse et, très vite, nous allons tomber dans les affres de la politique.
A partir de là, tout bascule. Le nouveau pape valide des décrets odieux sans preuve, le Prévôt est pris d’excès de folie qui vont le conduire tout droit à diverses pertes, les hommes qui semblent sain d’esprit se rebiffent et en profitent pour s’emparer de l’objet de leur convoitise. D’autres encore parviennent à rester sain d’esprit, histoire de contrebalancer le tout.
Du début à la fin il nous sera difficile, à nous lecteurs mais aussi aux personnages, de deviner les enjeux et les plans de chacun. Certains veulent simplement préserver tout un pan de civilisation quand d’autres cherchent simplement à gagner du pouvoir. Entre les deux camps, quelques partis s’engouffrent dans une neutralité bien plus louche que ceux qui assument leur comportement.
De là, beaucoup d’hypothèses naissent, les rebondissements pleuvent, les révélations illuminent et assombrissent l’intrigue, apportant leur lot de réponses et de nouvelles interrogations.
La fin survient, dans une tension allant crescendo puis dans une lenteur qui annonce les prémices du second tome. La première partie de cette fin fut excellente quand je me suis ennuyée la seconde moitié.

Ce n’est pas le seul moment où j’ai cru n’en jamais venir à bout. En effet, les chapitres subissent une structure assez semblable à ce qu’on retrouve dans Le Trône de Fer mais en plus complexes encore. Chaque chapitre met en avant le point de vue de plusieurs personnages, c’est-à-dire qu’on va commencer avec le Prévôt, enchaîner avec un pape, découvrir les pensées et actions d’un roi ou d’un seigneur avant d’en finir avec une courtisane ou un robot.La liste est non exhaustive et il ne faut pas tenir compte de l’ordre d’énumération, celui-ci n’étant bien sûr jamais le même. Si cela apporte du rythme une fois parvenue aux cents premières pages, j’ai trouvé que c’était très haché au tout début : nous n’avions pas le temps de nous familiariser avec un personnage que nous abordions directement à un autre. Difficile de s’attacher à l’un ou l’autre dans de telles conditions.

Par ailleurs, il ne faut pas s’attendre à énormément d’actions. Comme j’ai pu le signaler auparavant, l’intrigue se concentre sur les réactions de chacun face à la disparition de la cité religieuse, garante du savoir de tout l’univers puis sur les prises de parti de chacun. Ceux qui s’attendent à des combats épiques peuvent ronger leur frein longtemps, il n’y en aura aucune. Toutefois, une fois que j’ai compris que tout serait lent et minutieux, j’ai repris grand plaisir à me plonger dans cette fresque de Fantasy originale (jusqu’à la toute fin, mais j’en ai déjà parlé !).

A cause de la structuration des chapitres en petites parties, comme évoqué ci-dessus, il fut difficile de s’attacher aux personnages. Oh, bien sûr, la plupart ne m’ont pas laissé indifférente ; je pense notamment à Isaak le méca, Jin Lin Ham la courtisane, son père qui est plongé au milieu de la “toile d’araignée” (à ne pas prendre au sens strict), au roi tsigane pour qui j’ai eu un réel coup de cœur. Cependant je crains ne pas me souvenir d’eux dans les prochains mois ou tout du moins de les confondre entre eux…
De même, je suis heureuse de voir que le manichéisme est quasiment absent de ce premier tome. Certes, on devine aisément que le Prévost est un méchant pas-beau. Je pense surtout que c’est fait exprès, pour détourner l’attention, donc ça ne m’a pas dérangé outre mesure. Les autres personnages, bons ou mauvais, sont dans une neutralité exemplaire, leurs décisions - morales ou immorales - rebondissant au gré des dernières nouvelles.

La plume délivre avec une neutralité exemplaire cette intrigue. On pourrait croire que c’est mauvais, qu’elle ajoute à la langueur du récit. C’est tout à fait ça mais elle le fait de sorte à ce qu'on se sente embarqué malgré nous.


Un premier tome intéressant, que je suis heureuse d’avoir enfin lu. Si l’intrigue manque de punch, l’ensemble ne manque pas d‘harmonie, avec quelques personnages importants et attachants, d’autres plus sombres qu’on ne peut caser dans des étiquettes.Le rythme est lent et haché en raison de la structuration des chapitres et de la neutralité de la plume. Une première expérience réussie mais qui je l’espère sera meilleure encore par la suite.



14/20




Les autres titres de la saga :
1. Lamentation
2. Cantique
3. Antiphon
- saga terminée -


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire