22 août 2018

Chronique du tueur de roi, tome 2 - La Peur du Sage, tome 1




J’ai dormi des milliers de nuits et parcouru des milliers de kilomètres.
Je m’imaginais que tout serait très facile, une fois que je serais à l’Université. J’y apprendrais la magie et trouverais les réponses à toutes les questions que je me posais. Je croyais que tout se passerait aussi simplement que dans les livres de contes.
Et il aurait pu en être ainsi, si je n’avais pas eu le don de me faire des ennemis et de m’attirer les ennuis.
Cette histoire n’a rien d’une romance enlevée. Ce n’est pas une fable, où l’on revient d’entre les morts. Ce n’est pas un récit épique destiné à galvaniser les esprits.
Non. Nous savons tous de quel genre d’histoire il s’agit.
Quand quelqu’un vous raconte une partie de sa vie, c’est un cadeau qu’il vous fait.



Pourquoi ce livre ? Parce que….. ROTHFUSSSSSSSS (mon amour) ! Le premier tome avait été un coup de coeur, LE coup de coeur qui m’avait chaviré, par la force vocale de Kvothe et sa manière poétique de raconter son histoire. J’ai eu du mal à me lancer dans la suite, déjà parce que je ne l’avais pas et le prix du bouquin à de quoi faire pâlir l’étudiante que je suis (rho, quelle excuse…) mais aussi et surtout parce que j’avais peur de m’embarquer dans un énième pavé. Et d’en ressortir déçue.

Eh bien cher ami, je fus encore saisi d’un coup de coeur phénoménal ! Bon, ma chronique risque d’être sensiblement moins longue car je ne veux pas vous spoiler du tout l’intrigue mais, pfiou, qu’est-ce que ça fait du bien d’avoir tenu un monstre de la Fantasy dans sa main pendant tant de temps !

A l’aube du deuxième jour, Kvothe, Bast et Chroniqueur se réveillent paisiblement, les derniers souvenirs de l’attaque de la veille sont relégués loin dans les oubliettes. Une nouvelle journée commence et apporte dans son sillage les nouvelles pérégrinations d’un Kvothe encore jeune.
Dans le passé, notre jeune Edemah Ruh atteint avec peine les dix-sept années. Une nouvelle session à l’Université se pointe et notre cher étudiant doit bosser plus encore pour récolter savoir et fonds. Ce n’est pas sans compter sur l’intervention d’un ennemi toujours plus dangereux, prêt à le ridiculiser puis à le tuer pour parvenir à se débarrasser de lui.

Dans l’ensemble, l’intrigue ne manque pas de rythme, au contraire. Soufflé par cette voix de conteur sans égale, le lecteur se balade dans ce récit avec une douceur de coton, porté sans difficulté sur ce vent poétique. J’ai eu quelques difficultés une fois dépassée la moitié car je trouvais qu’on commençait à tourner en rond. Toutefois, attentif à son auditoire, Kvothe amorce un changement de grande amplitude, un changement de décor qui va totalement nous dépayser. Il doit tuer un roi ? Nous allons rencontrer un illustre personnage, un Maer aussi riche qu’un roi, qui aurait dû être roi. Kvothe devient le funambule sur son fil, en équilibre précaire. Qui semble parfaitement tirer parti du vide et s’amuser avec lui. Souvent prêt à toucher le fond, le destin semble toujours là pour un coup de pouce et l’aider à franchir les obstacles, au fur et à mesure que ces derniers interviennent.

On entrevoit tardivement la signification du titre, la Peur du Sage. Qui est le sage ? Kvothe ? Le Maer ? D’où vient la peur ? Du Maer ou d’une force inconnue ? Tant de questions, si peu de réponse à la fin de l’ouvrage, on sent que le tome a été morcelée en deux parties… et cela donne tellement envie de se jeter sur la suite.
Les personnages sont toujours aussi profonds, mûris, travaillés soigneusement. Kvothe évolue tout en conservant cette droiture que j’apprécie tant chez lui. Fidèle à ses amis, son entourage, prévenant envers tous, il ne se laisse pas marcher sur les pieds pour autant, malgré son jeune âge.
Je fus un peu plus en sympathie avec Denna, personnage à l’origine des pérégrinations de Kvothe dans le vaste monde. La fin du livre la présente sous un autre jour, cela la rafraîchit et lui confère de l’ampleur.
Petite pensée pour Simon, un rigolo malgré lui, qui cache une histoire bien plus triste (sans être tragique) que ce que le laisse penser le personnage.
Les personnages font toujours foule dans cette première partie de second tome (quelle dénomination à rallonge…), cela contribue à renforcer l’univers et sa diversité. S’il fut difficile de les situer en début de lecture, on remet rapidement le pied à l'étrier, preuve s’il en faut que le premier tome était marquant.

J’adore comment Kvothe nous révèle son histoire. Les mots s’écoulent de sa bouche comme s’il ne réfléchissait pas vraiment à ce qu’il disait. Il ouvre les portes de son histoire et, par conséquent, de son âme avec une étonnante facilité, presque d’instinct. Pourtant, il ménage quelques petits effets, insérant quelques temps de pause bien senti pour faire miroiter son auditoire, et puis nous. On en oublie qu’il y a un véritable auteur derrière qui souffle les mots, on ne garde en tête que la force d’âme de Kvothe et son histoire. Je crois que, dans ce livre, c’est cela le plus magique.



Coup de coeur... Coup de coeur. Coup de coeur ! En faut-il vraiment plus pour exprimer tout l’amour que je ressens envers Kvothe, déterminé et émouvant, fidèle et respectueux ? envers cet univers, si vaste et si mystérieux ? envers cette foule de personnages plus attachants les uns que les autres, et ceux qu’on a forcément envie de secouer et baffer ? envers cette intrigue qui amorce une évolution prometteuse ? La peur, ah oui, elle vient, mais on ne sait pas encore de quel côté… Et le sage a hâte de la voir se pointer.



19/20




Les autres titres de la saga :
Hors série - La Musique du Silence
1. Le Nom du Vent
2. La Peur du Sage, partie 1
3. La Peur du Sage, partie 2
- saga en cours -


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