16 août 2018

Gueule de Truie





L'Apocalypse a eu lieu.
Pour les Pères de l’Église, elle a été causée par Dieu lui-même. Comme la Terre est morte, ils n’ont plus qu’un seul but : détruire le peu qui reste, afin de tourner une bonne fois pour toutes la page de l'humanité.
À leur service, Gueule de Truie, inquisiteur. Dès le plus jeune âge, on lui a enseigné toutes les façons de prendre la vie. Caché derrière le masque qui lui vaut son nom, il trouve les poches de résistance et les extermine les unes après les autres.
Un jour, pourtant, il croise la route d'une fille qui porte une boîte étrange, pleine de... pleine de quoi, d'abord ? Et pourquoi parle-t-elle si peu ? Où va-t-elle, et pourquoi prend-elle le risque de parcourir ce monde ravagé ? En lui faisant subir la question, Gueule de Truie finit par se demander si elle n’est pas liée à son propre destin, et si son rôle à lui, sa véritable mission, n'est pas de l'aider à atteindre l’objectif qu'elle s'est fixé, et peut-être même d’apprendre à vivre.



Pourquoi ce livre ? Découvert dans le cadre d’une lecture commune, je dois dire que je regrette légèrement l’enchaînement de mes lectures : je suis restée dans du post-apocalyptique dur sur deux lectures et je pense qu’il aurait fallu une lecture différente auparavant pour apprécier celle-ci à sa juste valeur.

Gueule de Truie est une histoire difficile. La Terre telle que nous la connaissons n’existe plus, éteinte par une grande lumière ravageuse. Intervention divine ? Catastrophe climatique ? Difficile de lever le voile sur la cause de ce phénomène, chacun allant de sa version.
L’auteure s’attarde peu sur les origines de l’événement, de toute façon. Son principal intérêt porte sur le comportement de chacun face à l’adaptation. Comment la ferveur religieuse persiste, comment les gens parviennent à survivre, à quoi ils se raccrochent.
Je dois dire que j’ai difficilement adhéré à ce pan de ténèbres de notre civilisation. Je me doute qu’il y a un but concret derrière ce roman, c’est évident. Cependant même une semaine après avoir terminé ma lecture je suis incapable de mettre des mots sur cet objectif… Ceci me laisse sur le sentiment désagréable d’être passée à côté de ma lecture.

Les personnages sont aussi ténébreux que l’univers, raison pour laquelle j’ai eu du mal à adhérer également. Après, on assiste à une réelle ouverture de ces derniers, quand Gueule de Truie comprend que tuer n’est pas forcément la solution ou quand la jeune fille balaie d’une claque son mutisme pour s’ouvrir progressivement, jusqu’à la chute.
Ce ne sont pas du tout des personnages créés pour que le lecteur s’attache à eux. Ne partez pas dans l’idée que vous allez avoir peur pour eux, que vous aurez envie de les câliner ou de leur mettre un bon coup de pied aux fesses. C’est rude, ils sont antipathiques à souhait ou plongés dans un mutisme frustrant, comme j’ai pu le dire implicitement dans le paragraphe précédent. Dans un tel univers, ce choix ressort très bien, cela amplifie le côté apocalyptique du scénario. Partez cependant dans l’idée que c’est lourd à lire.

Lourd à lire et pourtant cela se lit “bien”. L’intrigue, assez creuse finalement puisque le lecteur assiste au simple cheminement de Gueule de Truie et sa compagne d'infortune vers le cratère, est portée par un style âpre, un dégueulis de mots comme rarement j’ai pu voir auparavant. C’est pesant, complexe, et pourtant je me suis régalée de cette verve déprimante parce qu’elle détonne totalement de précédentes lectures au pitch similaire. Je pense que c’est cette plume qui m’a permis d’aller au bout, étonnamment.



L’intrigue manque peut-être de consistance ou alors j’ai mal compris, une semaine après ma lecture je ne sais toujours pas… Pourtant je sens que le propos était porteur de sens, il faut juste comprendre lequel. Les personnage sont en osmose avec l’univers, c’est-à-dire sombres, déprimés, muets ou gueulards. La plume lie l’ensemble dans un dégueulis détestable et grandiose, c’est la force du récit, c’est grâce à elle qu’on voit la lumière au bout de ce tunnel de ténèbres. Une lecture qui aurait pu être meilleure mais qui a su me marquer.



12/20







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